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Aimons-nous prier ? C’est bien. Mais mettons-nous vraiment la Parole de Dieu en pratique ?
Le risque existe de réciter des prières qui ne conduisent pas à la foi évangélique, ni à la charité fraternelle. Ce sont alors des formules d’apaisement de la divinité, dans l’espoir de recevoir son soutien et sa protection dans les épreuves, et face à nos adversaires. Parfois, nos prières reposent sur des superstitions et non sur l’enseignement de Jésus dans l’Évangile. Nous avons à évangéliser notre manière de prier. Dans l’Évangile, Jésus ne nous interdit pas d’entrer le soir dans une église. Il ne nous demande pas non plus de nous abstenir de viande, pendant quarante jours, après le décès d’un proche. Il nous demande de croire en Lui comme l’Envoyé du Père et de nous aimer les uns les autres. Autrement, nous construisons non pas sur le roc mais sur le sable.
Croire en Jésus et aimer comme lui, c’est difficile. Jésus, le Messie souffrant, annoncé par le prophète Isaïe, nous a aimés jusqu’à la croix et la mort.
L’originalité de la foi chrétienne se trouve précisément dans la présence de Jésus au cœur des épreuves et de la mort. « Folie et scandale de la croix », s’exclamait saint Paul devant des auditoires sceptiques, voire révoltés, à l’idée d’un Dieu qui souffrirait. Quand Jésus parle du besoin de la croix, il s’agit de la logique de l’amour. Saint Augustin prêchait : « Donnez-moi quelqu’un qui aime et il comprendra ce que je dis ». L’amour rend humble et petit. Ceux qui aiment sont prêts à souffrir et même à donner leur vie pour la personne aimée : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis[1] », enseigne Jésus. Par amour, le Très-Haut est devenu le très-bas ; le tout-puissant s’est abaissé jusqu’à la faiblesse et la fragilité ; Dieu grand s’est présenté comme un petit bébé à Bethléem. C’est dans l’abaissement et l’humilité que Dieu se révèle amour, et qu’il nous apprend à aimer. Les grands saints ont aimé prier au pied de la croix, pour y découvrir l’art d’aimer de Dieu.
Des sages humanistes proposent parfois aux chercheurs de Dieu de choisir la religion qui les rend meilleurs. À la lumière de l’Évangile de Jésus, non-violent qui aime jusqu’à la mort, le chrétien pourrait affirmer : « Choisis la religion où Dieu soit Amour et qu’Il te donne la grâce d’aimer sans domination. » Quel homme a osé dire « venez à moi, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes[2] » ? Dieu ne se trouve pas dans la recherche du sentiment de puissance. Dieu est Amour tel que le décrit saint Paul : « L’amour ne cherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne tient pas compte du mal (…), il excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout. L’amour ne passe jamais[3] ».
Il arrive que des croyants, d’autres religions que le christianisme, disent aux chrétiens : « Votre religion et la mienne, c’est la même chose. Il n’y a qu’un seul Dieu ». C’est vrai qu’il n’y a qu’un seul Dieu, mais la manière d’aimer de Dieu n’est pas la même selon les religions. Aux antipodes de toute domination, Jésus révèle l’amour de son Père. Selon les différentes visions de Dieu, il y aura diverses manières d’aimer.
La souffrance, la peur de souffrir et la mort font peur. Tout homme essaie d’y échapper. Combat naturel qui correspond à la volonté de Dieu. Dieu, qui ne veut pas la mort des hommes, n’a pas créé la mort. Celle-ci est entrée dans le monde par la jalousie du diable[4].
Paul Claudel (†1955), poète catholique, réagissait aux questions sur le mal en disant : « Jésus n’est pas venu expliquer le mal, mais l’habiter et le vaincre ». Jésus est mort pour vaincre la mort. Son sacrifice a agi comme une arme fatale contre les pouvoirs de la mort. La puissance de l’Amour de Jésus s’est manifestée dans sa résurrection.
Prière : Seigneur Jésus, sans Toi nous ne pouvons rien faire. Viens vivre en nous, aimer en nous, pardonner en nous, prier en nous. Alors l’impossible à nos yeux deviendra possible, par Toi.
Mercredi de la première semaine de l’avent – 04 décembre 2019 – Frère Manuel Rivero, Op.
[1] Évangile selon saint Jean 15,13.
[2] Évangile selon saint Matthieu 11,28-30.
[3] Épître de saint Paul aux Corinthiens, 13, 5-8.
[4] Cf. Sagesse 2, 24.
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