Prédication disponible en format audio.

Aujourd’hui, nous sommes en union avec notre évêque Mgr Aubry, les diacres, les prêtres et tous les fidèles qui se rassemblent pour la messe christmale à St- Louis. D’une part, les prêtres renouvelleront leur engagement sacerdotal devant notre évêque. D’autre part, Mgr bénira les huiles qui serviront pour les baptêmes, les ordinations, les malades et les catéchumènes. Elles seront parfumées avec l’huile essentielle de géranium.

Revenons à l’évangile du jour : depuis lundi, celui nous plonge directement dans la Passion, hier comme aujourd’hui avec la trahison de Judas. Les lignes suivantes sont inspirées de l’article du pape Benoît XVI, Jésus de Nazareth, De l’entrée à Jérusalem à la Résurrection, éd. Parole et Silence, 2012. Jésus est direct : il annonce qu’il va être trahi, et l’évangile livre les sentiments intérieurs des disciples. Tristesse et panique. La conduite de l’être humain peut être prévisible, mais non prédéterminée comme s’il y avait un destin. Il n’y a pas de destin. L’homme a reçu une liberté, et Judas l’a mal utilisée. Il aurait pu ne pas trahir. Mais le mystère de sa liberté l’a orienté sur la mauvaise voie que Jésus a perçue grâce à  son charisme de lire dans l’âme des personnes. Car c’est bien un charisme de Jésus : il repère ce que les autres ne voient pas, telle l’immense foi de la pauvre veuve qui met une petite pièce dans le trésor du temple (Mc 12, 41-44). Jésus a dû vivre la même tristesse que ses disciples car c’est dans le cercle intime de ceux qu’il a formés et aimés que surgit la trahison. « Rabbi, serait-ce moi ?… C’est toi qui l’as dit. »  Ainsi s’accomplit le psaume 41, 10 : « Mon meilleur ami, celui en qui j’avais confiance, avec qui je partageais mon pain, s’est tourné contre moi. » Judas a été tout à la fois maître de ses actes et sous l’influence d’une puissance qui le dépasse.

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Cependant, l’évangile ajout une dimension plus large animée par l’espérance : celle du contexte de la dernière Cène, qui n’est pas atteinte par la rupture de l’amitié.  En cette heure, Jésus glisse vers l’agonie, mais il prend sur lui toutes les trahisons et toutes les misères de tous les temps en se donnant totalement : il donne son Corps à manger, il lave les pieds de ses disciples afin que l’Amour puisse avoir le dernier mot. C’est la rémission (ou ‘pardon’) des péchés. Judas comme traître incarne l’exemple type de la désobéissance à Dieu. Avec Jésus jaillit l’Alliance nouvelle et éternelle qui assume dans son groupe d’amis et jusqu’à la mort toute désobéissance humaine, afin de la surmonter et la vaincre pour nous.

Dieu fait homme affronte ainsi personnellement ce mystère du mal car les hommes ne sont pas capables de l’éliminer totalement par eux-mêmes. Dieu s’en charge maintenant, mais avec une méthode qui nous déroute : c’est dans la faiblesse assumée de notre humanité que Jésus déploiera la puissance de Dieu. Hier comme aujourd’hui, le tsunami du mal ne peut donc rien contre l’amour infini du Christ.

Prions avec les paroles de St Paul (Rm 5, 20-21) :

« Là où la péché s’est multiplié, la grâce de Dieu a été bien plus abondante encore.

Ainsi, de même que le péché a manifesté son pouvoir de mort,

De même la grâce de Dieu manifeste son pouvoir salutaire

Pour nous conduire à la vie éternelle,

Par Jésus Christ, notre Seigneur. »

 

Père Pascal CHANE TENG – Chemin de Carême

Transcription audio : Père Pascal CHANE TENG