Prédication disponible en format audio.

Quand le cœur déborde de peine, nous ressentons le besoin de communiquer avec Dieu, de lui adresser une prière…
Mais les mots qui viennent au bord des lèvres nous effraient par leur allure. 
Ce sont des questionnements et des mots amers, traduisant davantage la douleur et la rébellion qu’un acquiescement docile aux évènements. Pourquoi ? Pourquoi moi ?
En Jn 13, 33, Pierre dit à Jésus : « Seigneur où vas-tu ?  
     Pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent ? »
La réponse se trouve dans l’Évangile, sur les lèvres de Jésus lui-même, alors qu’il est torturé sur la croix :
« Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »  (Mt 27,46).
 
  Lui, le Fils bien-aimé du Père, l’intime entre les intimes, crie à pleine gorge son désarroi vers son Père.
Au fait, à ce moment-là, Jésus reprend à son compte les cris de l’Humanité depuis le fond des âges : des plus silencieux aux plus tonitruants.
Toute la douleur du monde est présentée au Père dans les quelques mots de cette prière unique et singulière : tout ce qui défigure l’être humain et le rabaisse, toute la solitude du cœur, toutes les souffrances et toutes les incompréhensions ; tous les déchirements et toutes les guerres ; toutes les angoisses et toutes les morts ; les violences comme les injustices.
Et si Jésus s’adresse ainsi à son Père, c’est parce qu’Il sait que Dieu est capable d’entendre, de comprendre et de compatir.
Rien de ce qui nous meurtrit n’échappe au cœur de Dieu.
Aucune de nos douleurs ne lui est désormais étrangère.
Et, si nous laissons nous aussi résonner longuement ce cri, nous découvrirons peut-être l’incroyable réalité : c’est Dieu, en fait, qui nous prie à cet instant.
Jn 17,9 : Père, « c’est pour eux que je prie ; je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi »…
 
 
Il nous prie d’avoir confiance en lui, de ne pas douter de sa Présence et de ses promesses. « Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin de l’âge » (Mt. 28,20).
Il nous implore de croire qu’il est Celui qui traverse avec nous les épreuves et non celui qui les envoie. « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai » (Mt 11,28).
 
Croire qu’il est Celui qui combat avec nous le mal et pas celui qui nous l’inflige, qu’Il est plus dans le cœur des victimes que dans la main du bourreau, qu’Il est celui qui pénètre avec nous dans la mort, pour faire jaillir la vie sans limite…
 
Parce qu’Il souffre avec nous de tout ce qui n’est pas conçu, né, réalisé et envisagé dans l’amour, Dieu ne cesse de prier l’humanité.  
 
Il nous supplie de prendre soin les uns des autres par une attention renouvelée et une bienveillance que rien n’altère.
Il adresse à nos cœurs défigurés par la vengeance et la domination, la supplique du pardon et du service.
Il s’agenouille devant nos humbles gestes de partage pour les multiplier en brassées d’amour fraternel.
Il nous implore de ne pas le confondre avec les caricatures d’un Dieu indifférent et cruel, lointain et incapable de miséricorde.
  Osée 11,7-9 ; « Mon peuple est cramponné à son infidélité. On les appelle en haut, pas un ne se relève… Mon cœur en moi est bouleversé, toutes mes entrailles frémissent… Car Je Suis Dieu et non pas homme, au milieu de toi Je Suis le Saint »…
 
C’est ainsi que la prière de Dieu rencontre la nôtre.
Peu importe alors les mots qui s’échappent de nos lèvres – qu’ils soient les nôtres ou bien ceux des prières officielles – du moment qu’ils manifestent que nous avons entendu la prière de Dieu et que nous sommes prêts à l’exaucer, qu’ils nous permettent de tout lui dire et de lui confier toute notre douleur sans le tenir pour autant responsable de notre mal.
Et si nous ne parvenons pas encore à cette confiance, laissons à Jésus le soin de prolonger lui-même notre prière par les mots qui manquent :
« Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Lc 24,46).  
 
Mais la foi, n’est-ce pas justement un état hors de toute évidence ?
 
Accorder sa confiance à quelqu’un alors que les apparences semblent contraires, avancer dans la nuit sur un chemin que l’on distingue à peine, continuer à ramer sur une mer houleuse pour tenter de rejoindre le port, être solidement convaincu de l’évolution positive d’une situation, aujourd’hui totalement sans issue : voilà la FOI.
Il s’agit d’une conviction forte et intérieure qui nous murmure que ça vaut la peine de faire confiance.
Espère le Seigneur, sois fort et prends courage.
 

Mardi Saint – 15 avril 2025 –   Noëline FOURNIER  Laïc – Jevismafoi.com en partenariat avec Radio Arc-en-ciel.