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Les convertis manifestent une grande joie de vivre ! La religion chrétienne se caractérise par la lumière et la joie.
La conversion consiste à passer de l’image de Dieu que nous pouvons avoir à celle dont nous faisons l’expérience dans la vie chrétienne. Les fausses images de Dieu bouillonnent autour de nous : Dieu voleur d’énergies, opposé à notre épanouissement, gendarme prêt à nous punir …
La prière demeure un haut lieu de la rencontre avec Dieu. Saint Luc, dans son évangile sur la Transfiguration (Lc 9, 28-36), précise que le visage de Jésus a révélé la lumière de Dieu alors qu’il priait avec Pierre, Jacques et Jean sur la montagne du Thabor.
En Jésus réside corporellement la plénitude de la lumière de Dieu (cf. Col 2,9). Cette lumière passe dans les cœurs des disciples qui découvrent un bonheur inédit. Il est dommage que les joies spirituelles ne soient pas mises en valeur dans la présentation de notre religion. Habituellement, les plaisirs sont attribués aux réalités matérielles tandis que les interdits et les contraintes relèveraient de la foi. Il y a de grandes joies dans la vie intellectuelle et spirituelle ; il y a un immense bonheur à approfondir la connaissance de Dieu dans la lecture de la Parole de Dieu et dans la prière.Vatican_Transfiguration
De grands saints nous parlent de leur attrait pour la prière pendant leur enfance. Ils aimaient à fabriquer de petits autels et des lieux de prière pour s’entretenir dans l’intimité avec Dieu. Et là ils étaient « sur une autre planète ».
Si la prière nous apporte la lumière du Christ, elle comporte aussi combat, ténèbres et ennui. Une définition de l’oraison, prière silencieuse et solitaire, me semble exprimer la réalité de cette aventure humaine de la prière : « Une heure de ténèbres pour vivre vingt-quatre heures dans la lumière ». Habituellement l’oraison, prière intime avec Dieu, cœur à cœur et face à face, demande une heure au cours de laquelle des sentiments divers traversent l’esprit : désir, fatigue, distraction, et vers la fin paix.
Si l’heure d’oraison suppose combat pour durer et pas nécessairement des minutes d’ivresse spirituelle, il en va autrement de ses fruits pendant le reste de la journée. Les autres vingt-trois heures en sortent transfigurées, transformées intérieurement, par la présence dynamique de l’Esprit Saint, le grand maître de la prière. Concrètement l’homme qui prie Jésus perd moins de temps en discours et propos inutiles. La prière agit comme un ressort qui se concentre pendant une heure puis se déploie pendant le reste du temps.
En ce Carême, le Christ vient transfigurer notre existence à partir de la prière. Pensons à lui consacrer une heure par jour dans le silence et la lecture spirituelle. Nous verrons que ce voyage au désert change notre quotidien en une oasis où l’eau vive de l’Esprit Saint désaltère notre soif de Dieu, de sens, d’amour.
Il arrive aussi que des visages sombres deviennent souriants, lumineux et beaux par la prière. Dieu saint sanctifie et embellit nos esprits et nos corps.
Pierre, Jacques et Jean ont partagé l’angoisse de Jésus à Gethsémani la veille de sa mort. En priant avec eux sur le mont Thabor, Jésus les a fortifiés par la révélation de sa lumière en vue du moment de l’épreuve.
Chacun de nous connaît des « Gethsémani » et des « Calvaires » ; la prière où nous recevons la lumière de la foi en la divinité de Jésus nous fortifie pour affronter les tentations et les souffrances.
Pendant ce Carême, nous pouvons veiller aussi à dire du bien de la prière comme rencontre avec Dieu, lieu de la lumière du ressuscité et bonheur de l’homme au milieu des épreuves.
Des personnes détenues font aussi cette découverte de la présence du Christ lumière dans les ténèbres de la prison. Des malades reçoivent la lumière du Transfiguré au cœur des douleurs. Ils deviennent alors des témoins de la Lumière pour ceux qui la cherchent à tâtons dans le doute.

Fr. Manuel Rivero O.P. – Chemin de Carème

Transcription audio : Manuel Rivero