Nous avons vu dans notre retraite précédente que l’un des aspects du carême est de se réconcilier avec le temps, de se l’approprier au lieu de le subir.  Après avoir pris conscience de notre pauvreté nous voyons que notre vie sans Dieu n’aboutit à rien. Ce dépouillement de tout ce qui nous alourdit, sans pour autant nous rendre plus heureux doit se poursuivre, c’est le but que nous poursuivons.

Lorsque nous nous retirons du monde, dans une chambre à la maison ou dans le silence de nos Eglises pour nous mettre en présence de Dieu, c’est que nous sommes conscients que Dieu est présent, sa parole nous le rappelle en Mt 6,6 « Pour toi, quand tu veux prier, entre dans ta chambre la plus retirée, verrouille ta porte et adresse ta prière à ton Père qui est là dans le secret. Et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. ». Dans ce moment d’intimité nous nous disposons à accueillir le don de Dieu, c’est-à-dire Dieu lui-même qui se donne comme à l’eucharistie. Et nous sommes invités à nous donner aussi à lui, aimer c’est tout donner et se donner soi-même disait Thérèse de Lisieux. Quand un homme et une femme s’aiment, ils se donnent mutuellement l’un à l’autre. La prière ne doit viser d’autre but que d’entrer et de rester en relation avec Dieu, et lorsque nous sommes en communion avec lui, il nous communique son Esprit Saint, pour faire des déserts arides de nos cœurs, un jardin de délices. L’Esprit de Dieu en nous ne chôme pas, il œuvre à l’extension du royaume des cieux en nous.

Mais comment rester avec Dieu alors que mon esprit est avec mon travail, ma famille, mes occupations ? Lorsque je tente de me mettre en prière j’ai milles pensées de distractions qui me viennent et finalement je me décourage et abandonne. C’est pour cela que le Christ a commencé son ministère public, après son baptême par quarante jours de prières et de jeûne.

En diminuant notre nourriture ou en modifiant notre alimentation, nous nous faisons pauvres devant Dieu, nous signifions ainsi notre désir de vivre des bien célestes « l’homme ne vivra pas que de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » Mt 4,4 nous appauvrissons notre âme, nous nous humilions devant Dieu, comme le peuple Hébreu lorsqu’il avait péché et revenait vers Dieu dans le jeûne et la supplication. Mais ne limitons pas notre jeûne à la nourriture, mais à tout ce qui encombre notre vie, nos dépendances qui nous rendent esclaves.

La prière engage tout notre être, notre corps, notre âme et notre esprit, mais au fond de nous, nous dit Saint Paul habite une force hostile qui est la chair qui s’oppose à l’Esprit, c’est le « moi » qui tente de nous dominer, qui nous conduit aux péchés et finalement nous éloigne de Dieu. Le jeûne vise à affaiblir la chair pour nous laisser conduire par l’Esprit de Dieu qui lui nous conduit à Dieu par la prière. Le fruit que nous recherchons à travers le jeûne, que nous demandons à Dieu, c’est la maîtrise de soi.

Si nous sommes maitres de nous-même, c’est-à-dire que nous obéissons à l’Esprit de Dieu, nous n’obéirons pas à nos pulsions, nos penchants mauvais et alors nous serons vraiment libres. Nous pourrions dire à ce moment-là que nous sommes des hommes et des femmes selon la volonté de Dieu qui nous veut libres dominant le mal qui nous habite, nous serions à ce moment des spirituels, en constante relation avec Dieu et recueillant à chaque instant sa grâce.

Prions : Accueille favorablement notre sacrifice, nos prières et nos jeûnes, en ce temps ou déjà resplendit sur nous la lumière de pâques. Accorde à chacun la grâce de la maîtrise de soi, pour que nous soyons libres, affranchis du pouvoir de la Chair, pour que notre vie soit louange et action de grâce.

Fabrice Patsoumoudou, Laïc

Chemin de Carème, Vendredi 20 Février 2015
Montage vidéo : Jean Marie Vitry