Prédication disponible en format audio.
Ce dimanche, la liturgie nous invite à réfléchir à notre rapport aux biens que nous possédons.
Première lecture : La sagesse de Qohélet
Dans le deuxième chapitre du livre de Qohélet, nous découvrons un sage assez particulier. Il explique avoir cherché la sagesse dès son plus jeune âge, mais que cette quête lui a apporté bien des contrariétés. Pour tenter d’échapper à ces tourments, il s’est alors tourné vers l’accumulation des plaisirs et des richesses : vins raffinés, maisons, jardins, esclaves, femmes, or et argent…
Mais à la fin de sa vie, la sagesse qu’il avait cultivée lui revient : tout cela est vain. Dans le passage que nous avons entendu, il conclut que son travail ne lui a apporté que soucis et contrariétés, puisque ce sont d’autres, après lui, qui profiteront de ses efforts.
Être sage, c’est être délivré de l’inquiétude, car elle ne fait que nous ronger de l’intérieur.
Évangile : La parabole du riche insensé
Dans l’Évangile, un homme demande à Jésus d’intervenir pour qu’il reçoive sa part d’héritage. Selon la loi juive, l’aîné recevait une double part, mais l’héritage devait tout de même être réparti. Refuser cette part au cadet était donc injuste.
Cet homme fait appel à Jésus non comme un juriste, mais parce qu’il reconnaît son autorité. Il voit peut-être en lui un nouveau Moïse. Pourtant, Jésus refuse ce rôle juridique :
« Qui m’a établi pour être votre juge ou arbitre ? »
Il préfère se positionner comme maître de sagesse, et il raconte une parabole.
Un riche agriculteur connaît une récolte abondante. Il décide de tout entreposer pour pouvoir enfin « vivre tranquille ». Mais Dieu lui dit :
« Tu es fou ! Cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? »
L’erreur de cet homme riche ? Il n’a pensé ni à Dieu, ni à son prochain.
Être riche en vue de Dieu
Jésus conclut sa parabole par cette invitation :
« Ainsi en est-il de celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. »
Mais que signifie cette expression ? Elle n’est pas courante dans notre langage. Pourtant, on peut en deviner le sens : utiliser ses biens non pour soi-même, mais selon la volonté de Dieu. Cela implique la générosité, le partage, la charité.
Le sage Ben Sira écrivait déjà :
« Tel s’enrichit à force d’être économe et regardant… mais combien de temps cela durera-t-il ? Il mourra et devra laisser ses biens à d’autres. »
Saint Paul : Rechercher les réalités d’en-haut
Dans la seconde lecture, saint Paul va dans le même sens :
« Frères, si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en-haut. »
Il nous invite à laisser la lumière de l’Évangile éclairer nos décisions. Être « ressuscité avec le Christ », c’est vivre déjà en enfants de Dieu, orienter notre vie vers le ciel.
Paul nous exhorte aussi à :
« Faire mourir en nous ce qui n’appartient qu’à la terre : débauche, impureté, passion, désir mauvais, et cette soif de posséder qui est une idolâtrie. »
Dieu ou Mammon ?
Jésus lui-même, dans le Sermon sur la montagne, nous mettait en garde :
« Nul ne peut servir deux maîtres… Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. » (Mt 6, 24)
L’argent, lorsqu’il devient une obsession, devient une idole : Mammon.
Conclusion : Apprendre la vraie sagesse
Chers frères et sœurs, le Seigneur nous invite aujourd’hui à un rapport plus juste à nos biens. Il ne faudrait pas que ce que nous possédons finisse par nous posséder.
Alors, comme nous l’avons chanté dans le psaume, demandons à Dieu la vraie sagesse :
« Seigneur, apprends-nous la vraie mesure de nos jours, que nos cœurs pénètrent ta sagesse. »
Amen.
18ᵉ Dimanche du Temps Ordinaire – 2 août 2025 – P. Alexandre Rogala