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Nous voilà au milieu de la semaine sainte avec des textes dans lesquels le thème de notre cheminement de carême prend tout son sens. Espère le seigneur sois fort et prends courage.

Le Chant du Serviteur du prophète Isaïe, nous montre la voie du disciple et toutes ses difficultés. On y voit toute la difficulté du peuple qui subit des épreuves de l’exil, qui subit les conséquences de son choix de suivre Dieu. Le prophète encourage son peuple, exilé dans des conditions très dures et qui pourrait bien se laisser aller au découragement. Isaïe lui, rappelle qu’il est toujours le serviteur de Dieu, que malgré les épreuves qu’il subit en raison de sa foi, Dieu le nourrit de sa parole chaque matin.
Et nous le savons, c’est là un serviteur bien déroutant que présente le prophète tout au long de ses écrits. Là où le peuple attendait un roi, se présente un serviteur souffrant.
Pourtant le serviteur est choix de Dieu, dès avant sa naissance (Is 49, 5), il a été appelé dans le sein de sa mère (49, 1), et malgré ses souffrances ce serviteur proclame, ma force c’est mon Dieu.

Ce texte commence avec un élément fondamental de la vie de celui qui veut suivre Dieu, celui qui reçoit l’enseignement de Dieu, le disciple : « le seigneur, mon Dieu m’a donné le langage des disciples, il a éveillé mon oreille chaque matin, il m’a ouvert l’oreille. » Il s’agit bien d’un don de Dieu, une faveur, que de devenir disciple et de choisir de le suivre.

C’est un don, celui du langage qui permet de relever, le don de l’oreille qui permet d’écouter. La relation de Dieu à son serviteur passe par l’écoute de La parole. Car celui qui se laisse instruire, développe une confiance à toute épreuve.
C’est cet appui qui lui permet d’espérer au-delà de toute espérance et de faire un choix, celui de ne pas se révolter, celui de garder confiance malgré les épreuves ;  « j’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe ». Cette mention à l’une des pires tortures qui pouvaient être subies par le peuple hébreu, est bien l’illustration des épreuves extrêmes du peuple en exode, que le prophète Isaïe cherche à encourager par ses paroles. Peut-être avons-nous connu ou connaissons-nous des moments dans notre vie ou nous avons cette impression d’exil !

Ce passage montre la certitude du prophète, la confiance du disciple en son Dieu, « Qu’il s’avance vers moi ! Voilà le seigneur, mon Dieu, il prend ma défense ». Esaïe rappelle que Dieu compte toujours sur son serviteur pour faire aboutir son projet pour l’humanité. En retour, il reçoit la protection de celui qui peut tout. Alors l’espérance peut naître.

Cette confiance est rappelée dans le psaume, « dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi, c’est l’heure de ta grâce »
Là encore la difficulté de choisir Dieu est mise en évidence. Là encore le disciple doit choisir la confiance.

Si ces textes nous touchent et nous questionnent dans notre cheminement spirituel aujourd’hui, ils prennent une dimension sans commune mesure dans l’Évangile avec l’exemple du Christ.

Voilà un Évangile bien triste, la trahison de Judas, la trahison d’un ami, la trahison de celui que Dieu avait choisi en Matthieu 10, et qui allait devenir traître. Tout est choix de Dieu, tout est don, « n’est-ce pas moi qui vous ai choisis ? ».

Comment celui que Dieu a choisi peut-il en arriver à le trahir, celui qui a vu les miracles du Seigneur ? Des miracles si nombreux que s’ils avaient été tous écrits dans des livres, la terre ne suffirait pas à tous les contenir… Judas a suivi Jésus, comment peut-il en arriver là ? Comment peut-il être celui qui le frappe au talon ? Nous nous sommes tous posés la question… Pourquoi cette trahison ? Pourquoi tourner le dos à son sauveur ? Peut-être que ce passage nous met-il en colère ? Et si nous le transposons à notre société, notre monde, notre Église aujourd’hui… peut être cette colère prend-elle une autre envergure… Pourquoi ?

Nous avons peu de réponses dans les Évangiles sur les motivations de Judas, et c’est peut-être bien mieux, car là n’est pas l’essentiel. Ainsi tout ce que nous savons c’est qu’il a vendu Jésus pour 30 pièces d’argent. 30 pièces d’argent est le prix qu’il fallait payer pour la mort accidentelle d’un esclave dans exode, une somme bien dérisoire , équivalent à un mois de salaire peut-être. Est-ce une motivation suffisante pour trahir celui qui l’avait appelé ?

N’est-ce pas volontairement que dans les évangiles il y ait peu de mention sur les réelles motivations de Judas ? Car ce qui doit s’inscrire dans nos cœurs, nous rendre fort, nous donner du courage, n’est pas la trahison mais le choix de Jésus, celui d’aimer jusqu’au bout. Car celui qui choisit ne peut révoquer. La grâce pour tous !
Il a choisi Judas et décide de l’aimer jusqu’au bout, jusqu’à lui donner du pain. Un amour sans faille. Une lumière luit dans les ténèbres (Jn 1,5), l’amour qui se révèle au cœur même de la plus grande trahison, il courbe le dos, il présente son dos comme il a été fait mention dans le texte d’Isaïe. Il ne se dérobe pas mais fait briller l’amour de Dieu dans la noirceur de la trahison.

Jésus, serviteur par excellence, choisit d’écouter son père, « le fils de l’homme s’en va comme il s’est écrit à son sujet », accomplissant par la même la volonté de son père. « Comme la pluie, la neige descend des cieux et n’y retourne pas sans avoir arrosé, fécondé la terre et faire germer les plantes, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui mange. Ainsi, en est-il de ma parole qui sort de ma bouche Elle ne retourne point à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli mes dessins. » Le verbe de Dieu fait chair ne repart pas sans avoir accompli le dessin de son père. Et pour cela il aimât jusqu’au bout celui-là même qui l’avait trahi.

Au-delà de la trahison, nous voyons surtout le choix de Dieu, la confiance en son père, l’espérance au-delà de toute espérance.
Croire en Dieu, même si la situation est incompréhensible, ne pas se dérober, ne pas se révolter, aimer dans les ténèbres, aimer dans la trahison. Toutes les motivations de Judas ne sont pas connues et ne sont peut-être pas importantes car ce qui domine c’est l’incompréhensible profondeur de l’amour d’un Dieu qui se donne.

L’amour au-dessus de toutes circonstances, voilà le commandement de notre Seigneur, qui après le départ de Judas dans l’évangile de Jean, (13, 31) dit: « Maintenant, le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui.  (…). 34 Je vous donne un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. 35 A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres ».

Ce passage que nous retenons souvent comme celui de la trahison de Judas est surtout le passage qui montre comment Jésus accomplit la loi et Voici le premier commandement : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » (Mc 12)

Voilà le chemin qui mène au salut, voilà la voie bien difficile du disciple !

Prions : Seigneur tu me scrutes et tu sais tout, tu sais quand je m’assieds et quand je me lève, quand je me décourage et quand plein de confiance je me mets en marche à ta suite. Renouvelle chaque jour, l’écoute de ta voix, ouvre chaque matin mon cœur à ta parole. Que ta parole renouvelle en moi cette espérance de mon salut à venir, et qu’elle m’éloigne de toute tentation. Jésus permets-moi d’entrer dans les mystères de la profondeur de ton amour sans faille pour moi. Accorde-moi la grâce de pouvoir l’accueillir dans la petitesse de mon humanité. Apprends-moi à aimer comme toi et conduis-moi sur le chemin d’éternité.

Mercredi Saint – 16 avril 2025 –  Gabrielle GRONDIN, laïque – Jevismafoi.com en partenariat avec Radio Arc-en-ciel.