Prédication disponible en format audio.
Nous sommes à une semaine de Noël et déjà l’Eglise nous invite à méditer sur la naissance du sauveur. Dans la première lecture, le prophète Isaïe fait l’annonce au Roi Acaz et à tout le peuple d’Israël : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous). Le prophète s’adresse au Roi et lui donne un signe qui sera la naissance d’un enfant, pourquoi Dieu donne-t-il un signe à Acaz ? Pour comprendre cela il nous faut nous replonger dans le contexte de cette époque. Le Royaume de Juda dont il était Roi était en proie à une guerre avec ses voisins la Syrie et Israël. De peur de voir son royaume s’effondrer Acaz était tenté de faire alliance avec la puissance dominante de son époque l’Assyrie. Au lieu de nouer des alliances avec des Puissances étrangères, Dieu invite son roi à placer sa confiance en lui et à ne pas craindre ceux qui le menacent “Porte-nous secours dans l’épreuve : néant, le salut qui vient des hommes ! 14 Avec Dieu nous ferons des prouesses, et lui piétinera nos oppresseurs ! » Ps 107, 13-14. Le roi Acaz refuse sous prétexte de ne pas vouloir mettre Dieu à l’épreuve, mais en vérité ce qu’il craint c’est que si le signe que Dieu donne se réalise, il sera contraint d’obéir, et il a peur de se reposer entièrement sur Dieu, il a plus confiance dans la puissante armée Assyrienne. Et effectivement il naitra à Acaz un fils qui sera le roi Ezéchias, et la prophétie d’Isaïe va se réaliser « Avant que cet enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, la terre dont les deux rois te font trembler sera laissée à l’abandon. » Quatorze ans plus tard les deux pays qui faisaient la guerre à Juda seront détruits et en 622 le peuple du royaume d’Israël sera déporté.
Lorsque Ezéchias montera sur le trône à la suite de son Père, il s’avèrera être un piètre souverain, le peuple hébreu en relisant ce passage d’Isaïe a compris que l’enfant dont il était question ne pouvait être lui, d’autant plus que l’enfant devait naitre d’une vierge or la femme d’Acaz n’était pas une vierge et elle n’était pas jeune.
Pour nous qui sommes habitués à entendre ce passage, il est évident que la vierge en question est Marie et que l’enfant est Jésus, et cet enfant nous dit Isaïe est un signe. Comment peut-il être un signe pour le chrétien d’aujourd’hui ? Comme Acaz nous avons le cœur troublé, l’avenir nous fait peur, bien que notre pays soit en paix, nous vivons dans la peur d’attentat terroriste, de voir un jour surgir dans nos églises des hommes armés. Nous avons peur de nous faire agresser ou que l’un de nos proches le soit. Nous avons peur d’apprendre que nous ou l’un des nôtres est malade ou mourant. Nous craignons pour l’avenir de nos enfants, nous avons peur de la précarité, du chômage, de voir nos familles se déchirer. La peur est omniprésente dans notre vie et cela se traduit dans nos sociétés par un accroissement de dépressions, d’accidents cardio-vasculaires ou de suicides. La peur est partout bien que cela ne soit pas toujours visible, l’homme d’aujourd’hui est anxieux, son esprit est troublé, il ne connait pas la paix.
Dieu nous surprend face à nos inquiétudes, il nous donne un fils, un enfant innocent. En quoi ce petit garçon peut-il nous rassurer ? Un enfant c’est celui qui a besoin d’être nourri, protégé, à qui il faut donner beaucoup d’attention et d’amour, c’est lui qui a besoin de nous. Mais l’enfant dont il est question n’est pas comme tous les petits enfants « Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ». Et le pouvoir s’étendra, et la paix sera sans fin pour le trône de David et pour son règne qu’il établira, qu’il affermira sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers ! »Is 9, 5-6. Ce fils est qualifié par le Prophète comme étant le prince de la Paix, c’est à lui que tout pouvoir a été remis et c’est devant lui que « tout genoux fléchira, et toute langue proclamera que Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père » Ph 2, 10-11 il emporte dans son cortège triomphal toutes nos peurs. Si nous nous attachons à lui de tout notre coeur, sa victoire sur le mal, sur la mort, sur la peur sera notre victoire.
Prions : Père Saint, toi qui triomphes en ton fils Jésus-Christ, donne nous de l’accueillir en nos cœurs afin que son règne d’amour de justice et vérité et de paix s’établisse durablement en nous.
Fabrice Patsoumoudou, Laïc – Avent 2016 – Dimanche 18 décembre 2016