Prédication disponible en format audio.
« Un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; il a reçu le pouvoir sur ses épaules et on lui a donné ce Nom : Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père éternel, Prince de Paix, pour que s’étende le pouvoir dans une paix sans fin sur le trône de David et sur son royaume, pour l’établir et pour l’affermir dans le droit et la justice. Dès maintenant et à jamais, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers fera cela »…
Il est donc possible, « dès maintenant », de vivre une rencontre avec le Christ, même si nous ne pouvons, pour l’instant, ni le voir ni le toucher… Cette rencontre se vit dans un cœur à cœur, et elle est le fruit de l’action de Dieu en nous. Autrement dit, la seule attitude qu’il attend de notre côté est notre disponibilité, notre ouverture, notre bonne volonté… Nous lui offrons tout, tout ce que nous sommes, avec nos bons et nos mauvais côtés, nos qualités et nos défauts, nos fidélités et nos infidélités… Et quand nous avons tout remis entre ses mains, il ne nous reste plus qu’à faire attention à ce qu’il nous est donné de vivre… Cette attention nous engage tout entier : cœur, intelligence, corps, etc… Voilà pourquoi il est important d’être le plus en forme possible, et dans des conditions matérielles qui aident à cette attention spirituelle : silence, promenade en nature, prière solitaire ou communautaire, avec des mélodies douces et harmonieuses, etc… Mais dans tous les cas, c’est l’attention du cœur qui prime… Et pour nous aider à avancer dans la foi, nous pouvons nous appuyer sur le témoignage de celles et ceux qui nous ont précédés et qui ont cherché eux aussi Celui que nous cherchons…
Le témoignage de Ste Thérèse de Lisieux est tout particulièrement beau… Le climat général dans lequel elle évolue est tout d’abord celui de la paix : « Mon cœur est plein de la volonté du bon Dieu, aussi, quand on verse quelque chose par-dessus, cela ne pénètre pas à l’intérieur ; c’est un rien qui glisse facilement, comme l’huile qui ne peut se mélanger avec l’eau. Je reste toujours au fond dans une paix profonde que rien ne peut troubler ».
Elle avance ensuite dans la confiance en l’amour toujours offert du Christ : « On pourrait croire que c’est parce que je n’ai pas péché que j’ai une confiance si grande dans le bon Dieu. Dites bien, ma Mère, que si j’avais commis tous les crimes possibles, j’aurais toujours la même confiance, je sens que toute cette multitude d’offenses serait comme une goutte d’eau jetée dans un brasier ardent… Je l’aime ! Il ne m’abandonnera jamais ! »
Elle a aussi conscience que cette paix intérieure qui règne en son cœur est un silence plein de vie, une vie qui est déjà participation réelle à la Vie du Ciel : « Je ne vois pas bien ce que j’aurai de plus après la mort que je n’ai déjà en cette vie. Je verrai le Bon Dieu, c’est vrai ! Mais pour être avec Lui, j’y suis déjà tout à fait sur la terre. »
Enfin, lorsqu’elle essaye de décrire ce qu’elle vit, elle n’y arrive pas… et pourtant, il y a bien quelque chose, elle ne rêve pas : « La vie est bien mystérieuse. Nous ne savons rien, nous ne voyons rien, et pourtant, Jésus a déjà découvert à nos âmes ce que l’œil de l’homme n’a pas vu. Oui, notre cœur pressent ce que le cœur ne saurait comprendre, puisque parfois nous sommes sans pensée pour exprimer un « je ne sais quoi » que nous sentons dans notre âme »…
« En vérité, en vérité, je vous le dis, l’heure vient – et c’est maintenant – où les morts », les pécheurs blessés à mort par suite de leurs fautes, « entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendu vivront » (Jn 5,25). Or la voix de Jésus, « Verbe fait chair », est non seulement celle qui sort de sa bouche, lorsqu’il nous donne la Parole de Dieu, mais elle est aussi, au même moment, celle de l’Esprit Saint qui joint toujours sa voix à la sienne pour lui rendre témoignage (Jn 16,26)… Et « la voix » de l’Esprit est « vie » dans les cœurs, vie éternelle, une Vie qui est Plénitude et Paix… Ste Thérèse de Lisieux lui rendait témoignage par son « je ne sais quoi »… Elle la vivait, elle y faisait attention, elle en était certaine, et pourtant, elle ne savait rien sinon que ce « je ne sais quoi » était bien là… Jésus en St Jean ne dit pas autre chose : « Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas ni d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit » (Jn 3,8).
Prions : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière, sur les habitants du pays de l’ombre une lumière a resplendi… car un enfant nous est né, un Fils nous a été donné » (Is 9,1-5)… « pour donner à » tout homme qui acceptera de l’accueillir « de connaître le salut, par la rémission de ses péchés. Tout cela, nous le devons aux entrailles de Miséricorde de notre Dieu dans lesquelles nous a visités l’Astre d’en haut » (Lc 1,76-79)… Comblés par son Esprit, « cachés au creux de son mystère, nous le reconnaissons sans jamais le saisir. Le pauvre seul peut l’accueillir, d’un cœur brûlé d’attention, les yeux tournés vers sa lumière » (CFC). « Dès maintenant l’Amour Inconditionnel du Seigneur fait cela » (cf. Is 9,5) en se donnant à tous les cœurs de bonne volonté… Et tel est le plus beau des cadeaux de Noël qui puisse exister…
Diacre Jacques Fournier – Avent 2017 – samedi 23 décembre 2017