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« Jésus leur demanda : « Combien de pains avez-vous ? » Saint Matthieu 15, 34
La méditation
Imaginons la scène : dans cette foule qui suit spontanément Jésus, il s’y trouve des pauvres, des boiteux, des aveugles, des muets. Une foule ainsi rassemblée, au coude à coude, sur une montagne, depuis trois jours ! Cela peut nous paraître un peu fou, non ? « Combien de pains avez-vous ? » demande alors Jésus à ses disciples. Nous pouvons penser ces derniers décontenancés par cette demande, et les entendre même maugréer : « Non, mais ! Nous n’avons seulement que quelques pains et poissons, et nous-mêmes sommes affamés et fatigués. »
Jésus sait assurément ce qui se passe dans le cœur de ses disciples. Il connaît les ombres qui les habitent. Comme les nôtres. Et c’est justement cela qu’il veut faire surgir. Il sait que ce n’est pas la lumière qui manque à notre regard, c’est bien notre regard qui manque à la lumière. Il amène ses disciples, comme des « aveugles au bord du chemin », à se décentrer d’eux-mêmes pour le regarder, lui, la Lumière du monde. A eux comme à nous, il demande le peu que nous avons, ce que saint Thomas d’Aquin appelle notre « réserve de compassion et d’amour disponible », non pas pour souligner notre indigence, mais pour nous inciter à tourner nos yeux vers lui, avec ce que nous avons à offrir.
En demandant aux disciples de distribuer ce maigre garde-manger de pains et de poissons, en nous invitant à orienter avec sagesse et sens ecclésial nos actions envers les plus défavorisés de ce monde, notre divin Maître leur fait vivre comme à nous un acte de foi. Quand le souci de l’autre se fait plus prégnant, quand nos ombres intérieures nous crient d’avoir l’audace du Christ, quand la dimension spirituelle et la dimension humaine balisent notre chemin de croissance, alors oui : les pains de la compassion deviennent les pains de l’amour.
Pour aller plus loin avec la parole
« Le Dieu de toute consolation nous console dans toutes nos détresses, pour nous rendre capables de consoler tous ceux qui sont en détresse, par la consolation que nous-mêmes recevons de Dieu. » (2 Co 1, 4).
Diacre Jean-Marie Armand – Avent et temps de Noël, le 6 décembre 2017