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« Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, chacun son tour : « Serait-ce moi, Seigneur ? »(Matthieu 26, 22)
Qu’il est déjà loin le jour de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem alors que les foules se bousculaient pour acclamer celui en qui elles voyaient le Messie ! Pour l’avoir abandonné, elles l’ont bien abandonné, déçues de son silence et de sa lamentable « cohorte » de disciples ! N’est-ce pas ici le chemin du serviteur souffrant d’Isaïe qui s’apparente de plus en plus à ce qui arrive au Fils de Dieu ?
Des gens qui se retournent contre le serviteur, pourtant innocent de tout ce qu’on l’accuse, ce procès douloureux qui l’attend. Un serviteur qui demeure sûr de son bon droit, car il a Dieu lui-même pour le justifier. Ainsi en est-il de la foi de Jésus qui a probablement médité longuement ces passages du livre d’Isaïe (Isaïe 50, 4-9a). Lui qui s’est reconnu dans cette figure de l’humilié, du rejeté, condamné et battu, pour être demeuré fidèle au Seigneur, tout en lui gardant sa confiance jusqu’au bout.
Car il y a eu à la table de sa dernière Pâque avec ses disciples, un traître. Nous connaissons son nom Judas l’Iscariote. Un nom qui n’est même plus prononçable dans la suite du récit évangélique de saint Matthieu, car très rapidement associé à l’Adversaire, l’ennemi de Dieu. Aussi la question des disciples–« Serait-ce moi, Seigneur ? »- peut nous paraître de prime abord anodine, aucun d’eux ne voulant se voir qualifier de traître !
Mais cette question n’est nullement anodine car elle est, pour nous, source d’interpellation. Si, assis à la même table de la dernière Pâque du Christ, nous scrutions nos cœurs et nous interrogions sur nos doutes et nos déceptions ! Lorsque Dieu semble absent de nos épreuves, de nos espoirs, de nos maladies, de nos souffrances, ne nous vient-il pas à l’esprit de le juger, de le trouver bien incapable jusqu’à douter de sa bonté, voire de son existence ? Sans aller jusqu’à le trahir -et encore moins à en tirer profit comme Judas- ne sommes-nous pas attirés par l’Adversaire qui voudrait faire miroiter un Dieu guerrier, vengeur, sanguinaire, et qui aurait vite fait de changer l’ordre des choses à notre satisfaction ? Si nous n’allons pas jusqu’à trahir le Christ à la manière de Judas, il nous est peut-être déjà arrivé de l’avoir renié comme Pierre. « Serait-ce moi, Seigneur ? » : en bon disciple de Jésus, n’esquivons pas la question en cette veille de la passion.
D’un même cœur, prions Celui que nous ne trahissons pas :
Seigneur Jésus, sur le chemin de ta passion,
Pardonne-nous nos doutes, nos incertitudes,
nos faiblesses, nos atermoiements.
Et viens au secours de notre foi incertaine,
Car tu écoutes les humbles. Amen !
Méditation du Mercredi 31mars 2021 – Diacre Jean-Marie Armand
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