Comment se fait-il que Jésus ait choisi des apôtres qui l’ont trahi ou renié ? Était-il un mauvais psychologue, inapte à discerner les capacités de ses collaborateurs, mauvais responsable de ressources humaines ?

En réalité, le choix des apôtres fait partie de la révélation du dessein de Dieu. Dieu le Père n’a pas envoyé son Fils bien-aimé sur la terre pour créer un club de gens purs et fidèles, mais bien plutôt pour accorder à l’humanité le salut et la grâce de sa miséricorde.

Si Simon Pierre avait été parfait, les hommes pécheurs auraient pu dire : « La foi en Jésus n’est pas faite pour moi ! » Mais, non ! Jésus a choisi des hommes faibles et pécheurs pour manifester sa force et sa sainteté. La puissance de Dieu se déploie dans la fragilité humaine (Cf. 2 Cor 12,9).

Les dons de Dieu sont sans repentance. Jésus appelle tous et chacun à la sainteté. Il ne s’est pas trompé en choisissant Pierre, Judas ou Marie-Madeleine : « En ceci consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nos a aimés et qui a envoyé son Fils en victime d’expiation pour nos péchés. » (I Jn 4, 10) ; « Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile; peut-être donnerait-on sa vie pour un homme de bien. Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs. » (Rm 5, 6-7).

Pierre a renié trois fois son Maître devant des servantes du grand-prêtre. Lors de sa résurrection, Jésus va à la rencontre de Pierre sur les bords du lac de Tibériade pour renverser le triple reniement par une triple confession de foi et d’amour : ʺ « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? Pierre fut peiné de ce qu’il lui eût dit pour la troisième fois : « M’aimes-tu ? », et il lui dit : « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Pais mes brebis. »ʺ (Jn 21, 17).

Loin de rejeter Pierre dans sa chute, Jésus transfiguré dans sa résurrection l’affermit dans sa foi et il l’envoie diriger l’Église. Le péché de Pierre n’a pas détruit son amour pour Jésus. Et l’amour est précisément la condition sine qua non pour assumer une responsabilité de direction dans l’Église.

Giorgio La Pira, ancien maire de Florence, laïc dominicain, politique engagé et rayonnant, aimait à dire : « Après l’union intime à Dieu dans la prière, il y a la grande mission de diriger les hommes. »

Le disciple de Jésus conduit les autres au bien, au bien commun et à la foi en Dieu.

Pierre, témoin de la miséricorde de Jésus, encourage tous ceux qui tombent à ne pas désepérer de l’amour de Dieu.

 

Seigneur Jésus, nous te prions pour ceux qui ont renié la foi chrétienne et abandonné l’Église.

Seigneur Jésus, nous te confions les responsables de l’Église et des États.

 

Fr. Manuel Rivero O.P. – Temps de Carême – Mercredi 28 mars 2018

Aumônier du centre pénitentiaire de Domenjod (Saint-Denis. La Réunion).