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Dieu « Amour » en tout son Être (1Jn 4,8.16), « Dieu Esprit » (Jn 4,24) a créé l’homme « esprit » en lui donnant de participer à ce qu’Il Est (Gn 2,4b-7 ; Sg 15,11 ; 2,23), en lui donnant d’être « esprit » à son tour, « esprit » du même « Esprit »… Et telle est la logique première de l’Amour, telle qu’elle existe par exemple entre Dieu Père et Dieu Fils de toute éternité, le Père se donnant au Fils en tout ce qu’Il Est, l’engendrant ainsi en Fils « né du Père avant tous les siècles », le Fils se recevant du Père en tout ce qu’Il Est, « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo). Ainsi, pour chacune des Trois Personnes divines, « aimer, c’est tout donner et se donner soi‑même », au sens littéral de l’expression, « donner ce qu’Elle Est Elle‑même »… Sur cette terre, chaque être humain « esprit » est ainsi le fruit de l’Amour qui l’a créé en se donnant à lui, et en lui donnant ainsi de participer à ce qu’Il Est …

En tant qu’ « esprit », le tréfonds de chacun d’entre nous est donc un trésor, riche de toutes les richesses de l’Être de Dieu, richesses qui ne demandent qu’à s’épanouir pour imprégner toutes les dimensions de nos vies… Mais pour qu’il en soit ainsi, la clé est l’ouverture du cœur, et cela de tout cœur… Cette ouverture du cœur, en tant qu’ouverture à un autre que nous-mêmes, sera tout en même temps ouverture à Dieu et à tous les « autres » qui nous entourent…

 

L’ouverture à Dieu se vit dans la foi, car le « Dieu Esprit » échappe à la saisie directe de nos sens : impossible à voir, à toucher, à saisir… Pourtant, par notre dimension spirituelle même, « Dieu est présent de manière invisible à la racine de notre être ; notre foi et notre amour l’atteignent, mais il reste caché au regard arrogant de notre esprit à sa recherche, qui essaie de se saisir de lui et de s’assurer une possession permanente de lui par un acte de connaissance qui donnerait pouvoir sur lui » (Thomas Merton)… Si nous arrivons à lâcher prise en ce domaine, à nous abandonner à cet Autre infiniment proche en fait, puisque c’est Lui qui nous donne de vivre instant après instant (Job 34,14-15), nous pourrons néanmoins percevoir quelque chose de son action en étant attentifs à ce qu’il nous donne de vivre… « Il m’entraîne dans des silences », sa Paix, « d’où je voudrais ne jamais sortir »… Mais pour cela, il faut s’oublier, renoncer à soi-même pour s’ouvrir à l’Autre, et en fait, au même moment, aux autres, à tous les autres… « Cela vous paraît difficile de vous oublier ? Si vous saviez comme cela est simple ! Je vais vous donner mon secret. Pensez à ce Dieu qui habite en vous, dont vous êtes le Temple. C’est Saint Paul qui parle ainsi, nous pouvons le croire. Petit à petit, l’âme s’habitue à vivre en sa douce compagnie, elle comprend qu’elle porte en elle un petit ciel où le Dieu d’Amour a fixé son séjour. Alors, c’est comme une atmosphère divine en laquelle elle respire. Il n’y a plus que son corps qui est sur la terre, son âme habite en celui qui est l’Immuable… Il me semble qu’au ciel ma mission sera d’attirer les âmes en les aidant à sortir d’elles-mêmes pour adhérer à Dieu par un mouvement tout simple et tout amoureux, de les garder en ce grand silence du dedans qui permet à Dieu de s’imprimer en elles et de les transformer en lui » (Ste Elisabeth de la Trinité).

Ainsi, le tréfonds de notre être, notre dimension spirituelle, est un trésor, appelé à s’épanouir en s’ouvrant à Dieu, et, au même moment, aux autres… Dieu invisible, insaisissable pourra être néanmoins perçu dans la mesure où nous le laisserons agir en nous comme il veut, ce qui se traduira par une vie, une manière de vivre, une intensité de vie et de paix qui ne vient pas de nous. Et au même moment, dans cette même ouverture du cœur, nous serons invités à nous ouvrir aux autres pour les accueillir et les aimer du mieux que nous pouvons…

 

Prions… Seigneur, tu connais nos égoïsmes, nos multiples recherches de nous‑mêmes, d’une manière ou d’une autre, recherches qui nous ferment à toi et aux autres… Nous te les offrons pour que tu règnes sur tout ce qui, en nous, est plus fort que nous et nous empêche de vivre pleinement l’aventure à laquelle tu nous appelles… Alors, petit à petit, de recommencement en recommencement, nous expérimenterons, par ta miséricorde et ton pardon, la liberté et la plénitude de Vie dans laquelle tu veux nous voir nous épanouir en nous donnant à toi et aux autres, à toi et à tous les autres…

 

Diacre Jacques Fournier