Prédication disponible en format audio.
Nous sommes le deuxième vendredi du temps de carême. Nos églises sont remplies le vendredi où nous nous retrouvons pour vivre le chemin de croix. Oui « vivre » car c’est bien de cela qu’il s’agit, ce n’est pas simplement un moment où nous faisons mémoire, c’est plus que cela. La méditation du chemin de croix nous immerge dans un autre monde, à une autre époque, la lecture de l’évangile de la passion est accompagnée de méditations qui actualisent ce que nous lisons. En faisant ce chemin avec Jésus, nous faisons bien plus qu’un rappel de son procès, et de sa condamnation à mort, et nous ne le faisons pas pour Jésus, c’est-à-dire que nous n’accomplissons pas simplement un acte pour honorer le Seigneur qui s’est livré pour nous. Le chemin de croix est avant tout un chemin de guérison et de libération, nous accomplissons ce que le prophète Isaïe avait dit «c’est par ses blessures que nous sommes guéris ».
En honorant les plaies et le sang de Jésus-Christ nous déposons en sa chaire meurtrie nos propres blessures, nos difficultés, nos faiblesses charnelles, nos limites humaines à aimer comme Dieu nous aime. Le chemin de croix est un chemin d’humilité avant tout pour l’homme conscient de sa petitesse et qui le dépose dans les mains du Christ. Cette croix qu’il porte est avant tout symbolique elle représente l’homme qui comme le bois sec a perdu la sève de la vie. Il est aride sans compassion, livré à ses pulsions primaires, il devient un instrument de torture et finalement de mort pour son propre frère à l’image de Caïn. L’homme qui méconnait son créateur est livré à ses penchants mauvais et il devient un bourreau pour son frère. Il ne reconnait pas en son prochain son semblable, mais c’est un concurrent, un rival, voir un ennemi qu’il convient de supprimer.
Pourquoi faisons-nous le chemin de croix ? Avant tout pour guérir de nos blessures, oui mais lesquelles ? Il faut se rappeler que la blessure a toujours un lien avec le péché, soit celui que nous avons commis ou bien celui que nous avons subi. Notre âme a été faite à l’image de Dieu et par conséquent elle peut s’abimer à cause du déchainement du mal et de la violence. C’est en cela que le corps blessé de Jésus ressemble étrangement à notre âme qui a subit le jugement, la violence, le rejet, les accusations, l’injustice, le mépris. La dévotion du chemin de croix nous pousse à nous identifier à cet homme meurtri et rejeté, qui se vide de son sang et qui meurt lentement mais sûrement. Jésus s’est fait notre semblable, imitant la triste condition de l’homme victime et complice du mal, l’homme s’autodétruisant, incapable de reconnaitre la source de ce qui le détruit, l’homme aveugle et sourd, ployant sous le poids de la croix de son quotidien. Oui le chemin que Jésus a emprunté et qui l’emmène au Golgotha où il mourra est bien celui de chaque homme à qui la mort donne rendez-vous.
Jésus a pris sur lui de porter la mort de chaque homme afin de la précipiter aux enfers et à l’enfermer définitivement. Ce chemin de croix qui se termine par une quinzième station, celui de la résurrection inaugure la victoire définitive du Christ sur le mal, la mort et le péché et l’homme guéri peut maintenant exulter de joie et pousser un cri de victoire, car en faisant route avec Jésus il reçoit les mérites de la passion et surtout de la victoire du Christ qui ressuscite en verrouillant la porte de l’enfer sur celui qui causait la chute de l’homme.
Fabrice Patsoumoudou, laïc – Chemin de Carême– Vendredi 23 février 2018
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