Prédication disponible en format audio.
La parole de Dieu
« Pour vous, qui suis-je ? » Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu, Mt 16, 15
La méditation
En ce jour de la fête de la chaire de saint Pierre, voilà bien une question de Jésus qui revient comme un boomerang sur le tamis de nos vies. Sans doute parce que nous sommes nous aussi curieux de savoir ce que les gens pensent de nous. Comme pour Jésus, nous découvrons qu’il peut y avoir un écart entre ce qu’ils perçoivent et ce que nous sommes réellement. La personne qui paraît alors le mieux nous connaître prend une valeur différente. Elle est la mieux placée pour comprendre nos motivations profondes, le mystère de notre personne.
Avons-nous la foi de Pierre chevillée au corps ? Si, comme lui, nous répondons : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! », sommes-nous sûrs de répondre en vérité au « qui suis-je ? » de la question de Jésus ? Pour nous, sans aucun doute, il est le Messie attendu, l’envoyé de Dieu, rien de moins ! Mais notre affirmation de foi, aussi belle aussi simple soit-elle, est-elle conforme à la réalité de nos vies ? La question de Jésus, posée aux disciples comme à nous, est une question miroir qui vient réveiller nos consciences endormies face aux tragédies de ce temps.
Ce « qui suis-je ? », face par exemple au drame de la pauvreté, nous invite, en ce temps de carême, à pénétrer toujours davantage le tissu profond de l’Evangile, où les pauvres sont les destinataires privilégiés de la miséricorde divine. Donnons-nous de notre temps et, si possible, un peu de notre argent, à nos frères dépourvus du simple nécessaire ? Combattons-nous, chacun à l’aune de ses moyens, ces cas d’inégalités sociales insoutenables qui blessent le cœur de Jésus ? N’est-ce pas souvent avec des cœurs de bois que nous lui disons avec aplomb qu’il est « Christ », « Messie », « Fils du Dieu vivant », alors qu’il pleure sur des brebis abandonnées de son troupeau, victimes de discriminations inacceptables ?
Avec des cœurs de chair, professons notre foi à la manière de Pierre. En ne nous cachant pas derrière un pseudo-souci de pureté évangélique. Nous pourrons ainsi vivre vraiment ce que le philosophe Gabriel Marcel appelle d’un joli mot « la nitescence inaltérable de l’Evangile » (« En chemin vers quel éveil », 1951).
Pour aller plus loin avec la parole
« Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses inusables, un trésor inaltérable dans les cieux ; là ni voleur n’approche, ni mite ne détruit. Car, où est votre trésor, là aussi sera votre coeur. » Evangile de Jésus Christ selon saint Luc, Lc 12, 33-34
Diacre Jean-Marie Armand – Chemin de Carème
Transcription audio : Jean-Marie Armand