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L’aigle monte très haut. Dans le ciel, il est capable de discerner la présence d’animaux même petits ; c’est alors qu’il plonge sur la terre.

À l’exemple de l’aigle, saint Jean a rejoint dans sa contemplation très pure le mystère du Ciel. Sur la terre, il l’a fait connaître avec clarté et précision : « Dieu est amour » (1Jn 4,16). Non pas amour éthéré, dans l’azur, mais incarné : « Le Verbe s’est fait chair et il a campé parmi nous » (Jn 1, 14).

Loin de rejeter la condition charnelle de l’humanité, saint Jean manifeste l’amour de Dieu pour sa créature en envoyant son propre Fils prendre chair et devenir homme comme chacun d’entre nous sauf le péché

Alors que nombreux sont ceux qui perdent confiance en la dignité et en la bonté de la nature humaine, déçus par tant de guerres et d’arrogance, saint Jean brille dans l’histoire de l’Église comme le chantre du mystère de l’Incarnation, en exaltant la grandeur de l’homme : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux , ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ; -car la Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue » (1 Jn 1, 1-2).

Le prologue de son Évangile, résumé du mystère du Christ, jadis lu au terme de chaque messe dans l’ancienne liturgie, figure parmi les textes les plus sublimes et profonds de l’histoire de la littérature mondiale. En quelques mots, saint Jean introduit ses lecteurs ou auditeurs dans le cœur de Dieu. Il fait rejoindre l’origine du monde dans la sagesse du Verbe. Il donne un avant-goût de la Vie éternelle.

Saint Jean n’écrit pas de catalogues de vices ni de vertus. Son message repose sur la dialectique et le paradoxe pascal : il faut mourir pour ressusciter à l’image du grain de blé tombé en terre qui port du fruit ;

La vie de l’homme dépend de sa réponse à la manifestation de Jésus-Christ. L’existence humaine se dégrade dans le refus de croire. L’homme appelé au bonheur tombe alors dans le malheur. Au lieu de grandir dans la lumière, il peine dans les ténèbres.

Le disciple bien-aimé de Jésus, qui a reposé sur le cœur de son Maître lors de la dernière Cène, était le plus jeune parmi les apôtres. Il parle toujours aux jeunes qui ont à faire un choix décisif dans leur vie et pour leur vie, au-delà des réussites dans les études, dans la vie professionnelle ou amoureuse : « A qui veux-tu donner ta vie ? ; pour qui veux-tu vivre ? ».

Il importe de distinguer « réussir dans la vie » et « réussir sa vie ». Souvent les parents insistent auprès des enfants pour qu’ils réussissent dans la vie : bonne formation, performance et excellence dans la vie professionnelle, aisance et confort, statut social apprécié, célébrité … Ce projet de réussite dans la vie se heurte irrémédiablement aux obstacles de chaque parcours : maladie, abandon sentimental, déceptions professionnelles et en définitive la mort qui met un terme à toute carrière.

Le risque est grand de réduire la grandeur de la vocation des enfants de Dieu aux apparences de la réussite dans l’avoir, le pouvoir et le paraître.

En revanche, saint Jean montre la réussite de la vie dans l’accueil de l’amour du Christ et le service du prochain. Une vie réussie est une vie donnée.

Chose étonnante, saint Jean ne rapporte pas dans son évangile l’institution de l’eucharistie mais il met en lumière le lavement des pieds à la dernière Cène : « Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres ; comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples ; si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13, 34-35).

Sacrement de l’amour de Dieu, l’eucharistie donne aux chrétiens de demeurer et de progresser dans l’amour. « Sans la messe, nous ne pouvons pas vivre », déclaraient les premiers chrétiens face aux persécutions.

Prions pour que la charité soit l’âme des chrétiens.

Prions pour les baptisés qui ont mis de côté la célébration de la messe au risque de devenir fragiles et tièdes.

Prions le Seigneur de nous donner des vocations au baptême et des vocations à la prêtrise, afin que l’amour de Dieu rendu présent dans la messe, nourrisse la foi et l’espérance des affamés de Dieu.

Fête de saint Jean, apôtre et évangéliste – 27 décembre 2025 – Fr. Manuel RIVERO O.P. pour jevismafoi.com en partenariat avec Radio Arc en ciel