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« Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi je trouve ma joie » dit le Père à Jésus.
Avec l’expression « en toi je trouve ma joie », St Marc fait allusion au prophète Isaïe, et plus précisément au premier verset du premier des quatre poèmes du « serviteur » : « Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme se complait. J’ai mis sur lui mon Esprit » (Is 42,1 ; cf. Is 42,1-7 ; 49,1‑7 ; 50,4-11 ; 52,13-53,12). Cette dernière précision est d’ailleurs un lien supplémentaire avec l’épisode du baptême, puisque cette phrase est dite par le Père au moment où l’Esprit descend sur Jésus, révélation d’un acte éternel, comme nous l’avons vu précédemment…
Jésus est donc « le serviteur du Père », et nous avons ici un trait essentiel de son Mystère. « Quand vous aurez élevé le Fils de l’Homme », sous entendu, sur la Croix, dit Jésus à ses adversaires, « alors vous saurez que « Je Suis » » (Nom divin révélé à Moïse en Ex 3,14), « et que je ne fais rien de moi-même » (Jn 8,28).
Jésus ne fait rien de lui-même ; l’initiative ne vient pas de lui : il regarde le Père, dans la foi vécue au sein d’une condition humaine totalement assumée, il écoute le Père, de tout cœur, il dit ce que le Père lui dit, il fait ce que le Père fait, en Serviteur du Père. « En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui même, qu’il ne le voie faire au Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu’il fait » (Jn 5,19-20). Xavier Léon Dufour écrit : nous avons ici le « dévoilement du mystère du Fils, en qui l’absolu d’une dépendance vécue à l’intérieur d’une relation d’amour s’avère dignité inconcevable… Le Fils ne peut donc rien faire de lui-même, rien sans regarder le Père… Ce n’est pas une protestation d’humilité ni un modèle d’obéissance, mais l’affirmation d’une impossibilité radicale… Il n’y a rien que le Fils puisse réaliser sans maintenir le regard fixé sur le Père ». Et Jésus ne cessera de le répéter : « Ce n’est pas de moi-même » (au sens de prendre l’initiative) « que j’ai parlé, mais le Père qui m’a envoyé m’a lui-même commandé que dire et de quoi parler ; et je sais que son commandement est vie éternelle. Ainsi donc ce dont je parle, tel que le Père me l’a dit j’en parle » (Jn 12,49-50). Et « ces grands miracles qui se font par ses mains » écrivait St Marc (Mc 6,2), Jésus en parlera en terme « d’œuvres de mon Père » (Jn 10,37). C’est ainsi que Jésus, est tout à la fois vrai Dieu et Seigneur Tout Puissant, et « doux et humble de cœur » (Mt 11,29), « le plus petit dans le Royaume des Cieux » (Mt 11,11).
Et c’est ce même Jésus, Serviteur du Père dans l’Amour, que l’on retrouvera en serviteur des hommes, aux pieds de ses disciples, pour les leur laver (Jn 13), accomplissant ainsi la volonté du Père. Servir Dieu, c’est servir l’homme. Aimer Dieu, c’est aimer l’homme. Travailler à la joie des hommes, c’est faire à la Joie de Dieu ! Or, « c’est un exemple que je vous ai donné », nous dit Jésus, « pour que vous fassiez vous aussi, comme moi j’ai fait pour vous. Sachant cela, heureux êtes-vous si vous le faites… En effet, je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 13,15-17 ; 15,11).
Toute l’équipe de « jevismafoi.com » a essayé de vivre cette retraite d’Avent dans cet esprit de service, de gratuité, désirant partager avec vous ce Meilleur qu’elle a découvert en Jésus Christ, un Meilleur d’Amour, de Patience et de Miséricorde, grâce auquel un Chemin d’Espérance et de Vie peut toujours s’ouvrir au plus profond des cœurs, et cela surtout aux heures les plus sombres… L’actualité, hélas, ne cesse de nous en donner de dramatiques exemples… Le Christ innocent, injustement accusé, mourant en croix au milieu de deux hommes dont nul n’avait eu pitié, disait en silence : « Je suis tout homme écrasé, tout homme persécuté, tout homme assassiné… Je suis Charlie »…
Chemin de Noël – Dimanche 11 janvier 2014 – Diacre Jacques Fournier.