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L’Eglise nous invite à faire mémoire en ce jour des « Saints Innocents, martyrs ». Le Roi Hérode le Grand, apprenant des mages venus d’Orient qu’un nouveau « roi » était né, leur avait demandé de bien lui indiquer l’endroit où ils le trouveraient. Mais une fois arrivés jusqu’à lui, ils offrirent à l’enfant Jésus les cadeaux qu’ils lui avaient préparés, et avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils rentrèrent chez eux par un autre chemin (Mt 2,1-12).

            Pris de rage, Hérode décida de tuer tous les enfants de moins de deux ans à Bethléem et dans tous ses alentours (Mt 2,13-18)… L’Amour se fait chair et s’offre paisiblement dans une mangeoire ? La haine se déchaine aussitôt… La Lumière éternelle vient resplendir en un nourrisson ? Les ténèbres sont prêtes à s’acharner sur une multitude d’innocents pour être sûres de l’éliminer elle aussi…

            Deux mondes se font face… L’un ne recherche que le bien de l’autre… L’autre, aussi incompréhensible et inexplicable que cela puisse paraître, ne pense qu’à le détruire… D’un côté, amour pur, bienveillance, joie simple, paix, tendresse… De l’autre, haine, soupçon, jalousie, rage, cruauté…

            Dans la première lecture de ce jour, St Jean est clair : « Dieu est Lumière, en lui point de ténèbres ». Et cette Lumière, en Jésus Christ, est justement venue à la rencontre de tous ceux et celles qui vivent dans les ténèbres, pour leur donner, gratuitement, par amour, de pouvoir retrouver avec elle le chemin de la Plénitude et de la Paix. Une seul condition, mais elle est redoutable pour les pécheurs que nous sommes : faire la vérité. Pour l’orgueilleux, en effet, c’est une humiliation inacceptable qu’il repousse de tout son être… Pour l’Amour, c’est déjà une Ascension et une Glorification…

            Mais St Jean est clair : « Si nous disons que nous sommes en communion avec Dieu alors que nous marchons dans les ténèbres, nous mentons, nous ne faisons pas la vérité » (1Jn 1,6). Et dans son Evangile, il déclare : « Celui qui fait la vérité vient à la lumière » (Jn 3,21), cette « lumière » qui est déjà là puisque « le Verbe est la lumière véritable qui éclaire tout homme » (Jn 1,9). « Faire la vérité », de tout cœur, c’est donc comme « ouvrir les yeux » de son cœur, et « voir » alors la beauté invisible de cette lumière spirituelle… « On ne voit bien qu’avec le cœur », écrivait Antoine de St Exupéry dans « Le Petit Prince » ; « l’essentiel est invisible pour les yeux »…

            On peut insister sur le fait qu’il ne s’agit pas d’être parfait pour « voir » : simplement être vrai, ni plus, ni moins… Nous sommes tous des pécheurs, d’une manière ou d’une autre, sans aucune exception (Rm 3,9-20.23). Consentir, avec l’aide de l’Amour, pour ne pas perdre cœur, à regarder en face nos zones d’ombres et nos misères, c’est aussitôt, avec Lui et grâce à Lui, les voir se « purifier » : « Si nous marchons dans la lumière », et donc si nous faisons la vérité sur notre péché, poursuit St Jean, « le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché ». Et il insiste : « Si nous disons : « Nous n’avons pas de péché », nous nous abusons, la vérité n’est pas en nous ». Illusion de l’orgueil… et donc… aveuglement… Mais reprenons tout simplement cette phrase en positif : « Si nous disons : « Nous avons péché », nous ne nous abusons pas, la vérité est en nous ». Mais avec Dieu, « le seul Véritable » (Jn 17,3), avec Jésus « le Chemin, la Vérité et la vie » (Jn 14,6), avec l’Esprit Saint « l’Esprit de Vérité » (Jn 14,17 ; 15,26 ; 16,13), il n’existe pas trente six vérités, mais une seule… Consentir à la vérité de notre être blessé, c’est, au même moment, consentir à l’unique Vérité, celle du « seul Véritable »… Et la Vérité de Dieu est « Amour Inconditionnel » (Pape François), recherche inlassable du Meilleur pour tous, Miséricorde inépuisable, incroyable Tendresse, et donc Bonheur au delà de tout bonheur pour quiconque accepte d’en être humblement l’heureux bénéficiaire…  « Tu mets dans mon cœur plus de joie, que toutes leurs vendanges et leurs moissons. Dans la paix moi aussi je me couche et je dors, car tu me donnes d’habiter, Seigneur, seul dans la confiance » (Ps 4)…

            C’est pourquoi, écrit encore St Jean, « si nous confessons nos péchés, lui, fidèle et juste, pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute iniquité ». « Heureux alors les cœurs purs » (Mt 5,8), les cœurs vrais qui ne peuvent qu’être purifiés : « ils verront Dieu » qui « est Lumière » (1Jn 1,5), « Beauté, Splendeur et Majesté » (Ps 96,6)…

            Et St Jean poursuit en insistant encore sur ce « faire la vérité » : « Si nous disons : « Nous n’avons pas péché », nous faisons de lui un menteur, et sa parole n’est pas en nous ». En effet, Jésus est venu révéler l’homme à lui-même. Il est pécheur, nous sommes pécheurs ? C’est vrai… Mais nous sommes tous aussi « créés à l’image et ressemblance de Dieu » (Gn 1,26-28), tous déjà vivants du Souffle de Dieu, cet Esprit Saint qui vivifie (Gn 2,4b-7), qui nous habite déjà et nous donne de vivre, instant après instant (Job 34,14-15). Jésus l’évoque aussi avec l’image de l’eau vive qui jaillit de Dieu éternellement et gratuitement comme d’une Source : « Si tu savais le don de Dieu », dit-il à une Samaritaine alors qu’ils sont tous les deux au bord d’un puits, « et qui est Celui qui te dit : « Donne-moi à boire », c’est toi qui l’aurais prié et il t’aurait donné de l’eau vive… Quiconque boit de l’eau de ce puits aura soif à nouveau. Mais qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif. L’eau que je lui donnerai deviendra en lui source d’eau jaillissant en vie éternelle » (Jn 4,10-14).

            Toute la mission de Jésus consiste à « enlever le péché du monde » (Jn 1,29). En agissant ainsi, il libère en chaque d’entre nous, jour après jour, cette Source d’Eau vive qui est déjà là et qui ne demande qu’à jaillir, alimentée sans cesse par cet Amour Infini et gratuit de Dieu qui, éternellement, est Pur Don de Lui-même pour le seul Bien de tous les hommes qu’il aime (Lc 2,14 ; Jn 3,16-17 ; 1Tm 2,3-6)…

            Qu’il nous soit donc donné d’oser consentir, avec le Christ, à la vérité de notre misère pour la lui offrir, jour après jour… Alors, jour après jour, nous connaîtrons aussi, en le vivant, l’incroyable Trésor de sa Miséricorde qui n’est que Vie, Plénitude de Vie…

 

Prions avec Ste Thérèse de Lisieux et son poème « Ma Joie » :

Il est des âmes sur la terre

Qui cherchent en vain le bonheur

Mais pour moi, c’est tout le contraire

La joie se trouve dans mon cœur

Cette joie n’est pas éphémère

Je la possède sans retour

Comme une rose printanière

Elle me sourit chaque jour…

Lorsque le Ciel bleu devient sombre

Et qu’il semble me délaisser,

Ma joie, c’est de rester dans l’ombre

De me cacher, de m’abaisser.

Ma joie, c’est la Volonté Sainte

De Jésus mon unique amour

Ainsi je vis sans nulle crainte

J’aime autant la nuit que le jour…

Ma joie, c’est de rester petite

Aussi quand je tombe en chemin

Je puis me relever bien vite

Et Jésus me prend par la main

Alors le comblant de caresses

Je Lui dis qu’Il est tout pour moi

Et je redouble de tendresses

Lorsqu’Il se dérobe à ma foi…

            Fête des saints Innocents, martyrs –  Samedi 28 décembre 2019– Diacre Jacques FOURNIER 

Vous pouvez nous envoyer vos demandes de grâces et intentions de prière en répondant dans l’espace de commentaires. Elles seront recueillies et portées en intention à la messe du weekend à la Cathédrale de Saint Denis. Nous vous invitons aussi à partager cette méditation avec vos amis.