« LE DROIT A LA VIE »

  

Il y aura une réforme constitutionnelle. Cinquante députés ont déposé une proposition de loi visant à faire entrer le droit à l’avortement dans la Constitution. Le bon sens et les scientifiques nous disent  que la vie humaine est une vie humaine dès le premier instant de la conception dans le sein maternel. C’est toute la personne humaine qui est déjà dans la première cellule, dans l’embryon puis le fœtus. Cet être humain sans défense a le droit de mûrir, de naître et de vivre. C’est donc notre devoir de protéger la vie humaine en développant les conditions de sa réussite. Faire réussir la vie.

 

En 1995, le Conseil Permanent de la Conférence des Evêques de France avait affirmé : « Nul ne peut déclarer droit humain ce qui implique un déni d’humanité. Les dispositions législatives […] qui dépénalisent dans certaines conditions l’avortement provoqué, ne sauraient être interprétées comme exprimant ou créant un droit ». Pour sa part, une personnalité comme le Dalaï Lama avait déclaré d’une manière forte « l’avortement est un meurtre ».

 

En rigueur de termes et logiquement, contrairement à ce qui se dit dans le langage courant, il ne saurait avoir un « droit à l’avortement ». Pourtant, le législateur a créé un droit à la suppression volontaire de la vie dans le sein maternel. En cela, il a contourné l’article 16 du code civil qui « (…) garantit le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie ».

 

S’il y a un droit à formuler et à inscrire dans la Constitution, ce serait bien ce respect de l’être humain dès le commencement de sa vie, le respect de « l’enfant à naître ». Ce ne serait pas un retour en arrière, mais un progrès humain dans une écologie intégrale. Un devoir. Et c’est un droit des femmes en détresse à être soutenues et aidées pour échapper aux contraintes qui peuvent les conduire à ne voir d’autre issue à leur situation que l’avortement.

 

L’avortement est toujours un drame pour la femme concernée, pour l’être humain détruit, pour la société. Il faut donc travailler en amont pour mettre en œuvre les moyens nécessaires à la vie et à la santé, pouvoir travailler, disposer d’un toit, fonder une famille dans un climat de respect des personnes, de paix et de sécurité. Les femmes qui envisagent l’avortement doivent pouvoir compter sur un réseau de soutiens affectifs et effectifs grâce à des personnes qualifiées. L’Eglise, pour sa part, y travaille régulièrement.

 

S’il y a malheureusement avortement, l’acte sera toujours grave. Mais la responsabilité sera graduée selon les personnes et ce qu’elles ont vécu. Il faut toujours distinguer l’acte et la personne. La femme qui connaît le drame de l’avortement doit toujours être accueillie et ne pas être jugée. Il s’agit de l’aider, toujours dans un réseau de relations, à surmonter la situation en assumant les conséquences de son geste souvent à l’origine d’un traumatisme. Hélas, dans la plupart des cas, c’est la solitude. 

 

En définitive, quelle idée nous faisons-nous de la sexualité humaine ? N’oublions pas que l’IVG est un avortement. Avec des approches différentes. N’y aurait-il pas moyen de rechercher et de promouvoir un langage dynamisant sur la vie, le couple, la famille, la société… pour donner à nos jeunes envie de vivre grâce à un réenchantement de la vie dans la perspective d’une parentalité responsable ? Il nous faut tous travailler à faire reculer le fléau de l’avortement par l’éducation et la responsabilité, faire reculer les détresses, faire réussir la vie dans l’intégralité de l’amour humain.

 

Le 23 juillet 2019

Monseigneur Gilbert AUBRY