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Jésus disait cette parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient tous les autres : Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, l’autre publicain. Le pharisien se tenait là et priait en lui-même : ‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes’ … Le publicain, lui, se tenait à distance … il se frappait la poitrine en disant : ‘Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis’.
Il arrive parfois de se faire valoir et de trop parler, voire de mépriser, même en ayant la foi. C’est le piège du profil hyper-narcissique. Cela peut traduire une difficulté à se connaître soi-même et découvrir sa condition de publicain pécheur, celle de l’Evangile d’aujourd’hui. Le second homme reste discret, il exprime sa faim de l’amour de Dieu : Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis. Une autre parole de Jésus résonne alors en écho : « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice » (Mt 5, 6).
Foi, discrétion, soif de miséricorde : ces mots clés de l’Evangile du jour trouvent une application remarquable à travers un événement international récent dont les coulisses sont inconnues du grand public : le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats-Unis grâce à l’action discrète du Vatican.
Rappelons le contexte politique. Depuis les années 50, ces deux pays vivaient une violente guerre froide. D’un côté les Etats-Unis avec leur système dit capitaliste, ou impérialiste pour certains. De l’autre, la grande île de Cuba, sous régime communiste, une dictature pour d’autres. Cette situation a par exemple entraîné un embargo économique américain depuis 50 ans, un afflux de réfugiés cubains en Floride, la persécution de l’Eglise à Cuba, etc. A la grande surprise générale, le 17 décembre 2014, le monde entier a appris le rétablissement des relations entre les deux Etats, comme par magie. En réalité, le pape François et la diplomatie du Vatican ont œuvré discrètement et efficacement à cette « réconciliation » pendant plusieurs mois. Ont été engagés dans cette action : l’archevêque de La Havane (capitale de Cuba), des cardinaux dont l’ancien ambassadeur du Vatican à La Havane, l’archevêque de Boston (Etats-Unis), des proches collaborateurs des deux chefs d’Etat Barack Obama et Raùl Castro. Entre ces derniers, le pape a d’abord servi d’intermédiaire pour faire libérer des prisonniers retenus par chaque pays. Dans ce contexte, neuf rencontres secrètes au Canada ont été nécessaires pendant plus d’une année jusqu’à la fameuse date du 17 décembre dernier où le réchauffement entre La Havane et Washington a été annoncé.
Prions alors avec ces mots de St François d’Assise, patron de notre pape :
Seigneur, source de tout amour, faites-nous brûler de charité.
Là où il y a la haine, que nous annoncions l’amour ;
Là où il y a l’offense, que nous apportions le pardon.
Là où se trouve le doute, que nous réveillions la foi.
Là où se trouve la détresse, que nous ranimions l’espérance.
Là où se trouve la tristesse, que nous suscitions la joie.
Là où se trouvent les ténèbres, que nous répandions la lumière.
Père Pacsal CHANE TENG
Chemin de Carême, Samedi 14 Mars 2015