Prédication disponible en format audio.
Bonjour à tous, nous continuons notre marche à la suite de Jésus le Christ en ce temps de carême. Dans la lecture de la messe de ce samedi matin, Jésus nous dit « soyez parfait, comme votre Père céleste est parfait » Que veut il nous dire ? Nous savons que la perfection n’est pas de ce monde, cela reste un idéal à atteindre, mais qui n’est jamais atteint. Et de quelle perfection parle-t-il ? La perfection dont il est question est celle du Père, et que nous dit les écritures sur le Père ? Selon Saint Jean Dieu est Esprit, Dieu est lumière et Dieu est Amour. Mais ne dit-on pas dans le crédo qu’il est tout puissant ? Comment la toute-puissance est-elle compatible avec le tout amour ?
Dire que notre Dieu est un Dieu Père et qu’il est tout puissant, c’est-à-dire qu’il peut absolument tout, est scandaleux pour ceux qui ne croient pas. En effet quel est le papa qui peut tout et qui laisserait le mal détruire le monde ? Le siècle précédent nous avons connu deux guerres mondiales et nombre de génocides, jamais l’horreur et la barbarie n’avaient atteint de tels sommets ! La science donne un pouvoir de destruction à l’homme qui lui permet de tuer en masse, pensons à la bombe nucléaire lâchée sur Hiroshima et Nagasaki qui ont exterminé en l’espace de quelques secondes des centaines de milliers de vies innocentes.
Pour certaines personnes qui vivent dans une grande souffrance, et qui entendraient un chrétien lui dire « Dieu t’aime », il aurait de quoi s’énerver, le corollaire de l’amour ce n’est pas de porter secours ? Alors pourquoi je ne reçois pas d’aide de ce soit disant Père qui m’aime ? Face à cette situation, il convient, plutôt que de faire de grands discours, de se taire et de compatir à la souffrance du prochain, cela lui sera d’un plus grand réconfort. Nous avons des paroles toutes faites que nous sortons dans nombre de situations, mais qui s’avèrent être d’aucun réconfort pour ceux qui ne croient pas. Face à la question du mal il convient d’être très humble et de reconnaitre que nous n’avons pas toutes les réponses. Par notre maladresse nous arrivons à faire braquer les gens contre Dieu.
C’est qu’à la base, cette notion de toute puissance n’a pas été comprise par les chrétiens, qui s’imaginaient un Dieu, comme un Zeus ou un Jupiter, certains ont toujours cette image que Jésus est venu nous sauver de la colère du Père. Or si nous appelons Dieu « Père » c’est à cause du fils qui nous a fait entrer dans une relation nouvelle. La toute-puissance de Dieu est une toute puissance d’amour ! Il faut qu’on se le redise. Est-ce que Dieu peut tout ? Non ! Il ne peut faire que ce que l’amour peut. Certains s’interrogent où était le Père quand on a massacré son fils ? Rappelons-nous ce que Jésus a dit « le Père et moi sommes un » donc l’intensité des souffrances du fils ont été aussi celles du Père, quand on aime à l’infini on souffre aussi à l’infini en union avec celui qu’on aime et qui souffre. Une des grâces à demander pour ce temps de carême est de redécouvrir combien Dieu est aimant. Et à cause de son immense amour il respecte aussi nos choix. Le corollaire de l’amour c’est la liberté et l’amour veillera à ce que notre liberté soit totale pour que le don que nous pourrions faire de notre vie à Dieu soit un vrai oui, en vue du jour des noces avec l’agneau.
Fabrice Patsoumoudou, laïc – Chemin de Carême– Samedi 24 février 2018