« Jésus, vainqueur de tout mal, pour que nous aussi, avec Lui, nous soyons vainqueurs de tout mal »…

Prédication disponible en format audio.

          Avec le récit des tentations de Jésus, St Luc veut nous montrer à quel point le Christ est vainqueur de tout mal.

          Le démon l’invite d’abord à entrer dans une logique égoïste de satisfaction de lui-même. Jésus n’a pas mangé durant quarante jours, il a faim ? « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain », autrement dit « utilise ton pouvoir divin pour toi-même », et ainsi, tu n’auras plus faim… Mais Jésus ne fait rien de lui‑même pour lui-même : « En vérité, en vérité, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même qu’il ne le voie faire au Père : ce que fait le Père, le Fils le fait pareillement car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait » (Jn 5,19-20).  Jésus va donc tout de suite remettre à la première place sa relation avec ce Père Tout Amour qui se donne à Lui de toute éternité pour lui donner d’être ce qu’Il Est : « Né du Père avant tous les siècles, il est Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu » et donc lui aussi Plénitude d’Être, de Vie et donc de Joie… « Comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même… Je vis par le Père » (Jn 5,26 ; 6,57). Le Fils est donc comblé par cet Amour du Père, comblé, joyeux, et profondément heureux : « À cette heure même, il tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit Saint et il dit : Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre » (Lc  10,21)… Folie du démon, Jésus répondra donc à cette tentation d’une satisfaction égoïste en redisant tout simplement l’éternel bonheur qui est le sien dans le cadre de sa relation avec son Père : « L’homme ne vit pas seulement de pain », « mais de tout ce qui sort de la bouche de Dieu », poursuit le Livre du Deutéronome (Dt 8,3), une image qui renvoie à ce Souffle de Vie que Jésus reçoit du Père de toute éternité, Don de « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63) par lequel le Père l’engendre en Fils… Et c’est ce Don qu’il est venu proposer à notre foi : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22), pour que nous aussi nous puissions vivre ce qu’il vit…

          La seconde tentation sera de se détourner de Dieu, « le Roi de Gloire » (Ps 24(23)), pour vivre le pouvoir, non pas en termes de ‘capacité à servir’, et telle est la logique de l’Amour, mais comme une domination orgueilleuse, avec toute la vaine gloire qui lui est associée… « Le diable lui montra tous les royaumes de l’univers et lui dit : Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes ». Mais folie du démon, ce dernier promet de faire « roi du monde » celui qui est déjà « le Prince des rois de la terre » (Ap 1,5), le « Seigneur de la Gloire » (1Co 2,8), « par qui tout a été fait » (Jn 1,3), lui y compris ! Mais non, Jésus remet à nouveau, humblement, mais avec beaucoup de joie et de reconnaissance, son Père à la première place : « C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras,
 à lui seul tu rendras un culte ». 

          Enfin, le démon voudrait pousser Jésus à faire en sorte que le Père soit contraint, forcé, obligé d’agir pour lui… « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit : « Il donnera pour toi des ordres à ses anges afin qu’ils te gardent » (Ps 91). Mais telle est encore la logique de la domination, et non celle de l’amour réciproque : dans l’amour, on sait que l’on peut compter sur l’autre, toujours et partout, cet autre qui, de son côté, ne cesse de rechercher le meilleur pour celui qu’il aime… « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu », répond Jésus… Il est sûr de l’Amour de son P ère… Et aussitôt cette dernière tentation vécue, St Matthieu précisera que « des anges », envoyés par le Père, « s’approchèrent de Jésus et ils le servaient », lui apportant tout ce dont il avait besoin… Le Père a donc bien « donné pour lui des ordres à ses anges afin qu’ils le gardent »… « En toi ils espéraient, et n’étaient pas déçus » (Ps 22(21),6)…

Prions : Tu protèges, Seigneur, ceux qui comptent sur toi ;

          sans toi rien n’est fort et rien n’est saint :

          Multiplie pour nous tes gestes de miséricorde

          afin que, sous ta conduite,

          en faisant un bon usage des biens qui passent,

          nous puissions déjà nous attacher à ceux qui demeurent.

          Nous te le demandons par Jésus ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu, Lui qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint Esprit maintenant et pour les siècles des siècles…

Dimanche 10 mars 2019 – Diacre Jacques Fournier

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