Prédication disponible en format audio.

L’Église qui est en prison célèbre la mort et la résurrection du Christ. Des croyants sont en prison. Ils sont le Corps du Christ en prison. Les chrétiens en prison ne représentent pas un kyste de l’Église. Ils sont l’Église vivante, la présence du Christ en prison. Puisqu’ils ne font qu’un avec le Christ Jésus à l’image des membres d’un corps reliés à la tête, nous pouvons dire que le Christ est en prison. D’ailleurs, nous serons jugés sur notre attitude envers les personnes détenues. Jésus s’identifie aux prisonniers. Au jour du Jugement dernier, le Seigneur Jésus ne nous demandera pas notre certificat de baptême mais il nous mettra devant nos actes : « Viens, car j’étais en prison et tu es venu me voir » ou « éloigne-toi de moi car j’étais en prison et tu m’as ignoré » (cf. Mt 25).
Dans l’Ancien Testament, de grandes figures de la foi en Dieu ont souffert en prison. Le patriarche Joseph a été envoyé en prison injustement mais tout concourt au bien de ceux qui cherchent Dieu (cf. Rm 8, 28). Par son charisme dans l’interprétation des songes, Joseph, vendu comme esclave par ses frères jaloux et jeté en prison par une femme séductrice qu’il avait repoussée, sera élevé par Pharaon au rang de maître du palais (cf. Gn 41, 39). À cause de sa mission prophétique, le jeune prophète Jérémie sera enfermé dans une citerne (cf. Jr 38) où il gisait dans la vase et la faim.

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Dans le Nouveau Testament, Jésus lui-même a passé la nuit du Jeudi saint en détention chez Caïphe, le Grand Prêtre (cf. Mt 26, 57). Devant Pilate, Jésus a été jugé comme un criminel, entouré de soldats romains moqueurs, mis au rang des prisonniers coupables.
Après la résurrection de Jésus, Pierre, Jean et Paul connaîtront aussi la prison (cf. Ac 5, 18 ; 16, 16s). L’Église des premiers siècles, Église des martyrs, a fait resplendir la lumière du Christ dans les prisons et les tortures.
Aussi les chrétiens demeurent-ils sensibles aux souffrances et attachés à la défense de la dignité et des droits des personnes détenues.
Concrètement, à La Réunion, les équipes de la pastorale catholique accompagnent les personnes détenues en leur proposant des groupes de parole, des formations, des entretiens spirituels sans oublier le grand événement de la messe où ils sont nombreux à participer dans la joie de la louange et de l’intercession.
Les personnes détenues évangélisent à leur tour non seulement d’autres détenus par leur prière et leur sens du service mais aussi l’équipe de l’aumônerie. Saint Vincent de Paul, considéré comme le fondateur des aumôneries de prison, estimait qu’un aumônier devenait un bon aumônier de prison quand il était lui-même évangélisé par les prisonniers. Les aumôniers de prison confirment cela. Les démarches de conversion, la découverte de parcours humains douloureux et les gestes d’amitié des détenus font grandir la foi et l’espérance de ceux qui se rendent en prison en pensant donner et qui découvrent selon l’enseignement de Jésus qu’« il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20, 35), la seule phrase de Jésus qui se trouve en-dehors des évangiles.
Ceux du « dehors » et ceux du « dedans » vivent alors une seule foi, un seul baptême. Ensemble ils sont l’Église de Jésus-Christ, non pas l’Église des purs ou des parfaits, mais l’Église des sauvés.

Fr. Manuel Rivero O.P. – Chemin de Carème

Transcription audio : Manuel Rivero