Prédication disponible en format audio.
La parole
« A qui vais-je comparer cette génération ? (Matthieu 11, 16)
La méditation
Une interrogation de Jésus qui a le mérite de nous tirer de l’humus des fantasmes dans lequel nous n’arrêtons pas de plonger. Mal accueillis par leurs contemporains, au long cours de leur mission respective, le Fils de l’homme et Jean le Baptiste ont essuyé le feu incessant de critiques acerbes. Au nombre d’entre elles, celle de prédicateur « funèbre »pour le Précurseur. Et celle de « glouton et d’ivrogne » pour Jésus, l’ami des publicains et des pécheurs. En somme l’insupportable opposition entre les cyniques et les défaitistes dans leurs habits étriqués de procureurs sévères, d’un côté, et les passeurs de joie et d’espérance, de l’autre. Aux premiers, jamais rien n’est trop bon, rien n’est parfait, on verse complaisamment dans le trop juste et le pas assez. Une psychologie d’homme des cavernes qui leur fait contempler le monde non avec le regard de Dieu mais avec les yeux de la chair.
Soyons plutôt de cette génération dont chaque acte posé pour les autres a une dimension transcendante. De celle qui voit toutes les fleurs de l’avenir dans les semences d’aujourd’hui. Qui possède, selon le mot de Nietzsche, « une grande musique en [elle] pour faire danser la vie ». Si Jésus incarne la sagesse de Dieu, qui ne peut manquer de triompher, que nos œuvres la reflètent donc immanquablement. Une sagesse toute entière contenue dans trois verbes : Ecouter, Réfléchir, Agir. Trois verbes d’un pragmatisme lucide qui renvoient successivement, nous dit le pape François, « à soi, aux autres et au monde ». Hâtons-nous de transmettre notre part de merveilleux à cette génération désenchantée, coincée entre consumérisme effréné et égocentrisme exacerbé. Tant il y a dans l’ordinaire de nos jours, tous les jours et toujours, les matériaux en vrac d’une « maison commune » à fortement consolider.
Méditations Avent 2018 – Vendredi 14 décembre 2018 – Diacre Jean-Marie Armand