Prédication disponible en format audio.
Chers sœurs et frères,
Bonjour à tous, ceux qui nous lisent et qui nous écoutent sur Radio Arc en Ciel.
Rappel du thème de l’Avent : « C’est l’heure de l’Amour. »
Dans la liturgie de ce jour, il est intéressant de noter les textes qui amorcent l’Evangile, à savoir en 1ere lecture un extrait du livre du prophète Jérémie : « Je susciterai un germe juste. » ; puis le choix du psaume 71 : « En ces jours-là fleurira la justice, grande paix jusqu’à la fin des temps. ».
L’Evangile selon saint Matthieu nous commente la conception de Jésus, engendré en Marie, épouse de Joseph, fils de David : « Voici comment fut engendré Jésus-Christ : Marie, sa mère, avait été accordé en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ». Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse. »
Il s’agit bien sûr de la présentation de la Sainte Famille, genèse et accomplissement d’une alliance de salut. L’alliance première conclue par Adam et Eve, nos ancêtres dans l’humanité, tragiquement compromise dès le début par le péché originel et le meurtre fratricide d’Abel par Caïn, se renouvelle donc par Jésus. Malgré la malédiction de Caïn, c’est cependant par sa descendance, par Noé, considéré juste par Dieu et jugé digne d’une alliance nouvelle, par David, bien-aimé de Dieu et enfin par Joseph, époux de Marie, que la promesse de rédemption a été confirmée au monde.
Le thème de l’Avent, « C’est l’heure de l’Amour », ne pouvait être plus approprié à ce don d’Amour, de Salut et de Paix, proposé à Marie et Joseph qui ont dit oui, don qui n’est rien d’autre que le Fils de Dieu, Dieu lui-même, verbe incarné. Dans l’Evangile il est précisé : « Joseph, époux de Marie, était un homme juste. » L’ange du seigneur lui rappelant sa lignée en ces termes : « Joseph, fils de David. »
Par Jérémie, le Seigneur promettait de susciter par David un germe juste ; le psaume 71 complétant la promesse d’une espérance de Justice et de Paix. On peut donc facilement retenir de ces extraits la permanence pour Dieu de l’Amour porté à la Justice et au Justes, et l’importance de l’obéissance à sa Parole, expression de sa volonté.
Depuis l’origine, le message de Dieu est le même, message de Justice, d’Amour et de Paix. « Amour et Vérité se rencontrent, Justice et paix s’embrassent. La Vérité germera de la terre, et du ciel se penchera la Justice. Le Seigneur donnera ses bienfaits et notre terre donnera son fruit. La Justice marchera devant Lui et ses pas traceront le chemin. » (Ps 84).
Il fallut donc que par le mystère de l’incarnation de Jésus, dans une enveloppe corporelle, argile rendue vivante par l’Esprit, le germe de Justice et de Paix se rende proche d’une humanité corrompue, à l’exception de la Vierge Marie, immaculée conception et premier tabernacle de la Parole de Dieu faite chair, pur amour, sans tâche. Préparée de longue date, cette incarnation a été affirmée de façon précise par Isaïe (7, 14), comme l’a rappelé l’ange à Joseph par ces mots : « Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ». Pour mémoire, cette prophétie d’Isaïe s’installe dans un contexte de grande tension et de velléités de conquêtes territoriales (que l’on pourrait transposer aisément de nos jours), lorsque Récin, roi d’Aram, et Pékah, fils de Remalyahou, roi d’Israël, montèrent contre Jérusalem pour l’attaquer. Le Seigneur dit alors à Isaïe : « Avec ton fils Shear-Yashoub (c’est-à-dire : Un-reste-reviendra), va trouver Acaz… Tu lui diras : “Garde ton calme, ne crains pas… » Le Seigneur parla encore ainsi au roi Acaz : « Demande pour toi un signe de la part du Seigneur ton Dieu, au fond du séjour des morts ou sur les sommets, là-haut. » Acaz répondit : « Non, je n’en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve. » Isaïe dit alors : « Écoutez, maison de David ! Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes : il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu ! C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous). »

C’est donc en réponse à cette prophétie et promesse de Dieu que l’ange indiqua à Joseph : « ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré vient de l’Esprit Saint. » C’est une belle transition pour nous faire comprendre que malgré le lien mystérieux de la généalogie, du génome et de la génétique, un mystère bien plus grand encore nous échappe, celui de l’embryon, issu de quelques cellules souches, qui prend vie par l’Esprit, et cette merveille concerne tous les parents de la terre. Ce mystère de l’apparition de la vie en l’homme, aujourd’hui inaccessible à la science, devient compréhensible par la foi, par le souffle donné par Dieu. Cela nous engage à l’acceptation sans limite du don de la Vie, quelque soit les circonstances de son arrivée, à l’image de Joseph, qui devient père adoptif, mais aussi comme tous les parents qui accueillent le don de Dieu dans leur vie. Sans avoir la sainteté de Joseph et de Marie, il nous revient cependant de prendre soin de l’humanité à venir, à notre humble niveau, dans nos familles, en éduquant ceux qui nous sont confiés et en nous attachant à maintenir sans cesse (mais sans doute pas sans effort), un foyer emprunt de justice, de vérité, d’amour et de paix. Pour cela nous n’avons qu’un modèle, Jésus le Christ, envoyé pour nous montrer le chemin. A nous de le chercher, de le comprendre, de l’aimer et de le suivre.
Pour finir ce partage et nous mettre dans les dispositions de notre Seigneur, je vous propose une prière que l’on peut écouter bien sûr en tant que parents mais dont la portée est plus grande et s’élargit à la fraternité humaine, espérée et désirée dans la foi. Il s’agit de la prière du matin de Saint Bruno le chartreux :
« Seigneur, dans le silence de ce jour naissant, je viens Te demander la paix, la sagesse et la force. Je veux regarder aujourd’hui le monde avec des yeux tous remplis d’amour, être patient, compréhensif, doux et sage, voir au-delà des apparences, Tes enfants comme Tu les vois Toi-même, et ainsi, ne voir que le bien en chacun. Ferme mes oreilles à toute calomnie, garde ma langue de toute malveillance, que seules les pensées qui bénissent demeurent dans mon esprit, que je sois bienveillant et si joyeux, que tous ceux qui m’approchent sentent Ta présence, revêts-moi de Ta beauté, Seigneur, et qu’au long de ce jour, je Te révèle. Amen. »
