En ce premier dimanche de carême nous faisons lecture de la tentation du Christ au désert selon Saint Marc. L’évangéliste fidèle à son style ne s’attarde pas sur des détails, aucune précision n’est donner sur la nature des tentations, contrairement à Matthieu et à Luc. Un détail est cependant rapporter : il était parmi les bêtes sauvages et les Anges le servaient. Etrange contraste les bêtes sauvage représente la nature avec tous ses dangers, c’est la loi du plus fort, tandis que les Anges représente le ciel avec ce qu’il y a de plus beau, l’harmonie et la joie, c’est une représentation du paradis.
Nous pouvons faire une lecture allégorique de cette scène le désert dans lequel se trouve Jésus c’est les profondeurs de l’homme, l’infini de son âme. Dieu y est présent et nous pouvons dire que la présence des Anges atteste que le royaume de Dieu est bien présent chez l’homme, dans le monde. Les bêtes sauvages représente le coté animal de l’homme, l’instinct primaire, qui est nécessaire pour sa survie dans un milieu hostile, mais qu’il convient de dominer, sinon il risque de faire beaucoup de mal. A aucun moment dans le texte il est dit que Jésus s’opposait à ces bêtes sauvages comme il s’est opposé au démon, simplement il vivait au milieu d’eux, s’accommodait de leur présence.
Nous avons dit que ces bêtes sauvages représentaient l’aspect animal de l’homme qu’il convient de maitriser au risque de suivre ses pulsions. Il est cependant utile, l’enfant pour survivre s’appuie sur lui : il a faim il crie, il a sommeil il va se mettre à pleurer, il voit quelque chose qui lui plait, il va le prendre. En grandissant, son instinct va lui donner les bons gestes pour vivre dans un monde parfois austère. Et comme le dit Saint Paul : «Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Devenu homme, j’ai mis fin à ce qui était propre à l’enfant. 1 Co 13:11» en devenant adulte, nous n’avons pas renoncé à l’enfant en nous, mais nous avons mis un terme à nos désirs incontrôlé, nous n’obéissons plus à nos pulsions, nous somme devenus des gens responsables, sociable. Au fur et à mesure on a appris à définir un cadre dans lequel l’enfant en nous va pouvoir évoluer, on lui donnera des limites à ne pas franchir on veillera à ce qu’ils ne deviennent pas un enfant roi.
Mais cela reste un idéal à atteindre, en réalité ces bêtes féroces qui blessent violemment, nous malmènent bien souvent, combien de fois ne cédons nous pas à la tentation ? C’est la force qui est appelé « la chair » et ses griffes et ses crocs qui déchirent l’âme c’est le péché. Nous prenons très souvent à la légère nos mauvaises conduites, mais Saint Paul nous rappelle « Détresse et angoisse pour tout homme qui commet le mal, Rm 2:9 » et « la conséquence du péchés c’est la mort » Rm 6,23, une mort lente qui se caractérise par un état de tristesse une absence de paix, de plénitude. La personne est troubler et aveugle, incapable de faire un retour sur lui-même pour se rendre compte que la source de son malheur c’est la vie qu’il mène et qui n’est pas ajuster à Dieu. Bien au contraire il va se mettre à rechercher le plaisir pour combler son manque, tant le bonheur lui parait inaccessible. Nous avons une belle illustration de cela en Jn 4, quand Jésus rencontre la femme de Samarie, qui avait eu cinq maris et qui vivait avec un sixième qui n’était pas son maris, ou encore elle venait puiser l’eau chaque jours et portant elle avait toujours soif de bonheur, elle représente la personne qui s’est laisser conduire par la chair, malmener par le péchés et qui pourtant vivait dans une grande pauvreté spirituel, en attente de la venue de celui qui lui expliquerais toute chose. Lorsqu’elle rencontre la vrai source d’eau vive, le Christ qui donne l’Esprit, elle abandonne sa cruche et le puits à laquelle elle venait s’abreuver. Elle laisse désormais derrière elle, au désert près du puits tout ce qui faisait sa vie, son passer, la lourdeur de ses péchés, pour courir d’un pas léger vers ses frères Samaritains, pour leur annoncer qu’elle à rencontrer le Messie. Cette transformation fulgurante d’une personne qui passe en quelques instants d’une vie de désordre, à une vie missionnaire doit nous interpeller et nous encourager à annoncer le Christ qui donne au monde son Esprit. Car nous ne savons pas qui est prêt et qui n’est pas prêt à se convertir, cela c’est l’œuvre de Dieu, tandis que la nôtre est d’annoncer inlassablement le Christ.
Revenons à notre désert et attardons-nous sur la présence de Dieu au cœur de l’homme. Marc précise que les Anges le servait, là ou se trouve le Roi, se trouve aussi, sa cour, ses serviteurs. Mais Christ au fond de nous serait donc venu s’installer confortablement et se faire servir comme un Roi ? Certes non, il le dit bien dans sa parole « le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. Mt 20:28 » Dieu en nous œuvre à notre bien, il nous communique sa vie divine, il s’attache à faire des déserts arides de nos cœurs des jardins luxuriants, un lieu où il peut déposer ses grâces, et le premier de ses dons est la Paix. L’œuvre de Dieu reste mystérieux, Jésus le comparera à une graine jeter en terre «Il disait: «Il en est du Royaume de Dieu comme d’un homme qui jette la semence en terre: 27 qu’il dorme ou qu’il soit debout, la nuit et le jour, la semence germe et grandit, il ne sait comment. 28 D’elle-même la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. 29 Et dès que le blé est mûr, on y met la faucille, car c’est le temps de la moisson.» Mc 4,26-29 » L’homme est simplement invité à croire que Dieu en lui agit, que son action le dépasse infiniment, et qu’il doit simplement avoir confiance en son Seigneur. Accepter que Dieu œuvre en nous et dans notre monde, c’est déjà confesser que le royaume des Cieux est présent, or c’est précisément ce que dit Jésus dans l’évangile du jours « Le temps est accompli, et le Règne de Dieu s’est approché: convertissez-vous et croyez à l’Évangile Mc 1,15 »
Prions : Dieu d’infinie bonté, tout ce que tu nous demande en ce jour, c’est de nous convertir, c’est à dire à revenir vers toi, qui es la source de tout bien et de croire en toi, en tout amour infinis qui refuse de laisse l’homme dans sa misère. Donne-nous un cœur docile à accueillir ta parole et à la vivre, n’arrête pas l’œuvre de tes mains, tu es le Pothier, je suis l’argile entre tes mains je m’abandonne.
Fabrice Patsoumoudou, Laïc
Chemin de Carème, Dimanche 22 Février 2015
Montage vidéo : Jean Marie Vitry