Prédication disponible en format audio.
Dans toutes les périodes de sérieuses réflexions théologiques, les Pères latins et grecs de l’Eglise ont écrit avec brio sur la Sainte Eucharistie. Un mystère que saint Ambroise de Milan a traité avec une « particulière considération spirituelle » selon les mots de Paul Claudel. En ce mercredi 23 décembre, veille de Noël, méditons sur la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. Ce court extrait du Traité d’Ambroise sur les mystères, comme à l’accoutumée, précède ma méditation.
«Le Seigneur lui-même le proclame : « Ceci est mon corps. » Avant la bénédiction par les paroles célestes, on l’appelle d’un autre nom (pain) ; après la consécration, c’est le corps qui est désigné. Lui-même dit que c’est son sang : avant la consécration, on l’appelle autrement (vin) ; après la consécration, on l’appelle le sang. Et tu dis « Amen », c’est-à-dire « C’est vrai ». Ce que prononce ta bouche, que ta pensée le reconnaisse. Ce qu’exprime la parole, que notre cœur le ressente. »
En ce temps de pandémie de coronavirus, vecteur de pertes de repères et d’habitudes de vie chamboulées, ne perdons surtout pas le goût du pain vivant descendu du ciel.* Une symbolique que saint Augustin, avec d’autres Pères de l’Eglise, avait saisie lorsqu’il écrivait : « Allongé dans une mangeoire, il est devenu notre nourriture. »** N’allons pas, par pure défaitisme ou par une quelconque acédie spirituelle, mettre en sommeil la réception du « sacrement des sacrements. »*** N’est-ce pas dans la célébration de la très Sainte Eucharistie que notre grande famille chrétienne y trouve sa racine et son centre ? Elle est ici-bas notre demeure principale où nous sommes invités à « déposer tous les soucis de ce monde. »**** Entourons de soin notre relation personnelle avec le Seigneur dans l’adoration eucharistique , cette source et ce sommet de toute vie chrétienne qui nous ouvre un espace privilégié de rencontre avec Dieu. La Sainte Eucharistie, selon saint Ambroise, contient des anticorps pour soigner ces infections que sont le mal et le péché. Usons de ce pain devenu corps qui « brise les coques de nos égoïsmes, qui éteint en nous la faim des choses inutiles et allume le désir de servir. » Entendons encore le pape François quand il nous rappelle que la Sainte Eucharistie « nous relève de notre confortable sédentarité et que nous ne sommes pas seulement des bouches à nourrir mais aussi les mains du Seigneur pour nourrir le prochain. »***** Que le sacrifice de la croix perpétué dans la Sainte Eucharistie, grâce notamment à la liturgie pénitentielle et celle de la parole, élargisse notre espace d’espérance en Dieu à l’approche de la Nativité de notre bien-aimé Christ et Seigneur.
Avec le saint évêque de Milan, prions maintenant le Fils de l’homme : Seigneur Jésus, Sauveur et ami des hommes, nous aurons toujours devant nos yeux nos chutes, nos fatigues, les problèmes au travail et à la maison, des rêves non réalisés. Que ta présence réelle en la Sainte Eucharistie nous libère des blocages intérieurs et des paralysies du cœur. Qu’elle nous transforme en porteurs de joie, d’amour et de paix sur la route de l’Avent. Cet espace où ton Père écrit en lettres humaines sa présence et le temps de sa venue. Bénis sois-tu, Seigneur.
*Jean 6, 41
**Saint Augustin, Sermon 189, 4
***Denys l’Aréopagite, Hiérarchie ecclésiastique, III
**** Saint Jean Chrysostome, Liturgie divine
*****Pape François, Homélie en la solennité du Corps et du Sang du Christ, 14 juin 2020
Médiation Noël – Mercredi 23 décembre 2020 – Diacre Jean-Marie Armand
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