Quand la barbarie se déchaîne, il n’y a pas à hésiter. Nous la condamnons. Il nous faut toujours contenir la force vitale et l’empêcher de dériver vers la violence destructrice de la vie physique et sociale. La vie, la vie humaine est sacrée. Tout l’or du monde ne vaut pas un visage humain. Et chaque visage humain vient signer une évolution où l’Homme, les hommes et les femmes sont appelés à bâtir cette fraternité sans frontières à laquelle rêvent les poètes et pour laquelle les prophètes sont capables de donner leurs vies.
Ce n’est pas d’abord une question de religion. C’est une aspiration fondamentale qui engendre une trajectoire de liberté et de responsabilité. Vie… Vita… Life. Dans toutes les langues, on peut arriver à chanter « C’est beau, c’est beau la vie ! » Quand Notre Dame de Paris brûle, des larmes peuvent couler sur les visages. Une prise de conscience collective s’opère alors sur la valeur d’un trésor architectural et religieux. Et même si les murs s’effondrent, l’Eglise tient debout.
Quand 250 personnes, enfants, femmes et hommes sont tués dans des attentats, nous sommes loin du Sri Lanka. Mais ces défunts sont dans nos cœurs et dans les cœurs de leurs frères migrants actuellement à La Réunion. Il nous faut tenir debout. Ces chrétiens qui ont trouvé la mort dans leurs églises deviennent pour nous des martyrs qui nous disent que sans la transcendance, sans le souffle spirituel, sans l’Esprit, sans Dieu à visage humain, l’Humanité ne peut pas logiquement construire raisonnablement son avenir. Ces martyrs chrétiens tués dans leurs lieux de culte proclamaient par leurs prières que toute minorité doit être respectée avec ce qui fait ses raisons de vivre dans un pays où les légitimes diversités doivent se conjuguer pour construire le bien commun.
Nos pensées, nos réflexions, nos prières rejoignent les prières de ces martyrs et la prière de toute l’Eglise au Sri Lanka pour ceux qui sont morts, pour leurs familles, pour les pardons et les réconciliations à venir, pour l’avenir de leur pays. En une période où les tensions et les conflits s’exaspèrent, nous qui sommes réunis sur notre île de La Réunion, il nous faut nous laisser réunir par la vie elle-même sur notre sol et jusque dans nos âmes… Il faut nous laisser nous remettre en cause par « Le Vivant » pour être ensemble, pour vivre ensemble, pour mieux vivre ensemble dans le même souffle de vie, ici et partout dans le monde.
Saint-Denis, le 3 mai 2019
Monseigneur Gilbert AUBRY
Merci d’avoir suivi notre chemin de Carême sur Jevismafoi. Nous reprendrons bientôt les méditations en format audio ou vidéo en attendant le retour des méditations du chemin de l’Avent 2019. Union de prière.