Prédication disponible en format audio.

Au premier verset du chapitre 19 de son évangile, saint Matthieu dit de Joseph, l’époux de Marie, qu’« il était juste ». En ouvrant avec vous ma semaine de méditations, je voudrais, pour la première d’entre elles, m’attarder à hauteur d’homme, avec respect et humilité, sur la figure du père adoptif de Jésus, homme nouveau, créé saint et juste à l’image de Dieu.*

Gardons présent à l’esprit que la justice dont il est ici question c’est cet ensemble de perfections qui mettent l’homme en total accord avec la volonté de Dieu. A telle enseigne que le juste de l’Ancien Testament est celui-là même que l’Evangile nomme le saint. Et le pape François, dans sa dernière lettre apostolique Patris corde, Avec un cœur de père, d’écrire avec raison que « saint Joseph est la charnière qui unit l’Ancien et le Nouveau Testament ».**

Est-il dès lors possible de brosser un exact portrait du juste tel que le divin Créateur en coucherait les contours sur la toile de son amour infini ? Dans son ouvrage intitulé Joseph le silencieux, le dominicain Michel Gasnier en a fixé les traits majeurs. J’y ai relevé par exemple ceci : « Le juste ne fait rien sans s’enquérir de ce que Dieu ordonne ou défend : il le loue, il l’exalte, il bénit son nom, il lui donne une confiance sans limite, une obéissance empressée ».***

N’aimerions-nous pas que cette image-là nous colle à la peau comme elle l’a été pour Joseph ? Sortons un peu du bois de nos certitudes blindées, brisons l’armure de nos pauvres défenses, de nos moi surdimensionnés et insignifiants pour reconnaître que rien en ce monde ne nous met particulièrement en vedette. Est-il si difficile de nous revêtir intérieurement de cette grandeur, de cette splendeur morale qui, seules, comptent aux yeux de Dieu ?

 Comme pour Joseph, Dieu pourrait alors poser sur nous le regard de sa divine complaisance. Bienheureux serions-nous alors de ressembler à l’arbre planté sur le bord d’un cours d’eau, dont les feuilles ne flétrissent pas et qui, la saison venue, donne des fruits magnifiques.**** Bienheureux mais pauvres des trésors affriolants de ce monde, pourrait rétorquer certains esprits grincheux. Sans doute ignorent-ils que sur le chemin du royaume des cieux la pauvreté est la première des noblesses, et qu’elle devient, quand on l’accepte sans murmure, comme le promet Michel Gasnier, « le moyen assuré de participer à la richesse de Dieu ! ».*****

Autant dire que j’aime assez ces propos du Père Albert Bessières qui voit en Joseph, humble et effacé, l’instrument divin « indispensable au mystère de l’Incarnation…[contribuant] à réaliser le grand dessein de Dieu qui voulait changer l’angoisse humaine en transports de joie ».****** Serviteurs inutiles, mais heureux de n’avoir fait que notre devoir, soyons comme Joseph, à la hauteur de notre propre tâche. Soyons au nombre de ces personnes, de ces « médecins, infirmiers-infirmières aux prêtres, diacres, religieuses et tant d’autres qui ont compris que personne ne se sauve tout seul en ces temps de difficultés », ainsi que le souligne le Saint Père en introduction de sa lettre apostolique.

Au matin de ce jour nouveau, adressons à saint Joseph cette prière :

Joseph, pauvre charpentier de l’humble bourgade de Nazareth, gardien du Rédempteur,

en te confiant cette mission, Dieu t’a donné les grâces qui t’ont rendu aptes à l’exercer.

Que par ton intercession, nous puissions devenir justes aux yeux du Seigneur.

 Ainsi que nos cœurs ne s’abandonnent pas au péché,

mais que, par nos pensées, nos paroles et nos actes,

nous cherchions, comme toi, la justice du Royaume.

Qu’à ton image, Dieu notre Père nous remplisse de justice, de sagesse et de sainteté

pour que nous aimions et servions son Eglise avec nos richesses et nos faiblesses.

Amen !                 

*Ephésiens 4, 24

**Pape François, lettre apostolique Patris Corde (8 décembre 2020)

***Joseph le silencieux, Michel Gasnier, o.p.,Salvador, 2014, p.44

****Psaume 1, 3  

*****Michel Gasnier, Ibid, p.25

****** Présence de Joseph, Père Albert Bessières, Lethielleux éditeur, 1950, 200 p.

Méditation du Vendredi 26 mars 2021Diacre Jean-Marie Armand

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