AVEC LE CHRIST AU CŒUR DU MONDE

1er Dimanche de l’Avent 2016

«  Je suis chrétien, voilà ma gloire / Mon espérance et mon soutien / Mon chant d’amour et de victoire / Je suis chrétien / Je suis chrétien »

Voilà le chant qui me revient spontanément lorsque je pense à mon enfance en relation avec le thème « Chrétiens dans le monde d’aujourd’hui ». C’est en 1950. La messe est dite en latin, les lectures de l’Ecriture aussi. Ce sont les mêmes lectures qui reviennent chaque année. Et parfois les mêmes sermons écrits dans le cahier du curé. Il n’y a pas les années A, B, C comme aujourd’hui. L’évangile est doublé en français. On prend un chant en français au début et à la fin. Un chantre ou un groupe de chanteuses anime la célébration. La foule participe très peu. Le prêtre célèbre le dos au peuple, l’autel est collé tout au fond de l’église.

Il y a une grande ferveur générale. J’ai une certaine fierté à chanter « je suis chrétien ». Mais mon père n’a pas son compte et ma mère non plus. Lui est « directeur » de la distillerie de Stella. Elle institutrice à l’école laïque. Je les admire pour le sérieux dans leur travail et leur attention aux personnes. L’engagement social de mon père opère sur moi comme un appel intérieur. Avec lui, son « je suis chrétien » prend une autre dimension.gilbert_aubry

Tananarive 1962. Collège Saint Michel. Nous chantons souvent à la fin de la messe « Quand dans nos maisons vient de crier trop de querelles / Et que la joie s’en va en pleurant / Il faut se lever car Dieu nous appelle à bâtir la cité fraternelle / Nous croyons qu’au cœur du monde / Le Christ est vivant et appelle / Tous les hommes de la terre / A s’aimer d’un amour fraternel ». Alors pour moi, tout est dit. Vivre au cœur du monde avec le Christ vivant au cœur du monde. Je suis dans ce monde sans être du monde. Jésus, en saint Jean, passe par là « Je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les garder du Mauvais. Ils ne sont pas du monde comme je ne suis pas du monde » (Jn 17, 15). Je choisis alors d’être chrétien, dans la grâce de mon baptême. « Je suis chrétien ! »

Rome 1963. Je vis au rythme du Concile Vatican II. Il va positionner l’Eglise sur l’horizon du 21e siècle. La Parole de Dieu, le mystère de l’Eglise, la liturgie, l’Eglise dans le monde de ce temps… l’apostolat des laïcs. Nous respirons l’air du grand large. Il n’y a pas Dieu d’un côté et le monde de l’autre. L’Eglise d’un côté et le monde de l’autre. L’Eglise n’est pas à côté du monde. Le monde traverse l’Eglise. L’Eglise traverse le monde. « Les laïcs tiennent de leur  union même avec le Christ, chef, le devoir et le droit d’être apôtres (…) C’est le Seigneur lui-même qui les députe à l’apostolat » (Vat. 2 Apostolat des laïcs, § 3).

Et le saint pape Jean-Paul II en 1989, à La Réunion même, nous délivre un message toujours d’actualité « Sans imposer votre foi, dans le respect des autres, vivez « la différence chrétienne » et que la marque catholique apparaisse non seulement dans les comportements individuels, mais dans la trame de la vie communautaire et collective : en famille, en affaires, dans les loisirs, en politique. Il y a une manière d’être et d’agir qui doit influer sur les structures de la société. Ne vous réfugiez pas dans une fausse humilité qui consisterait à taire le contenu de la foi ou à en faire disparaitre l’expression publique. Vivez en conformité avec les exigences chrétiennes, et vous deviendrez témoins de l’amour. Cherchez, avec les autres, les voies d’un développement humain pour tous, afin que chaque personne soit reconnue dans sa dignité. »

Monseigneur Gilbert AUBRY

Le 27 novembre 2016 pour Jevismafoi/Sedifop