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Comment éduquer aujourd’hui ? D’après quelles références ? Dans quel but ?
Pour les chrétiens, éduquer signifie aider l’autre à grandir comme personne dans toutes ses facettes : physique, psychologique, intellectuelle et spirituelle. Jésus est l’homme accompli, réalisé, par excellence, en qui Dieu et l’humanité ne font qu’un : « visage humain de Dieu et visage divin de l’homme » (Jean-Paul II, « Église en Amérique », n°67).
Dans l’éducation catholique, la référence au Christ est fondamentale. C’est elle qui offre un horizon de plénitude à tous les hommes. Catholique veut dire précisément universel. Le Concile Vatican II, dans sa Constitution « Gaudium et spes » enseigne que le Verbe incarné « manifeste l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation » et que « par son Incarnation le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme » (n°22).
Aux yeux des chrétiens, Jésus apparaît comme une boussole qui oriente et donne sens à l’existence. L’éducation chrétienne est enracinée dans la foi en Jésus, l’homme parfait, modèle de réalisation et de réussite humaine, d’épanouissement intégral et du vivre ensemble dans le respect de la conscience et de la liberté personnelles, sans préjugés ni étiquettes.
L’enjeu de l’éducation est de taille. Les fidèles ont à le prendre au sérieux s’ils veulent transmettre leurs valeurs et leur foi. Autrement ce sont des courants philosophiques et religieux non désirés qui gouverneront les mentalités et les conduites des nouvelles générations.
Aujourd’hui il ne suffit pas de vivre sa foi de manière implicite, silencieuse et cachée. L’éducation renvoie les chrétiens à la relation personnelle avec le Christ ainsi qu’à la connaissance de la Parole de Dieu. Saint Jérôme (350-420), docteur de l’Église, enseigne qu’ « ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ ». Par conséquent, il n’y a pas de véritable éducation catholique sans une connaissance explicite du Christ tel qu’il s’est révélé dans les Évangiles.
Jean Guitton, académicien, philosophe, laïc invité par le bienheureux pape Paul VI au Concile Vatican II, demandait la canonisation du père Lagrange, fondateur de l’École biblique de Jérusalem, car le grand problème de l’homme contemporain se trouve dans la réduction de la Bible à un simple texte du patrimoine de l’humanité sans aucune dimension surnaturelle.
Le père Lagrange, exégète, scientifique et croyant, montre le chemin de la foi en harmonie avec la raison aux esprits critiques et sceptiques. La foi vient de la prédication de l’Évangile (Rm 10, 17), expliqué et compris comme le veut Jésus dans la parabole du semeur pour que cette Parole de Dieu, qui fait voir Dieu par la foi, ne soit pas extirpée rapidement du cœur humain par le diable ( Mt 13, 18).
Dans l’Évangile, Jésus se manifeste comme un grand pédagogue qui pratique la maïeutique, l’art de l’accouchement à l’image d’une sage femme qui aide la femme sur le point d’accoucher à laisser sortir la vie qui est en elle.
Le philosophe grec Socrate (470-400 av. J.-C.) excellait dans cet art de l’interrogation où l’interlocuteur parvenait à passer de l’implicite à l’explicite en exerçant son intelligence et son savoir au point d’aboutir à une pensée personnelle.
La scène des disciples d’Emmaüs dans l’Évangile selon saint Luc (Lc 24, 13s) représente un véritable cours de pédagogie. Jésus rejoint les deux disciples sur la route. Il commence par marcher avec eux sans se révéler. Par des questions toutes simples, il les aide à exprimer la raison de leur tristesse et leur vision de la mort du condamné au Calvaire. Ensuite, il leur donne une leçon de catéchèse à partir de Moïse et des Prophètes de manière à illuminer le mystère pascal par son interprétation de sa Passion : « Ne fallait-il pas que le Messie endurât ses souffrances pour entrer dans sa gloire ? »
Le cœur des disciples devient alors brûlant de l’amour de l’Esprit Saint. Ils passent de la tristesse à la joie.
La Parole de Dieu agit comme une clé capable de déverrouiller les énigmes de l’histoire humaine. Clé qui ouvre la porte du cœur humain et celle du Ciel.
Il est dommage que l’Évangile soit renvoyé aux seules célébrations liturgiques alors qu’il a été annoncé au grand vent du monde pour éclairer et convertir le couple, la famille, l’école, la culture, l’économie et la vie sociale.
En ouvrant la Bible, l’esprit humain s’ouvre à l’intelligence de Dieu et de l’humanité.
Seul Dieu parle bien de Dieu.
Confucius (551-479 av. J.-C.), le sage chinois, enseignait que « Dieu ne parle pas » ; d’où son silence sur la religion.
Il n’en va pas de même pour les chrétiens.
Pourquoi exclure de l’éducation la Parole vivante et vivifiante de Jésus le Christ ?
« Je vous le dis, si les disciples se taisent, les pierres crieront » (Jésus dans l’Évangile selon saint Luc 19, 40).
Fr. Manuel Rivero O.P.
Jeudi 5 Janvier 2017
Le lien entre la foi et l’éducation m’intéresse beaucoup.