Prédication disponible en format audio.
« Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » (Jn 13,1).
Bernadette avait écrit dans son manuscrit, cette involontaire, mais admirable faute d’orthographe :
« Et le reste nous sera donné par sur-croix… »
Bernadette est très attachée aux malades, très proche, mêlant attention à la personne, compétence et délicatesse dans le soin. Aide-infirmière (du 31 octobre 1867 à avril 1870) puis infirmière (d’avril 1870 à octobre 1873). Bernadette se forme à ce métier.
Voici le témoignage de son amie Julie GARROS :
« Elle était bonne pour toutes les sœurs, particulièrement pour les malades ; elle soignait avec habileté, avec plaisir et esprit de foi.
Je l’ai vue soigner une sœur aveugle, sœur Anne-Marie LESCURE, qui était affligée d’un cancer au sein. La gangrène s’y était mise et j’ai vu les vers tomber de la plaie pendant que sœur Bernadette pansait. Je la vois encore avec sa petite pince à la main faisant tomber les vers dans un bassin avec dextérité et délicatesse.
On voyait qu’elle aimait à faire ce pansement, tant elle y apportait de douceur et d’affectueuse bonté. Elle s’était attachée à cette pauvre malade si éprouvée. »

Servante de Dieu, alitée, Bernadette s’en veut d’être malade. « Je ne suis bonne à rien ! » Elle écrit à une religieuse : « Il faut que je vous dise que je suis toujours patraque. Je me trouve mieux depuis quelques jours. Je puis assister à la Sainte messe le dimanche… Je n’ai pas encore beaucoup de force. Je ne puis aller à la chapelle toute seule. C’est un peu humiliant, mais que faire ?
Un jour, elle demande à sœur Philippine :
« Dis-moi qu’est-ce qu’on fait d’un balai quand on a fini de balayer ? »
Interloquée, l’autre s’étonne : « Quelle question ! On le met à sa place. »
« Et sa place où est-elle ? » « Derrière la porte. »
« C’est cela. Eh bien, j’ai servi de manche à balai à la Sainte Vierge. Et quand elle n’a plus eu besoin de moi, elle m’a mise à ma place, qui est derrière la porte »…
Bernadette conclut avec un geste doux : « J’y suis, j’y reste. »
Durant l’hiver de 1877, un abcès se forme au genou droit de Bernadette.
Elle souffre alors « tout ce qu’on peut souffrir ».
Mais au retour de l’hiver, une tumeur énorme et une ankylose se déclarent au même genou. Il s’agit d’une grave carie des os qui – nous disent les médecins – est plus dure à supporter que la rage de dent la plus aiguë.
Le 19 mars, pour la fête de St Joseph, elle demande à celui-ci de lui faire la grâce d’une bonne mort.
Les mois passent. Bernadette tousse. Il semble impossible qu’un organisme aussi frêle résiste aussi longtemps à ces tempêtes.
Le 28 mars, vendredi de la Passion, pour la quatrième fois, elle reçoit le sacrement des malades. Elle commence par refuser avec une note d’humour :
« J’ai guéri toutes les fois que je l’ai reçue, et je suis justement entrée en convalescence à partir de ce moment-là. Voici le quatrième. Je ne voudrais la recevoir qu’à bon escient : pour mourir et non pour recommencer à vivre » (568)
Quelques jours avant sa mort, dans le climat de la semaine de la Passion, elle fait enlever toutes les images fixées sur son lit, et, montrant son crucifix, elle dit : « Celui-ci me suffit ». Elle est désormais concentrée sur le Christ Jésus dans sa Passion. Déjà en 1871 une sœur pouvait dire :
« Je l’ai vue souffrir moralement et physiquement. Dans ses souffrances, elle n’avait jamais un mot pour exprimer de la peine. Elle prenait son crucifix, le regardait, et c’était tout. »
Le jour de Pâques, sœur Saint-Cyr monte la voir à l’infirmerie, avec quelques autres. Avec sa simplicité habituelle, Bernadette leur dit :
« Ce matin, après la communion, j’ai demandé à Notre Seigneur cinq minutes de répit, cinq minutes pour pouvoir lui parler à mon aise. Mais il n’a pas voulu me les donner. Je vois bien que ma passion ne finira qu’au moment de ma mort. »
Car la toux de Bernadette et les souffrances de son genou – ne cessent plus un instant, de jour ni de nuit. « Vous voilà sur la croix », lui dit encore la mère Cassagne.
Il faut que je me résigne, dit-elle : « Je suis moulue comme un grain de blé ».
Dans la nuit du 14 au mardi 15 avril, Bernadette souffre une sorte d’agonie morale. On l’entend crier plusieurs fois, avec l’accent d’une terreur aiguë :
« Va-t-en Satan, va-t-en Satan ! »
Le lendemain, elle dit à l’aumônier « que le démon avait cherché à l’effrayer, mais qu’elle a invoqué le saint Nom de Jésus et que tout avait disparu ».
Au soir du mardi 15 avril, qui est le mardi de Pâques, comme sœur Nathalie se trouve auprès d’elle, Bernadette lui saisit la main et l’agrippe. Elle dit d’une voix basse et crispée : « J’ai peur, j’ai peur… »
Puis elle reprend de la même voix : « Ah ! Ah ! J’ai reçu tant de grâces ! J’ai peur d’en avoir si peu profité… » Puis elle se tait. Après un temps de silence, elle pousse tout à coup un véritable cri de bonheur qui fait sursauter Sœur Nathalie : « Maintenant, dit-elle, je suis tranquille ! »
Et, le mercredi 16 avril 1879 – assise dans son fauteuil, car elle étouffe – Bernadette attend la mort – on la voit étendre ses deux bras en forme de croix, et elle murmure :
« Mon Jésus, ah ! Que je t’aime ! Puis elle dit :
« Ma chère sœur, pardonnez-moi… « Priez pour moi ! Priez pour moi ! » Dit-elle en élevant des mains suppliantes.
Et cette fois, sœur Nathalie comprend que l’heure va sonner.
D’une voix étonnamment nette, Bernadette prononce lentement :
« Mon Dieu, je vous aime de tout mon cœur, de toute mon âme, de toute mes forces ».
Puis elle dit, comme le Christ avait dit dans la grande fièvre de la croix :
« J’ai soif ! »
Elle trempe ses lèvres dans l’eau, et fait une dernière fois son « admirable » signe de croix. Quelques instants plus tard, elle murmure :
« Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour moi, pauvre pécheresse… pauvre pécheresse… »
Puis, elle incline la tête et meurt – à trois heures de l’après-midi.
Bernadette a été béatifiée le 14 juin 1925 et canonisée le 8 Décembre 1933.
Sainte Bernadette, priez pour nous !
Notre Dame de Lourdes, priez pour nous !
Bernadette de lourdes
Jeudi Saint – 17 avril 2025 – Noëline FOURNIER, laïque – Jevismafoi.com en partenariat avec Radio Arc-en-ciel.