Tous ont besoin d’être aimés. Il paraît que même les plantes se développent mieux quand on leur parle. Dans le monde animal, les chiens attendent la nourriture de la main de leur maître mais aussi leur affection. Les maîtres-chiens jouent avec les animaux à dresser et les caressent. Nous savons que les chiens fuient la maison des maîtres qui ne leur montrent pas d’attachement.
Il arrive que les personnes âgées, fatiguées et malades, disent à leurs enfants : « aime-moi ». Les fils et les filles qui ont grandi guidés par l’éducation et les exigences des parents reçoivent alors une sorte de choc. Comment peuvent-ils demander l’amour alors qu’ils ont longtemps fait appel à l’obéissance et à la sagesse ? Les adultes travaillent aussi pour assurer le bien-être de la famille mais ces efforts professionnels visent surtout l’amour. Le bébé lui-même désire l’amour de sa mère. De la naissance à la mort, les hommes cherchent à être aimés.
D’où vient cette soif d’amour ? La parole de Dieu nous révèle que Dieu est amour (Cf. 1 Jn 4,16) et qu’Il veut être aimé : « Écoute, Israël. Le Seigneur notre Dieu est le seul. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur » (Dt 6,4). À la résurrection, Jésus demande à Pierre : « Pierre, m’aimes-tu ? » (Jn 21,17).
Dans son amour pour les hommes, le Fils de Dieu choisit d’épouser l’humanité en devenant l’un de nous. C’est le mystère de l’Incarnation que les chrétiens célèbrent pendant l’Avent et à Noël. Une jeune fille, Marie de Nazareth, accueille le Fils de Dieu au nom de l’humanité. Fille de Dieu le Père, Épouse du Saint-Esprit, elle devient la Mère du Fils de Dieu fait homme en son sein.
Les Pères de l’Église se plaisent à voir en Marie le lit où Dieu s’unit à l’humanité.
Le mystère de l’Annonciation manifeste l’amour de Dieu pour l’humanité et la réponse d’amour de l’humanité à l’égard de Dieu grâce à la foi d’une femme, Marie. Dans le sein immaculé de Marie, Dieu célèbre des noces avec l’humanité. Le Fils de Dieu prend chair en Marie par l’action de l’Esprit-Saint. En Jésus, la divinité et l’humanité ne font qu’un : deux natures dans l’unité de la personne.
C’est pourquoi l’Annonciation et Noël apportent une grande joie à l’humanité représentée par Marie, notre ambassadrice et notre avocate auprès de Dieu : « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. (…) Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. » (Lc 1,31).
Plus tard, l’apôtre Paul conduira les chrétiens de Colosses à la contemplation de Jésus le Christ, en qui se trouvent toutes les richesses de la connaissance de Dieu : « Car en lui habite corporellement la Plénitude de la Divinité. » (Col 2,9).
Le saint pape Jean-Paul II nous a transmis une belle et concise expression du mystère de notre foi et de notre salut : « Jésus-Christ est le visage humain de Dieu et le visage divin de l’homme » (Eccesia in America, n°67).
Sommes-nous disponibles pour aller célébrer la messe de Noël ? Quelles sont nos dispositions intérieures ? Alors que partout il est question de « Joyeuses fêtes », formule vague et passe-partout, appel à la consommation, nous sommes interpelés par Dieu : « M’aimes-tu ? » ; « aimes-tu mon Fils Jésus ? » ; « aimes-tu cette humanité qu’il a épousée ? »
Au fond, que célèbres-tu à Noël ?
Seigneur Jésus, sans toi nous ne pouvons rien faire ; mets en nos cœurs ton Esprit d’amour et nous pourrons nous exclamer avec saint Augustin : « Donne, Seigneur, ce que tu demandes et demande ce que tu veux ! », c’est-à-dire l’amour et l’esprit d’adoration.
Fr. Manuel Rivero O.P.
Dominicains. Cathédrale de Saint-Denis (La Réunion).
Photo : Annonciation. Chasuble du père Lacordaire. Sorèze (France).