Prédication disponible en format audio.
L’Eglise fête aujourd’hui St Jean… Seuls Matthieu et Luc nous ont parlé de la naissance de Jésus… St Jean, lui, l’évoque en quelques mots, au tout début de son Evangile : « Et le Verbe s’est fait chair » (Jn 1,14). Dans les versets précédents, il nous l’a présenté dans son éternité : avant tout commencement, « le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu » (Jn 1,1)… Suivra peu après la première précision sur son Mystère : « Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes » (Jn 1,4)…
La vie… Alors que Marc emploie ce mot 4 fois, Luc 5 fois, Matthieu 7 fois, Jean l’utilise 36 fois… Pour lui, il résume toute la mission de Jésus : « Je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait en surabondance » (Jn 10,10). Et tout ce qui est en lien avec lui s’y rapporte : il propose ainsi de « l’eau vivante » à la Samaritaine (Jn 4,10‑14) et se révèle comme étant « le pain de vie » (Jn 6) : « Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde. » Pour la recevoir, il suffit de croire, d’ouvrir son cœur : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit a la vie éternelle » (Jn 6,33.47).
Or Dieu seul est éternel : « Ne le sais-tu pas? Ne l’as-tu pas entendu dire ? » écrit le prophète Isaïe : « Le Seigneur est un Dieu éternel, créateur des extrémités de la terre… Et dans une miséricorde éternelle, je te manifeste ma tendresse, dit le Seigneur, ton rédempteur » (Is 40,28 ; 54,8). Jésus est ainsi « l’Astre d’en haut qui nous a visités dans les entrailles de Miséricorde de notre Dieu pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort » et leur « donner ainsi de connaître le salut par le pardon de leurs péchés » (Lc 1,76-79). Il est, nous dit St Jean, « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29). Remarquons le présent du verbe : « il enlève », il ne cesse de l’enlever, jour après jour… « Il n’y a qu’un mouvement au cœur du Christ : enlever le péché et conduire l’âme à Dieu » (Ste Elisabeth de la Trinité). Alors, si « le salaire du péché, c’est la mort », une expérience quotidienne, pour nous, pécheurs, « le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23). Si donc, de repentir en repentir, nous offrons notre misère au Christ, Lui, de miséricorde en miséricorde ne cessera de l’enlever, inlassablement : nous pourrons ainsi faire l’expérience sans cesse renouvelée de cette vie éternelle qui nous est gratuitement donnée… Elle est la vie même de Dieu, et sa simple présence au fond de nos cœurs porte avec elle une ‘signature’ unique de Plénitude et de paix : « Il m’entraîne dans des silences d’où je voudrais ne jamais sortir » (Ste Elisabeth de la Trinité).
Telle est cette vie nouvelle qui nous est proposée, instant après instant, et qui ne nous manquera jamais car la Miséricorde de Dieu est inépuisable et éternelle. Avec elle, ce sont même les plus grands pécheurs qui sont invités à recevoir les plus grandes grâces : « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20). En effet, la ‘signature’ du péché en nos cœurs est, elle, « souffrance et angoisse » (Rm 2,9), « privation » (Rm 3,23) de gloire et donc de plénitude, de bonheur profond… « Malheureux êtes-vous » dit alors Jésus… Les plus grands pécheurs sont donc en fait les plus malheureux… Et même s’ils ne sont peut-être pas conscients de la gravité de leur état, leur situation bouleverse le cœur de Dieu (Os 11,8)… Comment un Père pourrait-il rester insensible à la souffrance de ses enfants ? En enlevant le péché, même si les épreuves de cette vie demeurent pour la plus part, Jésus déposera au fond du cœur une Plénitude discrète mais bien réelle qui est déjà participation à la vie éternelle de Dieu, à sa Paix, à sa Joie… L’accueillir, la reconnaître, vivre de cette vie, sera alors déjà ici bas un avant goût du Bonheur, avec un grand B…
St Jean a découvert cette vie avec le Christ… Il l’a accueillie, vécue, reconnue. Et il n’a fait que dire ce qu’il vivait, un témoignage qui n’a d’autre but que de nous permettre d’accueillir à notre tour cette même vie et de découvrir nous aussi, par nous‑mêmes, en le vivant, que « là » est bien le vrai Bonheur, un Bonheur capable de jaillir, par la Miséricorde de Dieu, du plus profond de nos ténèbres… « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière », « la lumière de la vie » (Jn 8,12)… « Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous » (1Jn 1,2-3)…
Prions… avec les paroles de la chanson de Christophe Maé :
Il est où le bonheur, il est où ? Il est où ?
Il est où le bonheur, il est où ? Il est où ?
J’ai fait la cour, j’ai fait mon cirque
J’attendais d’être heureux
J’ai fait le clown, c’est vrai et j’ai rien fait
Mais ça ne va pas mieux
J’ai fait du bien, j’ai fait des fautes
On fait comme on peut
J’ai fait des folies, j’ai pris des fous rires, ouais
Je croyais être heureux
Mais, y a tous ces soirs de Noël, où l’on sourit poliment
Pour protéger de la vie cruelle
Tous ces rires d’enfants
Et ces chaises vides qui nous rappellent
Ce que la vie nous prend…
Il est où le bonheur, il est où ? Il est où ?
Il est où le bonheur, il est où ? Il est où ?
Il est là le bonheur, il est là !
Il est là !
St Jean, témoin du Christ, l’a vu, accueilli, et reconnu…
Fête de saint Jean, apôtre et évangéliste – Vendredi 27 décembre 2019– Diacre Jacques FOURNIER
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