Prédication disponible en format audio.

Chaque année le Temps du Carême nous propose à nouveau, et à juste titre, telle ou telle pratique pour nous aider à grandir dans notre relation de cœur avec Dieu. Et c’est aussi le moment pour repartir et repartir encore dans ce cœur à cœur avec Lui, car c’est avant tout cela qu’il attend, qu’il désire, qu’il espère de tout son être et de tout son cœur !

Certes, nous sommes tous des pécheurs, au cœur blessé et malade… « Le cœur de l’homme est plus rusé que tout, et pervers, qui peut le pénétrer ? Moi, dit le Seigneur, je scrute les cœurs et les reins pour rendre à chacun d’après sa conduite, selon le fruit de ses œuvres » (Jr 17,9-10). En lisant un tel verset, interprété spontanément selon les principes habituellement mis en œuvres dans nos relations, nos sociétés, notre justice humaine, nous ne pouvons que trembler, et à juste raison !!!

Mais premier motif de joie : notre cœur est « rusé », « pervers », dur, froid comme la pierre, entouré de murailles élevées qui nous semblent impénétrables et indestructibles, même à nos propres yeux ? Dieu « peut le pénétrer » ! Rien ne lui est impossible… dès lors que nous acceptons de tout lui offrir… Son bulldozer est surpuissant, son chalumeau irrésistible… Ouf ! Ce qui, d’évidence était impossible pour nous, est un détail pour lui, dès lors que nous lui offrons tout… Que Dieu nous donne donc de pouvoir reconnaître ce qui, dans nos cœurs et dans nos vies, ne va pas, et qu’il nous aide au même moment à tout lui offrir, tout…

Deuxième motif de joie : Dieu veut « rendre à chacun d’après sa conduite, selon le fruit de ses œuvres »… D’un point de vue humain, les conséquences du péché, nous dit St Paul, ne peuvent qu’être « privation » (Rm 3,23), « souffrance », « angoisse » (Rm 2,9), état intérieur de « mort » (Rm 6,23) par rapport à une Plénitude de Vie que Dieu veut voir régner dans le cœur de tous les hommes… Le pécheur est donc un souffrant, un « malheureux » (Ap 3,17), plongé dans la « tristesse » (Lc 18,23). En le regardant, Jésus « pleure » (Lc 19,41-44) sur tous ces malheurs qui l’affligent, et dont il peut être directement responsable…

Sacre-Coeur

Non, ce n’est pas ce que Dieu veut pour ses enfants ! C’est pourquoi, il a voulu se faire proche de tout homme en assumant en Jésus Christ notre condition humaine. Et le Fils, vrai Dieu et vrai homme, va faire ce que Dieu seul pouvait faire : prendre sur lui toutes nos souffrances, dès lors que nous acceptons de les lui offrir : « Il a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies » (Mt 8,17). « C’étaient nos péchés, qu’en son propre corps, il portait sur le bois, afin que mort à nos péchés, nous vivions pour la justice » (1P 2,21-25). Christ a souffert de nos souffrances et il est mort de notre mort pour que nous puissions trouver en sa Présence la Consolation, le Réconfort et la Plénitude de la Vie (2Co 1,3-11).  « Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance, il n’est même pas venu pour l’expliquer. Il est venu pour la remplir de sa présence » (Paul Claudel ; Le Heurtoir, p. 33).

Voilà comment sa Miséricorde rend à chacun d’après sa conduite, selon le fruit de ses œuvres : « Là où le péché a abondé », avec son cortège de souffrance, de tristesse et de peine pour le pécheur, « la grâce a surabondé » : cadeau d’Amour de Celui qui ne supporte pas de voir l’homme, son enfant, malheureux, triste, découragé… Alors, la Consolation de l’Esprit abonde, et la joie et la vie surabondent (Jn 10,10)…

Et c’est ce même Esprit qui aide à se tourner de tout cœur vers Dieu, pour que Dieu, de son côté, puisse bien le remplir du Trésor de toutes ses grâces… Oui, « Dieu donne la repentance qui conduit à la vie » (Ac 11,18). Oui, nos cœurs blessés sont comme des « vases » de « perdition », « privés de la gloire de Dieu ». Mais Dieu, dans son Amour et sa Tendresse infinie, veut « manifester » à travers eux « la richesse de sa gloire », et cela envers « ces vases de miséricorde » qu’il sont bien aujourd’hui, mais des vases qu’il avait bien créé, « préparé d’avance, pour la gloire » (Rm 9,22-23)… Heureusement pour nous, Dieu notre Père, dans son Amour est têtu : il poursuit inlassablement notre bien, pour notre seul bonheur… Notre Ciel sera sa victoire…

Prions : Dieu notre Père, donne-nous la grâce de découvrir à quel point nous sommes tes enfants, certes blessés et si souvent désobéissants, mais incroyablement, infiniment aimés… Aide-nous, à la Lumière de ton Amour, à oser aller à toi tels que nous sommes, et à tout t’offrir… Tout, absolument tout… Et nous ne pourrons que constater à quel point tu nous as « revêtus de ta bonté et de ta miséricorde » (Pape François), recouvrant ainsi nos habits de misère de toute la Splendeur de ta Gloire…

Jacques Fournier, Diacre

Chemin de Carème, Mardi 24 Février 2015