Prédication disponible en format audio.
Plus l’homme se rapproche de Dieu et plus il se rend proche de ses frères. Pourquoi opposer la prière et l’action ? Les grands saints étaient des hommes et des femmes de prière. Le secret de leur fécondité spirituelle se trouvait précisément dans le cœur à cœur avec Dieu. Saint Dominique passait ses nuits en prière. Don Bosco et Mère Teresa consacraient de longues heures à l’oraison pour que ce soit l’Esprit Saint qui agisse dans leur faiblesse.
Jésus demande aux proches de Lazare de le délier de ses bandelettes. Ils deviennent ainsi les coopérateurs du Sauveur. Jésus a voulu que le salut de l’homme passe par l’homme. Il a besoin de nous, même si nous nous en estimons indignes et faibles. La nouvelle évangélisation avancera si les chrétiens prennent au sérieux la prière et le service des pauvres. Autrement les baptisés susciteront le rire et le mépris.
Je me souviens des gestes de mon père. Ils ont marqué ma vie de foi, de religieux dominicain, et de prêtre. Le matin, quand nous prenions le train, il aimait à déposer dans un coin une cigarette de son paquet pour un clochard qui passait là dans la matinée. Quand la suie à l’occasion des traversées des tunnels venait à gêner l’œil d’un passager, mon père prenait son mouchoir et doucement la lui enlevait. L’expérience la plus forte eut lieu lors de l’explosion d’une bouteille de gaz dans notre immeuble. Les voisins regardaient derrière leurs fenêtres. Mon père sortit sans hésiter de la maison, entra dans l’appartement sinistré et aida les gens à en sortir.
Les paroles instruisent. L’exemple entraîne.
Lazare qui revient à la vie devient apôtre de Jésus : « Les chefs des prêtres décidèrent alors de faire mourir aussi Lazare, parce que beaucoup de Juifs, à cause de lui, s’en allaient, et croyaient en Jésus »
(Jn 12, 10-11).
Vivant à Port-au-Prince au moment du séisme du 12 janvier 2010, je me rappelle les cris et les larmes d’une jeune religieuse exemplaire qui avait retrouvé une partie de sa famille ensevelie sous les décombres de sa maison. Elle tournait en rond en criant : « Pourquoi ? Pourquoi ? » Beaucoup étaient morts ou devenus handicapés. Pourquoi ai-je deux jambes alors que mon voisin a été amputé ? Pourquoi suis-je vivant alors que mes collègues sont morts après une longue agonie ?
Les survivants du tremblement de terre ont alors apprécié la vie quotidienne comme une grâce. Nombreux sont les chrétiens qui ont relu dans la lumière de la foi cette chance de la vie après l’hécatombe en se disant : « Si je suis vivant c’est que Dieu a une mission pour moi sur la terre et je dois l’accomplir. » C’est ainsi que leur mentalité a changé accordant la priorité à Dieu, à la bienveillance et au service alors que précédemment la soif de réussite à tout prix les empêchait de voir les richesses humaines et divines cachées dans les gens simples et la vie quotidienne. Leur traumatisme a fortifié et transfiguré leur humanité la rendant davantage sensible au malheur d’autrui. Les blessés peuvent devenir des guérisseurs.
Dans l’Évangile, Lazare retiré de la mort devient témoin de Jésus au point que les autorités juives cherchent à le mettre à mort. Lazare aussi a dit Dieu au risque de sa vie.
Retiré de la mort, Lazare devient témoin de Jésus.
Seigneur Jésus, que par ta grâce mes blessures, ma vulnérabilité et mes péchés deviennent occasion de m’appuyer sur toi pour mon salut et pour et salut de mon prochain !
Fr. Manuel Rivero O.P.