Prédication disponible en format audio.
« Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16), tel est le cœur de notre foi, un cœur que nous sommes invités à redécouvrir avec encore plus de force à l’occasion de ce Carême en laissant l’Amour accomplir son œuvre en nous… « Que ta volonté soit faite »…
Or l’acte éternel de l’Amour est de « se donner »… Et que donne-t-il ? Ce qu’il est lui-même… « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même » disait Ste Thérèse de Lisieux. C’est ce qui se vit de toute éternité entre le Père et le Fils. Le Père aime le Fils, « tu es mon Fils bien-aimé », et il ne cesse de lui donner tout ce qu’il Est : « Le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35). « Tout ce qu’a le Père est à moi », nous dit Jésus (Jn 17,15). Or « Dieu est Esprit » dit Jésus à la Samaritaine (Jn 4,24). Le Père est donc Esprit, et il ne cesse de combler son Fils de la Plénitude de son Esprit, et donc de sa vie car « c’est l’Esprit qui vivifie », c’est l’Esprit « qui donne la vie » (Jn 4,24 ; 6,63 ; 2Co 3,6 ; Rm 8,2 ; Ga 5,25). « Né du Père avant tous les siècles », le Fils est « engendré » à la Vie par ce Don que le Père ne cesse de faire de Lui-même, le Don de l’Esprit qui vivifie… « Tourné vers le sein du Père » (Jn 1,18), il est de toute éternité « rempli d’Esprit Saint » (Lc 4,1) par le Père, un Esprit qui « l’engendre » en Fils et le fait vivre… « Comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même… Je vis par le Père » (Jn 5,26 ; 6,57). Et cette Vie, la Vie de Dieu, est Plénitude, surabondance (Jn 10,10 ; 7,37-39)…
Après avoir jeûné quarante jours, Jésus a faim… « Le diable lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, dis à cette pierre qu’elle devienne du pain. » Nous l’avons vu, être Fils du Père, c’est tout recevoir du Père. Le diable veut casser cette dynamique en invitant Jésus en son humanité à vivre différemment de ce qu’il fait de toute éternité. Mais devenu vrai homme, Jésus va continuer à vivre ce principe à l’extrême, en témoin unique de l’Amour du Père. « Le Fils de l’homme n’a pas où reposer la tête » (Lc 9,58). Et lorsqu’il invitera ses disciples à faire confiance à la Providence du Père, il le fera en témoin, car il ne dira que ce qu’il vit lui-même : « Ne cherchez pas ce que vous mangerez, ne vous tourmentez pas. Votre Père sait que vous en avez besoin. Cherchez son Royaume, et cela vous sera donné par surcroît » (Lc 12,22-32).
Telle est donc la dynamique que le diable cherche à détruire : non pas celle de l’amour qui attend tout d’un autre, mais celle de l’orgueil qui n’a besoin de personne et fait tout par lui-même et pour lui‑même. La réponse de Jésus à cette tentation sera immédiate : « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre ». Il le sait, lui qui vit du Père avant tous les siècles, et il est hors de question que cette relation qui l’unit à son Père ne soit pas à la première place dans sa vie. Car c’est grâce à elle et par elle que Lui le Fils est tout ce qu’il est : Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu… Sans cette relation au Père, il n’est rien, car c’est de Lui qu’il reçoit de toute éternité l’être et la vie. Et c’est justement cette relation que le Christ est venu reconstruire pour chacun d’entre nous. Car nous sommes tous des enfants de Dieu, créés à son image et ressemblance, et appelés à recevoir, comme le fait le Fils de toute éternité, le Don de son Esprit et de sa vie… Et c’est cela que diable veut casser, pour lui comme pour nous…
Prions. Seigneur, en ce temps de Carême, c’est notre relation en cœur à cœur que tu désires, car le seul but que tu poursuis dans ton Amour est de nous combler de tout ce que tu es. C’est ce que tu fais pour ton Fils unique de toute éternité ; c’est ce que tu veux faire pour chacun d’entre nous, dès maintenant et pour toujours. Nous t’en supplions : viens ouvrir nos cœurs fermés, viens élargir nos cœurs étroits, viens nous aider à accueillir cette Plénitude d’Amour et de Vie que tu veux voir régner en nous. Alors ta volonté s’accomplira : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 15,11)…
Jacques Fournier, Diacre
Chemin de Carème, lundi 23 Février 2015
