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« Celui à qui on remet peu montre peu d’amour » (Lc 7,47), mais celui à qui on remet beaucoup montre beaucoup d’amour… Marie Madeleine, dont Jésus « avait chassé sept démons » manifeste ici l’intensité du lien qui l’unit à son Seigneur : elle arrive à son tombeau « de grand matin », la première, « alors qu’il faisait encore sombre »… Mais surprise… « La pierre a été déplacée »… Elle n’entre pas et court aussitôt prévenir Pierre et Jean : « On a enlevé le Seigneur », leur dit-elle. Tous les deux partent en courant vers le tombeau… Arrivé le premier, Jean s’arrêtera à l’entrée pour laisser Pierre passer devant lui. Il est ainsi déjà celui que les disciples ont reconnu comme étant « la Pierre » sur laquelle le Christ « bâtira son Eglise » (Mt 16,18)…

            Mais le plus grand a besoin du plus jeune… Le regard de foi de Pierre n’est pas celui de Jean. Tous les deux, en effet, voient « le linge qui avait recouvert la tête ». Mais il n’est pas « posé avec le linceul » comme il l’aurait été si quelqu’un l’avait dénoué pour s’emparer ensuite du corps de Jésus. Il est toujours « roulé à part, à sa place », celle qu’il avait sur le corps de Jésus… Personne en fait ne l’a touché… Le corps a subitement disparu, et tous les linges qui l’enveloppaient se sont affaissés, chacun « à sa place »… Seul Jean comprend… « Il vit et il crut »… « On a vraiment enlevé le Seigneur », mais c’est le Père, par la Puissance de l’Esprit Saint, qui a ressuscité son Fils d’entre les morts, et qui lui donnera peu après de se manifester à Pierre, à Jean et à tous les disciples…

En effet, ce jour-là, ils partiront pêcher, à une centaine de mètres du rivage, mais les poissons n’étaient pas au rendez-vous. Soudain, Jésus leur apparaît, mais ils ne le reconnaissent pas tout de suite… « Jetez le filet à droite du bateau et vous trouverez », leur dit-il. Ils le firent et de fait, le filet se remplit à craquer, une situation qu’ils avaient déjà vécue autrefois avec Jésus lors de la pêche miraculeuse (Lc 5). Jean le comprend aussitôt grâce à ce regard du cœur qui sait percevoir, au cœur des réalités les plus simples de la vie, la Présence et l’Action du Dieu Invisible. « C’est le Seigneur », dit-il à Pierre… Et ce dernier, le premier encore une fois, plongera à l’eau pour aller le rejoindre (Jn 21,1-14)…

            « Les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts », manifestant ainsi la victoire de l’Amour sur la haine, de la Douceur sur la violence, de la Vie sur la mort… « Son Amour envers nous s’est montré le plus fort » (Ps 116)… Ils l’ont vécu, ils l’ont vu…

 

Prions

Seigneur Jésus, Ressuscité, tu échappes désormais à toutes les emprises de notre monde de chair et de sang. Avec nos seuls yeux de chair, nous ne voyons rien… Avec nos seules oreilles de chair, nous n’entendons rien… Et pourtant, tu es présent à la vie de chacun d’entre nous, et tu te donnes à voir et à entendre, à ta façon à toi, et cela, avec une incroyable Bienveillance et une inlassable Patience… Aide-nous à t’accueillir tel que tu es, aide-nous à recevoir en nos cœurs ce cadeau invisible que tu veux nous offrir… Nous reconnaîtrons alors, en la vivant, cette Plénitude de Paix, de Lumière et de Vie que tu es venu proposer à tous les hommes, et cela gratuitement, par Amour, pour leur seul Bien…

Jacques Fournier, Diacre – Temps de Carême – Dimanche de Pâque 1er Avril 2018