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Dimanche 20 avril, nous entrons dans la lumière, nous voyons la lumière au bout du tunnel de notre carême. Aujourd’hui nous fêtons. L’Évangile de ce jour nous met en situation et nous dresse un tableau relativement précis et illustré de la découverte du tombeau vide par trois des disciples de Jésus.

Avant tout l’Évangile, nous précise qu’il s’agit du premier jour de la semaine. Cela n’est pas sans rappeler le premier jour de la genèse, jour de la création de la lumière, ici aujourd’hui, 1er jour des temps nouveaux, nouvelle création. Dans Isaïe 60, « Ce ne sera plus le soleil qui te servira de lumière pendant le jour, ni la lune qui t’éclairera la nuit, mais l’éternel sera ta lumière à toujours, ton Dieu sera ta gloire ».
Le passage de l’ombre à la lumière est un élément important de l’évangile de Jean, la vraie lumière qui éclaire tout homme venant dans ce monde, Jésus (Jn 19). Marie-Madeleine ne manque donc pas cette lumière plus importante que le soleil.
Cette même lumière nous amène à celle des derniers temps où la ville n’a besoin ni du soleil, ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’éclaire et l’agneau et son Flambeau. (Ap 23)

Mais la lumière n’est pas encore là quand la première personne se rend au tombeau.

La première, Marie-Madeleine apôtre des apôtres ! Hier nous avons parlé d’affronter nos ténèbres. Il est clair que Marie-Madeleine, qui déjà le vendredi se tenait près du tombeau, n’hésite pas à affronter les ténèbres de la nuit. Peut-être est-ce même ses propres ténèbres, qu’elle affronte afin de se rendre au tombeau, ses propres doutes, sa propre tristesse qui l’amènent avant que le jour ne se lève à aller chercher celui que son cœur aime. Peut-il en être autrement ? Car la nuit précède le jour, l’obscurité précède la lumière.

J’ai envie de m’arrêter quelques instants sur la figure féminine de ce passage. Dans l’Évangile de Jean deux femmes jouent un rôle important dans l’annonce messianique. La première est la Samaritaine. La première à qui Jésus a révélé qu’il est le Messie, la première qu’il enverra annoncer qu’il est le fils de Dieu. Nous ne savons pas grand-chose de cette femme, si ce n’est qu’elle était de Samarie, qu’elle avait eu cinq maris, et qu’elle était suffisamment rejetée des siens, pour venir puiser au puits à l’heure la plus chaude de la journée, celle pendant laquelle elle était sûre de ne trouver personne.
Cette annonce a été faite après que Jésus avait été allé chercher son cœur même, au cœur de sa vie la vérité profonde de ce qu’était la vie de cette femme autour du puits de la rencontre autour du puits de l’alliance.
Elle s’est livrée dans la vérité de sa vie, sans faux-semblants et elle a fait la rencontre bouleversante du Messie et est devenue la première que Jésus envoyât annoncer qu’Il était le Messie, l’envoyé de Dieu, le fils du Dieu très-haut.

La première à voir, la pierre non pas roulée, mais ôtée, enlevée selon Marie de Magdala, pécheresse repentie, présente au moment de la mort, présente au moment de la résurrection.
Chacune de ces femmes, nous interroge. Qui suis-je ? D’où je suis ? Où est-ce que je demeure ? Où je vais ? Chacune nous interroge sur notre capacité à entrer dans la vérité, dans le cœur, même de ce qu’est notre vie. Chacune nous interroge sur notre capacité à affronter nos propres nuits, passage indispensable pour voir la lumière.
Chacune, nous interroge sur le courage qu’il faut pour rentrer dans une relation de vérité avec le Christ.

Marie Madeleine s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau, alors que dans les Évangiles synoptiques le terme roulé est plutôt utilisé. Ici la pierre n’est pas roulée, mais véritablement enlevée. L’expression souligne combien ce tombeau fermé est désormais définitivement ouvert. La mort a été vaincue.

Quelque chose s’est produit, mais peut-être son cœur n’est-il pas encore prêt à comprendre la réalité de ce que ses yeux voient. Le verbe voir ici, utilisé, exprime la perception visuelle ordinaire, souvent traduit par apercevoir. Il y a une furtivité dans ce regard, une rapidité.

Elle court et va chercher les 2 disciples. On a après ce passage cette course de Marie Madeleine dans un sens, puis celle des disciples dans l’autre. Deux disciples Simon Pierre et le disciple que Jésus aimait que par tradition, on assimile à Jean, mais qu’en réalité n’a jamais été désigné comme tel. Cette absence de nom comme pour la samaritaine nous permet peut-être de mieux nous identifier à l’attitude de ces proches de Jésus.
Pierre et le disciple que Jésus aimait courent tous deux ensemble et le deuxième court plus vite que le premier.

Il est intéressant de s’arrêter sur l’attitude des disciples qui se mettent en course pour se rapprocher pour aller vers la vérité, pour aller vers la lumière. On retrouve des passages de cette attitude du disciple qui court vers son salut, du disciple qui court vers Dieu, dans les épîtres de Paul, mais aussi dans les écrits de Salomon, où il y a la hâte de retrouver son bien-aimé, mais aussi la hâte de Zachée pour descendre de son arbre. La course est peut-être l’attitude du disciple qui écoute l’esprit et qui se met rapidement à l’œuvre, qui ne peut plus attendre, « l’esprit est prompt et la chair est faible. » (Mt 26 41)
Beaucoup de versets sur la course entre Pierre et le disciple que Jésus aimait. Des versets entiers pour signifier qu’ils sont partis en même temps, mais que l’un est arrivé avant l’autre, et qu’il s’est tenu près de la porte, sans entrer, en observant.
Pierre est celui qui arrive après. Peut-être Pierre était-il alourdi par l’âge ? Peut-être était-il alourdi par le poids de son reniement ? Par le poids de son absence lors de la crucifixion ?

Toujours est-il que Le disciple que Jésus aimait arrive en premier mais il n’entre pas tout de suite dans le tombeau, il se penche et il aperçoit, le même regard que celui de Marie Madeleine, que les linges sont posés à plat.

Dans l’Évangile, plusieurs verbes en grec sont utilisés dans l’Évangile de Jean, pour voir. Ces différents verbes expriment des réalités différentes. Les deux verbes voir de Marie-Madeleine et du disciple que Jésus aimait, tous deux à l’extérieur du tombeau, sont des verbes qui sont plus proches de l’observation rapide. Il s’agit de voir dans le sens de voir avec l’œil, apercevoir.

Marie-Madeleine et le disciple que Jésus aimait, c’est-à-dire les disciples qui étaient là à sa mort regardent de l’extérieur, aperçoivent sans oser entrer.

Arrive Pierre qui le suivait et qui entre dans le tombeau sans hésiter et il voit dans le sens observe avec plus d’attention les linges posés à plat et son cerveau se met en marche. Il observe, inspecte plus finement et il a une description très précise du fait que la position des vêtements permet de voir que Jésus n’a pas été enlevé, il n’y a pas de désordre. Il y a un ordre qui montre que quelque chose d’incompréhensible s’est produit. Pierre s’intéresse aux choses concrètes.
Le premier disciple, celui que Jésus aimait entre enfin et là il voit de l’intérieur. Là encore un autre verbe est utilisé par ce que ce regard ouvre à une autre dimension. Et c’est en voyant qu’il croit. Son regard n’est pas un simple constat de l’absence de Jésus, ce regard perce l’absence apparente pour percevoir la présence invisible de celui qui n’est plus là. L’absence devient alors pour lui le signe d’une présence. La mort devient le signe de la vie.
Il vit et il crut. Il eut un regard qui lui permit de croire. Dans la réalité il ne voit rien de plus que les deux autres mais il crut. Est-ce l’amour qui a prédisposé le cœur et les yeux de ce disciple à croire ? Il porta un regard qui lui permit de voir l’invisible et il crut.
Saint Paul nous disait que si la Résurrection du Christ était fausse, notre foi serait vaine : « Si le Christ n’est pas ressuscité notre foi est vaine. » 
Aujourd’hui si notre foi est morte, la Résurrection du Christ est vaine ! Si aujourd’hui nous ne croyons pas que le Christ est ressuscité et qu’il a vaincu la mort. Si aujourd’hui nous ne croyons pas qu’avec la Résurrection du Christ nous sommes vainqueurs de notre péché, vainqueurs de nos faiblesses, alors la Résurrection de Jésus est vaine.
Seigneur en ce jour de fête, ouvre les yeux de notre cœur et augmente en nous la foi. Que ce jour soit un jour de la révélation de ta résurrection, dans nos vies, nos situations, nos familles, nos maisons, notre travail, nos caractères, notre cheminement vers toi. Ouvre notre intelligence et fais nous don de la foi afin que nous aussi nous puissions courir et proclamer : IL EST VIVANT ! JESUS EST VRAIMENT RESSUCITÉ !

Dimanche de Pâques – 20 avril 2025 –  Gabrielle Grondin pour Jevismafoi.com en partenariat avec Radio Arc-en-ciel.