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« Un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; il a reçu le pouvoir sur ses épaules et on lui a donné ce Nom : Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père éternel, Prince de Paix »…
Deux verbes interviennent dans ce verset d’Isaïe : donner, recevoir… Ils sont au cœur de la Révélation que le Christ est venu nous apporter sur le Mystère de Dieu.
Lui-même, il est le Fils « né du Père avant tous les siècles, engendré, non pas créé, de même nature que le Père », disons-nous dans notre Crédo. En effet, depuis toujours et pour toujours, « le Père aime le Fils, et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35), de telle sorte, nous dit Jésus, que « tout ce qu’a le Père est à moi » (Jn 16,15). Ce Mystère s’est pleinement révélé au jour de son baptême par Jean Baptiste dans les eaux du Jourdain : les cieux se sont déchirés, et une voix s’est faite entendre : « Celui-ci est mon Fils bien aimé, en Lui, j’ai mis tout mon amour » (Mc 1,9-11). Et, au même moment, l’Esprit descendait du Ciel, et donc du Père, pour reposer sur lui… Or « Dieu Est Esprit » (Jn 4,24) et « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16). Depuis toujours et pour toujours, « avant tous les siècles », le Père donne ainsi tout ce qu’il Est au Fils, et c’est par ce Don qu’il l’engendre en Fils, « Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu »… Le Père Est Esprit ? Il lui donne la Plénitude de son Esprit lui donnant ainsi d’être lui aussi Esprit, tout comme le Père… « J’ai vu l’Esprit descendre », sous entendu du Père, « et reposer sur Lui », nous dit Jean Baptiste (Jn 1,32). Photo instantanée d’une réalité éternelle… Le Père « Est Amour », « Esprit » d’ « Amour » ? En lui donnant la Plénitude de son Esprit, il lui donne donc aussi la Plénitude de son Amour : « En toi, j’ai mis tout mon Amour », de telle sorte que le Fils Lui aussi Est Amour, tout comme le Père… « Dieu Est Lumière » (1Jn 1,5) ? Le Père Est Lumière et il donne au Fils, depuis toujours et pour toujours, d’être Lui aussi Lumière, « Lumière née de la Lumière »… « Je Suis la Lumière du monde », dira-t-il (Jn 8,12). Le Père a la vie en lui-même ? De toute éternité, il donne au Fils d’avoir la vie en Lui-même, et c’est ainsi que le Fils est « engendré, non pas créé » en tant qu’il naît « du Père avant tous les siècles »… « Comme le Père a la vie en Lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en Lui-même… Je vis par le Père » (Jn 5,26 ; 6,57).
Ainsi, gratuitement, par Amour, le Père se donne au Fils et l’engendre en Fils. Et de son côté, le Fils se reçoit entièrement du Père en tout ce qu’Il Est… Lorsque St Jean eut la vision de la Jérusalem Céleste, « j’entendis », écrit-il, « la voix d’une multitude d’Anges rassemblés autour du trône, des Vivants et des Vieillards – ils se comptaient par myriades de myriades et par milliers de milliers! – et criant à pleine voix : « Digne est l’Agneau égorgé de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la louange » » (Ap 5,12). St Jérôme, au 4° s, a traduit le grec « πλοῦτος, richesse » par le latin « divinitatem, la divinité ». Et nous l’avons noté, St Jean emploie ici sept mots, le chiffre sept étant symbole de perfection, pour évoquer justement la Plénitude de la nature divine… De toute éternité, le Fils la reçoit du Père, gratuitement, par Amour… « Il lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout Nom » (Ph 2,9)… « On lui a donné ce Nom : Dieu fort » (Is 9,5)…
« Il a ainsi reçu le pouvoir sur ses épaules » (Is 9,5), car c’est ce Don reçu du Père, un Don par lequel il est engendré en Fils, qui lui donne « tout pouvoir » : « Tout pouvoir m’a été donné », sous entendu par le Père, « au ciel et sur la terre » dit-il, Ressuscité, à ses disciples (Mt 28,18)… En effet, la Lumière reçue du Père « brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (Jn 1,5). Jésus « Lumière du monde » est bien le « Roi de Gloire » (Ps 24), « le Seigneur de la Gloire » (1Co 2,8). Sa vie reçue du Père est plus forte que tout ce qui s’oppose à elle : Jésus est bien « le Prince de la vie » (Ac 3,15), et cela se manifestera pleinement au jour de sa Résurrection d’entre les morts… L’amour qu’il reçoit du Père est plus fort que toute forme de haine, de violence et de méchanceté… Et cela se manifestera pleinement lors de sa Passion, où il ne cessera de répondre par l’amour à toutes les atrocités que nous, les hommes, nous lui infligerons… « Jésus de Nazareth, Roi des Juifs » (INRI), était-il écrit au sommet de la croix (Jn 19,16-22). Oui, Jésus est bien le Roi de l’Amour, « le Prince de Paix », répondant toujours à la violence non pas par la violence mais par une proposition de pardon… « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 24,34). Et Pierre dira à ceux-là mêmes qui ont participé à sa mort : « C’est pour vous d’abord que Dieu a ressuscité son Serviteur et l’a envoyé vous bénir, du moment que chacun de vous se détourne de ses perversités » (Ac 3,26)… Réponse de l’Amour à l’assassinat du Fils éternel…
Prions. Au jour de Noël, nous fêtons la naissance d’un petit enfant, vulnérable, fragile, déjà livré aux mains des hommes… Mais il est le Roi des rois, et le Seigneur des seigneurs, Roi de Lumière, de Douceur, de Paix et d’Amour, qui vient offrir à tout homme, au plus profond de son cœur, le Règne de sa Lumière, de sa Douceur, de sa Paix, de son Amour… Seigneur, nous t’offrons toutes nos ténèbres, tout ce qui en nous s’oppose à toi, tout ce qui te résiste, tout ce qui est plus fort que nous… Sur tout cela, nous te le demandons, « Règne ! », et nous serons sauvés… Nous vivrons alors grâce à toi notre plus beau cadeau de Noël…
Diacre Jacques Fournier – Avent 2017 – mercredi 20 décembre 2017
