Prédication disponible en format audio.
« Christ est ressuscité ! » Les disciples ont d’abord vu le tombeau vide. Pour St Jean, cela a suffit : « Il vit et il crut ». Puis le Christ s’est manifesté à ses disciples… « Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Mais il leur dit : « Pourquoi tout ce trouble, et pourquoi des doutes montent-ils en votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds ; c’est bien moi ! Palpez-moi et rendez-vous compte qu’un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai. » Ayant dit cela, il leur montra ses mains et ses pieds. Et comme, dans leur joie, ils ne croyaient pas encore et demeuraient saisis d’étonnement, il leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? Ils lui présentèrent un morceau de poisson grillé. Il le prit et le mangea devant eux » (Lc 24,36-43). Récit incroyablement concret… Mais il s’agit toujours d’une rencontre personnelle, d’un vécu et donc d’un témoignage… Le changement radical de vie qui s’ensuit, un changement qui s’inscrit dans la durée, témoigne lui aussi de l’intensité, de la vérité, de la profondeur de ce qui a été vécu par cette personne.
Voici un témoignage tout récent d’une rencontre avec le Christ Ressuscité, témoignage qui pourrait être rajouté à ceux de St Jean, St Pierre, St Paul…
« Mon nom est André Levet, je suis né en 1932 dans une famille athée, je n’avais jamais entendu parler de Dieu. Pendant la guerre de 39-40 mon père a été déporté à Auschwitz. N’ayant plus ni père ni mère j’ai été abandonné, puis recueilli dans une ferme pyrénéenne. Mon père a été libéré en 1945, il a tenté de refaire sa vie, mais je n’ai pas accepté ma nouvelle belle-mère et je me suis enfui à Marseille, à l’âge de 13 ans, couchant dans les rues et déchargeant des camions. A cette époque, la police m’arrêta et me mit en prison, aux Baumettes, en attendant de me rendre à ma famille. Au contact des autres prisonniers, je suis devenu un petit délinquant, apprenant toutes les ficelles du « métier ». A 15 ans j’ai été arrêté pour une attaque à main armée, et mis en prison jusqu’à ma majorité. A 18 ans, on avait la possibilité de s’engager pour faire la guerre d’Indochine, ce que j’ai fait pour éviter la prison. J’ai été blessé et rapatrié en France et soigné jusqu’à ma majorité.
Après cela, fort de mes expériences militaires et carcérales, je suis devenu le chef d’une bande de gangsters, spécialisée dans le braquage des banques. Un jour, alors que j’étais venu à Laval pour une « affaire », j’ai aperçu un curé en robe, de l’autre côté de la route. Je suis allé vers lui, et n’en ayant jamais vu auparavant, je lui ai demandé s’il était un homme ou une femme. Il m’a répondu : « Je suis un serviteur de Dieu. Dieu, c’est mon patron ! » Je lui ai dit : « Ton Dieu, où il est ? On ne le voit pas. » Il a répliqué : « Je vois que tu ne connais pas Dieu, mais si un jour tu as du temps, viens en discuter avec moi, 12 bis rue de Solferino. » Je n’ai jamais oublié cette adresse. Plusieurs mois après, alors que j’étais de passage à Laval pour une autre « affaire », je suis tombé par hasard dans cette rue. Je suis allé voir le curé, il était là et m’a dit : « Je t’attendais. » Ce curé est devenu mon ami, il me donnait des conseils, que je ne suivais pas, et chaque fois qu’il me parlait de Dieu, je lui disais : « Laisse ton Dieu où il est »… Quelque temps plus tard, je me trouvais à Rennes pour attaquer une banque. Là, l’affaire a mal tourné, mon copain a été tué et j’ai été arrêté. Je me suis évadé, j’ai gagné l’Amérique du sud où j’ai organisé un trafic de drogue.
Revenu en France, je suis arrêté de nouveau, pour m’évader encore ; 3 fois évadé, 3 fois repris… Toutes mes affaires vont me valoir 120 ans de prison, s’il fallait tout cumuler. On me transfert à Clairvaux dans la prison des durs et avec des copains je vais tenter une évasion en creusant un tunnel, comme dans le film « La Grande Vadrouille. » L’évasion a failli réussir, mais nous avons été repris. J’ai encore tenté une autre évasion, seul, en crochetant un gardien avec une arme. Là encore je me suis fait prendre. Ils ont décidé de m’envoyer à Château Thierry. Le directeur m’a reçu avec ces paroles : « Ici, tu marches ou tu crèves ! » J’ai répondu en lui balançant le bureau sur la tête. Ils m’ont mis dans une toute petite cellule avec un lit scellé. Mon curé ne m’a pas abandonné, il m’a envoyé une lettre par mois ou de temps en temps il me parlait de Dieu me disant qu’il était bon. Je lui ai répondu : « Si ton Dieu est bon, pourquoi faut il qu’il y ait tant de guerres, de misère, pourquoi certains crèvent de faim alors que d’autres ont trop ? Pourquoi certains ont plusieurs maisons alors que d’autres n’en ont pas ? » Le curé m’a répondu : « André, c’est toi le responsable. » Quoi ? Moi ? Je voulais bien être responsable des braquages, mais pas de la misère du monde ! Et puis un jour, le curé m’a envoyé un gros bouquin en me disant : « André, ce bouquin tu pourras le lire tout le temps, même après ta mort, en commençant par n’importe quelle page. » Le gardien me l’a apporté en me disant : « C’est bien ce bouquin, tu devrais le lire, tu pourras même l’emporter au cachot. » « Ca parle de quoi ? » « Du bon Dieu », il me répond. Quoi ! C’est pas vrai ! Il m’a ramené son bon Dieu dans ma cellule, je jetai le bouquin. Mon curé m’écrivait tout le temps, en me suppliant de lire le livre.
Alors, pour lui faire plaisir, en 10 ans je l’ai ouvert 9 fois. J’ai commencé par lire les noces de Cana, où Jésus change l’eau en vin. J’ai tourné le robinet de mon lavabo en disant : « Mec, fais couler du vin ! » Ca n’a pas marché. Je l’ai écrit au curé en disant : « Ton bouquin, ça ne marche pas. » Mon curé m’a répondu : « André tu lis de travers, persévère. » J’ai lu l’histoire de la Samaritaine, l’histoire de la résurrection de Lazare. Avec cette histoire j’ai été révolté, je ne pouvais pas la croire, et mon copain qui s’est fait descendre par les flics, il n’est pas ressuscité lui ? Puis j’ai repris la lecture longtemps après et j’ai lu combien Jésus avait fait de bien aux gens et combien ils l’avaient maltraité ; ils lui avaient craché dessus, ils l’avaient fouetté, injurié, puis cloué sur une croix. J’étais révolté ; je ne comprenais pas pourquoi on faisait autant de mal à quelqu’un qui faisait autant de bien.
J’abandonnai la lecture et je cherchais toujours à m’évader. J’attendais une arme et une lime, mais ces objets ont été interceptés. Il ne me restait plus aucun espoir ; alors en désespoir de cause, j’ai fait appel à Jésus. Je lui ai dit : « Si tu existes, je te donne un rancart. Viens cette nuit à 2 heures du matin dans ma cellule et tu m’aideras à m’évader ». Je me suis endormi cette nuit là et d’un coup, au milieu de la nuit, j’ai été réveillé. Prêt à bondir, j’ai senti une présence dans ma cellule, mais je ne voyais personne. Puis j’ai entendu une voix claire et forte à l’intérieur de moi : « André, il est 2h du matin, on a rendez vous. » J’appelais le gardien en criant : « C’est toi qui m’appelles ? » « Non », me dit-il. « Quelle heure est-il ? » demandai-je. « 2 heures ». « 2 heures combien ? » « 2 Heures pile » me répondit le gardien. Puis la voix se fit entendre à nouveau : « Ne sois pas incrédule, je suis ton Dieu, le Dieu de tous les hommes. » « Mais je ne te vois pas ! » répondis-je… A ce moment-là, vers les barreaux de la lucarne, une lumière apparut. Et dans cette lumière, un homme avec les mains et les pieds percés et un trou au côté droit . Il me dit : « C’est aussi pour toi. »
A ce moment-là, les écailles de mes yeux, lourdes de 37 ans de péchés, sont tombées et j’ai vu toute ma misère et toute ma méchanceté. Je suis tombé à genoux et suis resté dans cette position jusqu’à 7 heures du matin. J’ai pleuré devant Dieu et tout le mal est sorti de moi. J’ai compris que pendant 37 ans, j’avais enfoncé les clous dans ses mains et dans ses pieds. A 7 heures les gardiens m’ont ouvert, ils m’ont vu à genoux et pleurant ; je leur ai dit : « Je ne vous cracherai plus dessus, je ne frapperai plus personne, je ne volerai plus personne, car chaque fois que je le ferai, c’est à Jésus que je le ferai ». Les gardiens ont été surpris, ils ont cru dans un premier temps à une ruse de ma part. Puis rapidement, ils ont compris que j’avais totalement changé. Plusieurs détenus ont été interpellés et ont pu, eux aussi, rencontrer ce Dieu merveilleux et changer de vie. Je suis maintenant libéré, ma vie a totalement changé et je passe tout mon temps à parler aux autres de l’amour de ce Dieu. »
André Levet
Quelques temps après, le directeur de la prison de Château Thierry, qui avait reçu son bureau « sur la figure », voyant le changement advenu dans la vie d’André Levet, est intervenu auprès de la justice pour qu’il ait une remise de peine. Libéré, il ne cessa par la suite de témoigner de ce qu’il avait vécu, notamment dans les prisons… « Si tu existes, je te donne un rancart. Viens cette nuit à 2 heures du matin dans ma cellule et tu m’aideras à m’évader »… Mine de rien, son désir a été exaucé, mais pas comme il le pensait…
Dimanche de Pâques – 21 avril 2019 – Diacre Jacques Fournier
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