Prédication disponible en format audio.
« Jésus-Christ, visage humain de Dieu, visage divin de l’homme »
« Marie était celle qui oignit le Seigneur de parfum et lui essuya les pieds avec ses cheveux » (Jn 11,2).
Saint Jean l’évangéliste raconte un chapitre plus loin cette onction de Béthanie six jours avant la Pâque : « Marie prenant une livre d’un parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux ; et la maison s’emplit de la senteur du parfum » (Jn 12, 3).
Pour le père Lacordaire (1802-1861), à la suite de nombreux exégètes, la femme au vase de parfum est la même que Marie de Béthanie, disciple silencieuse et contemplative, et que celle qui le vit ressuscité au matin de Pâques. Si certains bibliste penchent pour l’existence de trois femmes différentes avec des arguments respectables; d’autres s’appuient aussi sur des critères rationnels à partir des textes pour défendre la thèse de l’unicité de la figure de Marie Madeleine.
Marie, la sœur de Lazare, aime le silence. Tournée vers Jésus, buvant sa Parole, elle se trouve en réalité tournée vers le Père, le Père de Jésus, manifesté dans la prédication de son ami. En écoutant Jésus, elle écoute le Père. Son cœur est rempli de grâce. Plénitude de vie divine dans la lumière et l’amour de Jésus.
Dans son Prologue, saint Jean enseigne que « personne n’a vu Dieu ; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui l’a fait connaître » (Jn 1, 18). Jésus n’est pas replié sur lui-même ; il ne parle pas en son nom. Il accomplit la volonté de son Père. Fils de Dieu fait homme, Jésus vit tourné vers le Père. Sa prédication tourne le cœur de l’homme vers son Père pour que les chrétiens partagent son esprit filial. Ceux qui accueillent avec confiance la Parole de Jésus « reçoivent le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12).
Marie, sœur de Marthe et de Lazare, est tournée vers Jésus comme les plantes le sont vers le soleil pour recevoir vie et chaleur. Habitée par la grâce de la Parole de Jésus, elle ne ressent pas le besoin de parler beaucoup. Les âmes de Jésus et de Marie communiquent et communient. Le père Lacordaire disait en évoquant le dialogue entre le Maître et Marie Madeleine : « Plus les âmes s’aiment, plus leur langage est court ».
Jésus aimait ses amis de Béthanie : Marthe, Marie et Lazare. Le père Lacordaire nous conduit à la source de cette amitié qui contre toute apparence ne dépend pas de la jeunesse, souvent fragile et légère, mais qui éclot dans la maturité intégrale, psychologique et spirituelle de la personne humaine: « Fondée sur la beauté de l’âme, l’amitié naît dans des régions plus libres, plus pures et plus profondes que toute autre affection. Ce n’est pas le sein d’une femme penchée sur un berceau qui lui donne le jour ; elle n’a pas pour portique un contrat qui lie des intérêts, et que sanctionne un autel dont le feu contient des cendres ; elle sort de l’homme par un acte de suprême liberté », au point que « l’amitié devienne la possession réciproque de deux pensées, de deux vouloirs, de deux vertus, de deux existences libres de se séparer et ne se séparant jamais ».
Judas l’Iscariote n’a pas saisi la beauté et la grandeur de l’amitié donnée par Jésus. Attaché à l’argent, voleur des pauvres, Judas a critiqué la grandeur d’âme de Marie : « Pourquoi ce parfum n’a-t-il pas été vendu trois cents deniers qu’aurait donné aux pauvres ? » (Jn 12, 5). Déclaration gangrenée de fausseté et de tromperie car loin d’aider les nécessiteux Judas volait dans la caisse.
L’Évangile avec sa vérité crue manifeste les ombres et les lumières du cœur humain.
Merci, Seigneur, pour ton amitié qui embellit nos journée. Pitié, Seigneur, pour notre péché qui les enlaidit.
Fr. Manuel Rivero O.P.