Prédication disponible en format audio.
« Un enfant nous est né » pourrait aussi se dire « un enfant est né pour nous »… Autrement dit, si Jésus, le Fils Unique et éternel du Père, « s’est fait chair » (Jn 1,14) de la Vierge Marie, « s’il fut reconnu homme à son aspect » (Ph 2,7), c’est uniquement « pour nous »… « Je suis venu dans le monde pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait en surabondance » (Jn 10,10).
Si tel est le cas, cela doit bien correspondre à un besoin de notre part… « Tous sont soumis au péché », écrit St Paul, et il vise l’humanité tout entière. « Voici en effet ce qui est écrit », poursuit-il en citant les Psaumes : « Il n’y a pas un juste, pas même un seul, il n’y a personne de sensé, personne qui cherche Dieu ; tous, ils sont dévoyés ; tous ensemble, pervertis : pas un homme de bien, pas même un seul » (cf. Rm 3,9-18 ; Ps 14,1-3). A ce titre là, nous sommes donc tous sur un pied d’égalité : tous pécheurs, d’une manière ou d’une autre… Et le pire serait peut-être de ne pas en avoir conscience… Total aveuglement…
Frère Grégoire, moine à l’Abbaye Sainte Marie du Désert, près de Toulouse, était passé de la prison au monastère. Ecoutons le nous raconter sa conversion : « Au matin, au réveil, surprise… Une voix me parle, à l’intérieur de moi, dans mon cœur. Elle me reproche ma vie de débauche, moi qui étais pour la justice et contre l’injustice »… Il se croyait donc quelqu’un de bien, un homme juste prêt à lutter contre toute forme d’injustice, et il l’avait prouvé en cassant plusieurs fois la figure à des gardiens qui, à ses yeux, abusaient de leur situation… Et cela lui avait valu à chaque fois « le mitard », l’isolement, pendant des semaines… Oui, il se croyait un homme bien… Mais non… Dieu le rejoint, et lui donne la grâce de pouvoir faire la vérité sur lui-même… Cruelle désillusion, combat… « Cela a duré plusieurs jours », poursuit-il. « J’en avais assez, mais je ne voulais pas reconnaître la vérité… Un matin, vaincu par ce combat de Jacob, je suis tombé à genoux, comme si une force intérieure m’avait poussé à me mettre à genoux, et les prières de mon enfance ont jailli de mon cœur : j’ai récité par cœur le Notre Père et le Je vous salue Marie !… Les larmes coulaient d’elles-mêmes, et j’ai reconnu que ce que j’avais fait était mauvais. Alors, toutes les paroles de reproches ont aussitôt fait place à une grande paix intérieure, et une force sensible m’a envahi. Une joie et une Présence sensible de Dieu qui ont duré quatre ans. Et je me suis écrié : « Mon Dieu, je Te donne ma vie ! Que ce soit comme tu le voudras » ». Et il rentra dans cette abbaye le 10 mai 1957. Et quand il écrivait ces lignes, il disait : « Cela fait quarante ans que ça dure et je ne regrette rien. Dieu m’a fait un beau cadeau… Par dessus tout, cette vie est une rencontre avec Jésus, Personne vivante… La vie chrétienne est une rencontre avec Jésus, personne vivante… C’est pourquoi, je suis heureux ! » (Extraits de « C’était un larron, du banditisme à la Trappe », par Robert Masson).
« Un enfant nous est né », « un enfant est né pour nous »… Pourquoi ? Parce que nous sommes tous pécheurs, enclins d’une manière ou d’une autre à faire le mal, de peu ou de beaucoup orgueilleux, égoïstes, désobéissants à Dieu et à notre conscience… Et « le salaire du péché, c’est la mort » (Rm 6,23). Mais « un enfant est né pour nous » : « Je suis venu pour qu’on ait la vie, et qu’on l’ait en surabondance ». « Le salaire du péché c’est la mort ? Le Don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle, dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23).
Osons donc, avec l’aide d’En Haut, nous regarder en face… Osons affronter nos manques, nos contradictions, ces différences entre « ce que nous devrions faire » et « ce que nous faisons vraiment », etc, etc… « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, amis les pécheurs, au repentir » (Lc 5,31-32). Si nous osons faire la vérité dans nos vies, si nous osons nous accepter tels que nous sommes, si nous osons tout offrir à Dieu, alors nous ne pourrons que constater que l’inquiétude, l’angoisse et le trouble feront place à la paix intérieure, et nous reconnaîtrons en nous-mêmes un « je ne sais quoi » (Ste Thérèse de Lisieux), un « quelque chose » (Ste Elisabeth de la Trinité) qui a le goût d’une Plénitude de Vie comme nous n’en avions jamais connue jusqu’alors, un Bonheur inespéré… Ce sera notre vrai cadeau de Noël, dans la Douceur et dans la Paix…
Prions… Inlassablement, tu te proposes, Seigneur, à notre vie ; tu nous entoures de ta Bienveillance, tu viens frapper avec délicatesse à la porte de nos cœurs… « Je me tiens à la porte et je frappe… Si tu m’ouvres ton cœur, j’entrerai… Je serai près de toi, tu seras près de moi » (Ap 3,20). Alors, « je répandrai sur toi une eau pure, et tu seras purifié. De toutes tes souillures et de toutes tes ordures, je te purifierai. Et je te donnerai un cœur nouveau, je mettrai en toi un esprit nouveau. J’enlèverai de ta chair le cœur de pierre, et je te donnerai un cœur de chair. Je mettrai en toi mon Esprit » (Ez 36,25-27), et « le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix » (Ga 5,22). Alors, tu connaîtras un « quelque chose », un « je ne sais quoi » du vrai Bonheur, de la Vraie Vie… « Si tu savais le Don de Dieu » (Jn 4,10), disait Jésus à la Samaritaine, comme il le dit encore aujourd’hui à tout homme qu’il aime, à nous tous…
Diacre Jacques Fournier – Avent 2017 – Mardi 19 décembre 2017