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Nous l’avons vu, Dieu a créé tout homme « à son image et ressemblance » (Gn 1,26-28), et il l’a aussitôt « béni », lui donnant ainsi le soutien et la grâce nécessaires à l’accomplissement de sa vocation : « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-là »… Un peu plus loin, deux verbes préciseront cette mission : le premier peut se traduire par « cultiver » la terre, et aussi par la « servir » ; le second, la « protéger », la « garder »… Ces deux verbes pourraient constituer les bases d’une écologie responsable : « cultiver » la terre en la « servant », en la respectant, ce qui ne peut qu’aller dans le sens de la « protéger » pour la « garder » dans son intégrité…
Puis, l’évocation poétique des origines se poursuit avec le récit de la désobéissance d’Adam et Eve, un récit qui renvoie en fait à notre expérience personnelle à tous dès lors que nous voulons construire notre vie sans autre référence que nous-mêmes… Pourtant, les conseils de Dieu ne visent que notre bien, notre bonheur, tout comme il l’avait déjà dit, en acte, juste après la création de l’homme : « Le Seigneur Dieu planta un jardin en Eden, à l’orient, et il y mit l’homme qu’il avait modelé » (Gn 2,8)… Or la racine du mot « éden », en hébreu, la langue de l’Ancien Testament, évoque l’idée de joie, de délice, de bonheur profond… « Le jardin d’Eden » est donc « le jardin du bonheur, de la joie ». En y « mettant l’homme » aussitôt après l’avoir « modelé », Dieu poursuit son projet créateur : que l’homme soit profondément heureux… Mais nous l’avons bien remarqué : l’homme ne va pas de lui-même dans ce jardin, c’est Dieu qui l’y met… En acceptant la relation avec Lui, en se laissant faire, l’homme ne peut alors qu’expérimenter une joie profonde, celle qu’il reçoit de Dieu comme un cadeau, et tel est son désir pour chacun d’entre nous : nous combler de ses dons…
Toute la vocation de l’homme consiste donc d’abord à consentir à vivre en relation avec son Créateur et Père, Lui qui, de son côté, ne cherche et ne poursuit que notre bonheur… Il s’agit alors de se tourner de tout cœur vers Celui qui, s’il nous parle, ne poursuit que notre bien, dans le respect de notre liberté, mais avec le désir que nous accepterons de suivre ses conseils, pour notre joie et pour la sienne, heureux qu’il sera de nous voir heureux… « Je conclurai avec eux une Alliance éternelle : je ne cesserai pas de les suivre pour leur faire du bien… Je trouverai ma joie à leur faire du bien, de tout mon cœur et de toute mon âme » (Jr 32,40-41), et le cœur de Dieu est… infini !
Mais lorsque le prophète Jérémie parle ainsi, il cite le premier texte de la Bible qui évoque les relations entre Dieu et les hommes en termes « d’alliance éternelle » (Gn 9,8-17). Et pourtant, peu avant, Adam et Eve lui ont désobéi, alors que le conseil qu’il leur donnait ne visait, une fois de plus, que leur bien. Une fois « déposés » dans ce « jardin d’Eden » « rempli d’arbres séduisants à voir et bons à manger », Dieu leur avait dit en effet : « Tu peux manger à satiété de tous les arbres du jardin. Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas car le jour où tu en mangeras, de mort tu mourras » (Gn 2,16-17). « Connaître », dans le langage biblique, c’est « faire l’expérience de ». Autrement dit, Dieu invite ici l’homme à « ne pas faire l’expérience du mal », car celle-ci ne sera pas pour lui une source de bonheur et de vie, mais bien au contraire, de malheur et de mort… Alors, « choisis la vie », nous presse-t-il (Dt 30,15-20), car « je ne prends pas plaisir à la mort de qui que ce soit » (Ez 18,31-32).
Mais, nous le savons bien, Adam et Eve ne l’écouteront pas et ils se détourneront de Lui… Mais cela ne l’empêchera pas, quelques chapitres plus loin, de se révéler comme vivant en « alliance éternelle » avec « toute chair », c’est-à-dire avec tout homme, qu’il soit fidèle ou infidèle. Depuis que l’homme existe, Dieu est donc « tout proche » de lui (tels seront les premiers mots de Jésus dans l’Evangile (Mc 1,15)), et cela pour son seul bien, pour l’aider à construire sa vie et faire en sorte qu’elle soit la plus « pleine » possible… Telle est « l’Alliance éternelle qu’il y a entre moi et vous et tous les êtres vivants, en somme toute chair qui est sur la terre » (Gn 9,15-17). C’est pourquoi, « je ne cesserai pas de vous suivre pour vous faire du bien… Je trouverai ma joie à vous faire du bien, de tout mon cœur et de toute mon âme ». Heureux alors les hommes de bonne volonté, qui en se tournant vers la justice, la vérité, la droiture et le respect de l’autre, se tournent en fait vers leur Dieu et Père, Lui qui ne cesse de se donner à eux pour leur vrai bonheur… « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre à tous les hommes que Dieu aime » (Lc 2,14), « à tous les hommes de bonne volonté » (Lc 2,14 ; traduction de St Jérôme)…
Diacre Jacques Fournier
Le 29 novembre 2016 pour Jevismafoi/Sedifop