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Au baptême de Jésus, le ciel s’ouvre, et le Père s’adresse à son Fils : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie »… Le Dieu Unique se révèle en Jésus Christ comme Mystère de relations éternelles… Et chaque Personne divine se donne et se reçoit en ces relations, de telle sorte que ces dernières sont constitutives de leur Être même… Un père peut-il exister sans un fils ? Un fils peut-il être par lui-même sans un père ? Il en est de même, et à plus forte raison encore, lorsque nous regardons Dieu le Père, et Dieu le Fils…
En effet, Dieu le Père est totalement tourné vers le Fils, et il se donne tout entier à lui, il l’aime, c’est « sa raison d’être »… « Tu comptes beaucoup à mes yeux », énormément, infiniment, « tu as du prix et je t’aime » (Is 43,4). « Le Père aime le Fils, et il a tout donné, il donne tout, en sa main » (Jn 3,35). Ce présent a ici valeur d’éternité… Depuis toujours et pour toujours, « le Père aime le Fils »… Et pour le Père, « aimer le Fils » n’est pas d’abord une parole mais un acte : le Père aime le Fils en lui donnant tout, tout ce qu’il est, tout ce qu’il a… « Tout ce qu’a le Père est à moi », dira Jésus (Jn 16,15). Oui, Père, « tout ce qui est à toi est à moi » (Jn 17,10). Par amour, le Père donne tout au Fils, tout ce qu’Il Est, et c’est ainsi qu’il l’engendre en « Fils unique », « Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré non pas créé », disons-nous dans notre Crédo.
Dans la seconde lecture de cette fête du Baptême du Seigneur, St Jean évoque ainsi « le Père qui a engendré » et « le Fils qui est né de lui », et cela est vrai depuis toujours et pour toujours, « né du Père avant tous les siècles » disons-nous encore dans notre Crédo.
C’est cette réalité éternelle qui se manifeste au moment du baptême de Jésus. « Les cieux se déchirent », le voile se déchire, Dieu se révèle, et « une voix », celle du Père, se fait entendre : « Tu es mon Fils bien-aimé », autrement dit, « Tu es mon Fils » et je n’ai qu’une Parole à te dire : « Je t’aime ! ». Et cette Parole se fait entendre alors que Jean-Baptiste voit le Don de l’Esprit Saint jaillir des cieux ouverts, et donc du Père, pour « descendre sur Jésus » et « demeurer sur lui » (Jn 1,32-33), en Plénitude.
Et le Père poursuit : « En toi, je trouve ma joie ». Or, écrit St Paul, « le fruit de l’Esprit est Amour, Paix, Joie » (Ga 5,22), car Dieu est tout à la fois « Esprit » (Jn 4,24 : « Dieu est Esprit. »), « Amour » (1Jn 4,8 et 4,16 : « Dieu est Amour. »), et l’on pourrait poursuivre avec « le Dieu de la Paix » (cf. Rm 15,33 ; 16,20 ; 2Co 13,11 ; Ph 4,9 ; 1Th 5,23 ; Hb 13,20 ; Jn 14,27), le Dieu de la « Joie » (cf. Jn 15,11)… « En toi, je trouve ma joie », car en toi je trouve tout ce que Je Suis, puisque de toute éternité « je t’aime », et donc je te donne tout ce que Je Suis, et je t’engendre ainsi en Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu… L’ancienne traduction liturgique donnait : « En toi j’ai mis tout mon amour ». « Dieu est Amour » ? Le Père « est Amour » ? Depuis toujours et pour toujours, le Père met en son Fils tout son Amour, tout ce qu’Il Est, et Il Est Dieu. « Avant tous les siècles », il est ainsi, pour reprendre les expressions de St Jean, « le Père qui a engendré », et Jésus, Lui, « est le Fils qui est né de Lui »… « En toi, j’ai mis tout ce que Je Suis », « je t’aime », et « j’ai donc tout donné, je donne tout, en ta main » (Jn 3,35)…
Le baptême de Jésus est ainsi comme une photo instantanée d’une réalité éternelle : le Père qui se donne au Fils, tout entier, en tout ce qu’Il Est, et le Fils, engendré par le Père, qui se reçoit tout entier du Père, en tout ce qu’Il est, en Fils Unique… « Nous avons vu sa Gloire, Gloire qu’il tient de son Père comme Unique Engendré » (Jn 1,14)…
Chemin de Noël – Mardi 6 janvier 2014 – Diacre Jacques Fournier.