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Le Mystère d’une Présence.

             Au moment d’entrer dans sa Passion, Jésus dit : « Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul ; s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24).  Charles de FOUCAULT a souvent repris ce verset de l’Evangile. Il dira : « Aimer c’est se livrer comme Jésus à la Croix. C’est l’amour qui sauve… »

             Le 1er décembre 1916, premier vendredi du mois, un corps est là gisant à même le sable. Charles de FOUCAULT vient d’être tué d’une balle dans la tête.

Le « marabout  chrétien », comme on aimait l’appeler, vient d’être tué par une bande de fanatiques musulmans venus du sud de la Lybie.

Le lendemain à côté de son corps raidi on trouvera une petite boîte ronde en verre, jetée là dans la poussière. C’est le Saint-Sacrement devant lequel Charles de FOUCAULT a passé une partie de sa vie. C’est tout un symbole.

            Sa vie a proclamé le mystère d’une Présence, celle de Jésus à Nazareth.

Quelques heures avant sa mort, Charles de FOUCAULT écrira une longue lettre à sa cousine. Il ne savait pas que c’étaient les dernières paroles qu’il prononçait.

En contemplant Jésus à Nazareth, il a découvert le mystère d’une présence aimante. A Nazareth Jésus donnait déjà sa vie dans l’humble quotidien comme il la donnera définitivement sur la Croix. «  Faire de notre vie une présence d’amour. » Voilà le message de Jésus. « Jésus a tellement pris la dernière place que personne ne pourra la lui ravir » dit l’Abbé HUVELIN qui a été à l’origine de la conversion de Charles de FOUCAULT.

Être une présence aimante auprès de ceux qui ne sont pas aimés, les petits, les abandonnés. A ceux qui ne connaissent pas Jésus de Nazareth, Charles de FOUCAULD, par une présence aimante de chaque jour, veut leur révéler le vrai visage de son Sauveur. Il veut devenir le « petit frère universel  », comme il le dira.

Cet amour dont il voudrait aimer ne vient pas de lui. Il en est conscient. C’est en s’offrant entre les mains du Père, comme Jésus à la croix, que Charles de FOUCAULD apprend à le Recevoir. « Père entre tes mains, je remets mon esprit. » Sur la croix, c’est la dernière parole de Jésus. C’est l’acte d’offrande ultime de Jésus, non pas au monde mais au Père. Et là commence la Résurrection.

Une vie offerte ne peut pas être qu’une mort de plus, humainement parlant. Effectivement elle se consume lentement dans un acte d’offrande répété jour après jour, mais c’est là aussi que jaillit une fécondité mystérieuse.

C’est le geste d’Abraham qui offre à Dieu son fils Isaac. A jamais Abraham a retrouvé son fils. Il l’a reçu de Dieu et devient le père de tous les croyants. Le monde nous propose l’efficacité. L’Evangile nous propose la fécondité. Elle n’est pas uniquement notre œuvre à nous. Elle suppose l’offrande de tout notre être, dans le quotidien le plus banal de notre vie entre les mains du Père. C’est Jésus qui prie ainsi avec le pauvre amour que nous lui offrons.

            A côté du corps raidi de Charles de FOUCAULD, il y a l’hostie jetée dans la poussière. Charles de FOUCAULD avait mis au centre de sa vie l’Eucharistie et l’Adoration eucharistique. Il est devenu semblable à son « Bien-Aimé Jésus », comme il l’appelle. Contemplant Jésus dans l’Hostie, il pouvait mieux le reconnaître dans ses frères les plus petits. Quand nous prenons du temps pour l’adoration, pour une journée de silence, ce n’est pas pour fuir les hommes mais pour mieux les aimer. Ce n’est pas notre pauvre générosité, à elle seule, qui peut changer le monde. Car ce monde est fait pour être divinisé, transfiguré par l’amour de Dieu.

Nous le savons tous. L’activisme débordant ne change rien. Seul ce qui est fait avec et par amour change le monde. C’est le mystère d’une PRESENCE D’AMOUR.

Prions avec Charles de FOUCAULD

MON PÈRE,

            Je m’abandonne à toi,

            Fais de moi ce qu’il te plaira.

             Quoi que tu fasses de moi,

                        Je te remercie.

            Je suis prêt à tout, j’accepte tout.

            Pourvu que ta volonté se fasse en moi,

                        En toutes tes créatures,

             Je ne désire rien d’autre, mon Dieu.

            Je remets mon âme entre tes mains

            Je te la donne, mon Dieu,

            Avec tout l’amour de mon cœur

             Parce que je t’aime,

            Et que ce m’est un besoin d’amour

            De me donner, de me remettre

            Entre tes mains sans mesure,

            Avec une infinie confiance

             CAR TU ES MON PÈRE.

                          Noéline FOURNIER, Laïc.