Prédication disponible en format audio.

« La parole du Seigneur me fut adressée en ces termes », écrit le prophète Jérémie : Israël, « je me rappelle l’affection de ta jeunesse, l’amour de tes fiançailles, alors que tu marchais derrière moi au désert », pendant le temps de l’Exode. A cette époque, en effet, « le Seigneur marchait avec eux, le jour dans une colonne de nuée pour leur indiquer la route, et la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer, afin qu’ils puissent marcher de jour et de nuit. La colonne de nuée ne se retirait pas le jour devant le peuple, ni la colonne de feu la nuit. » (Ex 13,21). Sa Présence était donc continuelle et manifeste. Tout le Peuple pouvait la voir, la reconnaître… Et chaque jour, ils récoltaient en abondance « la manne » : « On eût dit de la graine de coriandre, c’était blanc et cela avait un goût de galette au miel » (Ex 16,31). Et quand ils avaient soif, le Seigneur faisait jaillir pour eux de l’eau de la roche la plus dure (Ex 17).
Et pourtant, malgré toutes ces prévenances, toutes ces attentions, Israël se détourna de son Dieu… C’est tout simplement incompréhensible… Dieu Lui-même semble perdu… « Ainsi parle le Seigneur : En quoi vos pères m’ont-ils trouvé injuste pour s’être éloignés de moi, pour marcher derrière la Vanité et devenir eux-mêmes vanité ? » En se tournant vers « la Vanité, ce qui n’est rien », les idoles païennes, les Israélites sont en effet devenus à leur tour des « riens », vides de tous ces biens dont le Seigneur voulait les combler… Et ils sont comme indifférents à leur état misérable ! Et Dieu Lui-même, encore une fois, semble ne plus rien comprendre… « Ils n’ont pas dit : Où est le Seigneur qui nous fit monter du pays d’Égypte et nous fit marcher dans le désert… Pourtant je vous ai conduits au pays du verger pour vous rassasier de ses fruits et de ses biens ; vous êtes entrés et vous avez souillé mon pays, mon héritage, vous l’avez changé en abomination »… « Cieux, soyez-en étonnés, oracle du Seigneur. Car mon peuple a commis deux crimes : Ils m’ont abandonné, moi la source d’eau vive, pour se creuser des citernes, citernes lézardées qui ne tiennent pas l’eau. » « Moi, cependant, je t’avais plantée comme un cep de choix, tout entier d’excellente semence. Comment t’es-tu changée pour moi en sauvageons d’une vigne étrangère ? » « Ai-je été un désert pour Israël, ou une terre ténébreuse ? Pourquoi mon peuple dit-il : Nous vagabondons, nous n’irons plus à toi ? Une vierge oublie-t-elle ses parures, une fiancée sa ceinture ? Mais mon peuple m’a oublié depuis des jours sans nombre. » « Et moi qui m’étais dit : Comment te placerai-je au rang des fils ? Je te donnerai une terre de délices, l’héritage le plus précieux d’entre les nations. Je me disais : Vous m’appellerez Mon Père et vous ne vous séparerez pas de moi. Mais comme une femme qui trahit son compagnon, ainsi m’avez-vous trahi, maison d’Israël, oracle du Seigneur. »

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Et pourtant, Dieu, envers et contre tout, n’a jamais cessé de les aimer, de désirer leur présence à ses côtés, en cœur à cœur… « Ah ! comme tu t’es tracé un bon chemin pour quêter l’amour ! » « Va donc crier ces paroles du côté du Nord ; tu diras : Reviens, rebelle Israël, oracle du Seigneur. Je n’aurai plus pour vous un visage sévère », autrement dit : si vous avez cru que je pouvais avoir un visage sévère, vous constaterez par vous-mêmes qu’il n’en est pas ainsi, « car je suis miséricordieux, oracle du Seigneur ». Et la communauté juive d’Alexandrie reprendra ici, en grec, le Nom divin révélé à Moïse (Ex 3,14), « Je Suis », et ils écriront : « Je Suis Miséricordieux ». Autrement dit, Dieu, en tout son Être n’est que Miséricorde et Compassion… Le mal nous fait mal ? « Mon cœur en moi est bouleversé, toutes mes entrailles frémissent » (Os 11,8), dit Dieu. Israël, « n’as-tu pas provoqué cela pour avoir abandonné le Seigneur ton Dieu, alors qu’il te guidait sur ta route ? Comprends et vois comme il est mauvais et amer d’abandonner le Seigneur ton Dieu ». Oui, Israël, « tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime » (Is 43,1-7). Aussi « revenez, fils rebelles, car je veux guérir vos rébellions », je veux vous guérir de toutes les blessures et de toutes les souffrances qui sont les conséquences directes de vos fautes… « Reconnais seulement ta faute : tu t’es révoltée contre le Seigneur ton Dieu, tu as couru en tous sens vers les Étrangers, sous tout arbre vert, et vous n’avez pas écouté ma voix, oracle du Seigneur ». Alors, « fais toi-même le compte » de toutes tes fautes, « afin d’être justifiée » (Is 43,26). « Allons! Discutons! dit le Seigneur. Quand vos péchés seraient comme l’écarlate, comme neige ils blanchiront ; quand ils seraient rouges comme la pourpre, comme laine ils deviendront. Si vous voulez bien obéir, vous mangerez les produits du terroir » (Is 1,18-19), vous serez comblés de mes biens, de ma vie, de ma paix… Et vous trouverez alors, au plus profond de votre être, le vrai bonheur…

Prions : Dieu de Tendresse et Seigneur de Miséricorde, viens déployer au cœur de toutes nos fragilités la Puissance de ton Amour. Qu’elle nous donne d’accomplir ce que nous ne pouvons faire par nous-mêmes : te suivre sur le chemin de la vie, pour notre plus grande joie… et pour la tienne !

Jacques Fournier, Diacre – Chemin de Carème

Transcription audio : Jacques Fournier