Prédication disponible en format audio.
Dans l’Evangile selon St Matthieu, Jésus, le Nouveau Moïse, donne la Loi Nouvelle de l’Alliance Nouvelle sur une haute montagne, comme Dieu le fit autrefois avec Moïse et « les Dix Paroles ». Mais cette fois, il ne s’agit plus d’une litanie de sens interdits : « Tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas » (Ex 20,1‑17)… Jésus, Lui, invite au bonheur : « Heureux les pauvres de cœur, heureux les doux, heureux les miséricordieux, heureux les artisans de paix » (Mt 5,3-11). L’appel est clair : le vrai bonheur est à chercher dans la relation avec Dieu. Le Pape François, dans son message pour ce Carême 2018, évoque « le refus de Dieu, et donc le refus de trouver en lui notre consolation, préférant notre désolation au réconfort de sa Parole ». C’est pourquoi il nous invite à la prière « afin de rechercher enfin la consolation en Dieu. Il est notre Père et il veut nous donner la vie », cette vie qui est participation à la sienne, et donc Plénitude, bonheur paisible et profond…
Certes, le chemin sur lequel Jésus nous invite n’est pas, humainement parlant, celui de la facilité. Ce bonheur qu’il nous propose n’est pas synonyme d’absences de souffrances ou d’épreuves : « Heureux les affligés, car ils seront consolés… Heureux êtes vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi »… St Paul en témoignera : suivre le Christ est loin d’être évident tous les jours … Renoncer au péché et à tous ses attraits est pour un pécheur un rude combat. Il s’agit de planter la croix au plus profond de son cœur pour renoncer, avec la grâce de Dieu, « à l’attraction des plaisirs fugaces confondus avec le bonheur », « à l’illusion de l’argent » et à celle de « penser pouvoir se suffire à soi-même » (Pape François). Ce renoncement accepté, supporté avec patience est cependant l’unique porte qui, en vérité, ouvre au vrai bonheur… Il s’agit en effet de mourir avec le Christ à tout ce qui nous replie ou nous ramène à nous-mêmes, pour nous ouvrir, toujours avec lui, à l’Autre, aux autres… Alors, nous ne pourrons que constater avec St Paul que si « les souffrances endurées pour le Christ abondent pour nous, ainsi, par le Christ, abonde aussi notre consolation » (2Co 1,3-5).
Tel est le réel enjeu du carême… Non pas se mortifier pour se mortifier, non pas jeûner pour jeûner, ou durer dans la prière pour durer dans la prière… Toutes « ces humbles pratiques, ce culte des anges », écrit St Paul, ne sont que l’apanage de ceux qui sont « bouffis d’un vain orgueil » (Col 2,16-19) car finalement tout ceci les ramène encore à eux-mêmes… Le but est l’oubli de soi dans l’attention à l’Autre, à Dieu, et au même moment aux autres, à tous ceux et celles que nous croisons dans notre vie… Découvrir que « l’autre est mon frère »… C’est pourquoi le Pape François lance un appel bien « au-delà des confins de l’Eglise catholique, à vous tous hommes et femmes de bonne volonté, ouverts à l’écoute de Dieu »… Et si cette dernière expression pouvait être le leitmotiv de notre carême ? « Ouverts à l’écoute de Dieu »… Alors, dit-il encore, nous pourrons « revivre l’expérience des disciples d’Emmaüs : écouter la Parole du Seigneur et nous nourrir du pain eucharistique permettra à notre cœur de redevenir brûlant de foi, d’espérance et de charité ». Et tel est le vrai bonheur… « Tu mets dans mon cœur plus de joie, que toutes leurs vendanges et leurs moissons » (Ps 4)…
Prions. Dieu notre Père, tu veux donner à tout homme la Plénitude de ta Vie, pour qu’il trouve en toi la vraie joie, la vraie consolation… Nous t’en prions : que ton Esprit d’Amour et de Feu vienne embraser tous les cœurs de bonne volonté, pour qu’ils reconnaissent en toi ce Père des Miséricordes qui a envoyé son Fils Unique dans le monde comme médecin et sauveur des pécheurs… Que sa Lumière dissipe nos ténèbres et nous donne, à tous, de pouvoir marcher à sa suite vers la vie, vers ta Vie…
Diacre Jacques Fournier– Chemin de Carême– Jeudi 15 février 2018