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Juste après son baptême par Jean-Baptiste, « Jésus, rempli d’Esprit Saint, revint du Jourdain, et il était mené par l’Esprit à travers le désert durant quarante jours, tenté par le diable », écrit St Luc (Lc 4,1-2).

Jésus vrai homme est l’exemple parfait de ce que tout homme est appelé à devenir. Bien sûr, nous rajoutons pour nous « dans notre condition de créatures », car Jésus, Lui, est une Personne divine qui existe de toute éternité et qui, à un instant du temps, s’est fait chair de la Vierge Marie. Son but ? Nous rejoindre, se faire encore plus proche, jusques dans notre chair, et vivre ainsi notre vie, connaissant nos épreuves et nos souffrances, pour nous montrer ainsi, en le vivant lui-même, le chemin qui mène, à sa suite, vers la Plénitude de la Vie éternelle (Jn 14,6)…

Cet agir de Dieu valorise résolument notre condition de chair et de sang. Dieu s’est fait homme, en la Personne du Fils ! Et il nous révèle notre vocation : Dieu nous a tous « prédestinés », écrit St Paul, « à reproduire l’image du Fils, afin qu’il soit l’aîné d’une multitude de frères. » Et c’est Dieu Lui-même, si nous acceptons de tout remettre en sa main, qui fera en sorte que cette vocation s’accomplisse pleinement : « Ceux qu’ils a prédestinés », poursuit-il, et répétons-nous cela est valable pour tout homme, quel qu’il soit, où qu’il soit, « il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés » (Rm 8,28-30). Tout ceci se réalise par le Don gratuit de l’Esprit Saint. Il suffit de consentir à le recevoir en se tournant vers Dieu de tout cœur : « Vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés par le Nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de notre Dieu » (1Co 6,11). Et nous serons tous « glorifiés » dans ce même mouvement d’accueil, si nous acceptons de recevoir encore et encore le Don de Dieu, « l’Esprit de Dieu, l’Esprit de Gloire » (1P 4,14), l’Esprit qui glorifie…

Cet Esprit habite déjà le cœur de tout homme par le simple fait qu’il a été créé « esprit » par ce « Dieu » qui « est Esprit » (Jn 4,14). Notre esprit, le tréfonds de notre être, participe donc déjà à toutes ces richesses de Dieu qui, en Lui, constitue son Être, un Être tout à la fois infiniment riche et infiniment simple… Il importe donc d’abord de prendre conscience du trésor que nous sommes tous, et cela par le simple fait que nous existons… Notre « esprit » participe à « l’Esprit » de Dieu… Or, si « Dieu Est Esprit » (Jn 4,24), Il Est aussi « Lumière » (1Jn 1,5), et, nous dit St Jean, « la Lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (1Jn 1,4-5). Le tréfonds de nous-mêmes est donc inaccessible, par nature, aux ténèbres, au Prince des ténèbres… En avons-nous conscience ? St Jean de la Croix écrit : « C’est dans la substance de l’âme », notre « esprit », le tréfonds de notre être, « là où le sens et le démon ne peuvent pénétrer, que le saint Esprit célèbre la fête de l’Amour »…

Lorsque la tentation ou l’épreuve surviennent, il faudrait donc que nous ayons le réflexe, le plus rapidement possible, du recueillement et de la prière, une attitude qui est déjà un « chercher refuge » dans notre « forteresse intérieure »… Ste Thérèse de Lisieux déclarait : « Je m’arrange, même au milieu de la tempête, de façon à me conserver bien en paix au dedans… Mon cœur est plein de la volonté du bon Dieu, aussi, quand on verse quelque chose par-dessus, cela ne pénètre pas à l’intérieur ; c’est un rien qui glisse facilement, comme l’huile qui ne peut se mélanger avec l’eau. Je reste toujours au fond dans une paix profonde que rien ne peut troubler »…

Mais nous l’avons constaté avec elle : rejoindre en vérité notre « forteresse intérieure », c’est au même moment avoir « son cœur plein de la volonté du bon Dieu », ce qui revient à se tourner vers Lui de tout cœur en nous ouvrant à Lui, avec le désir de lui obéir, ce qui n’est possible qu’avec sa grâce et son soutien… Un cœur fermé à Dieu est donc plongé dans les ténèbres… Son trésor reste enfoui, comme inaccessible, et là, le Prince des Ténèbres a « pouvoir » sur ces ténèbres… Autrement dit, c’est en ouvrant son cœur à Dieu que l’on découvre tous les trésors qui y étaient déjà enfouis… Et au même moment, on prend conscience de cette « atmosphère intérieure » de Lumière « où le démon ne peut pénétrer »…

Mais le combat spirituel est à certains jours redoutable, et nous menons ce combat en pécheurs, marqués par la faiblesse et la possibilité de consentir au mal avec une facilité déconcertante… Nos blessures sont telles, que « se battre en duel » contre les tentations, en se tournant vers elles, en voulant les affronter, est déjà, pour Ste Thérèse de Lisieux, « une lâcheté », car toute une part de nous-mêmes leur a déjà dit « oui »… L’issue est donc inéluctable… Aussi, écrit-elle, « à chaque nouvelle occasion de combat, lorsque mon ennemi vient me provoquer, je me conduis en brave, sachant que c’est une lâcheté de se battre en duel, je tourne le dos à mon adversaire sans daigner le regarder en face ; mais je cours vers mon Jésus, et je Lui dis être prête à verser jusqu’à la dernière goutte de mon sang pour confesser qu’il y a un Ciel ».

 

Prions : Seigneur Jésus, dans toutes nos épreuves, nos combats, nos tentations, donne-nous de faire comme toi au désert lorsque tu étais tenté par le diable : nous tourner le plus vite possible vers le Père, fuir dans ses bras, pour lui redire encore et encore qu’il a la première place dans nos cœurs et dans nos vies… Que nous sachions compter sur Lui pour que sa Lumière chasse toutes nos ténèbres… Et s’il nous arrive de défaillir, Toi qui reste fidèle lorsque nous sommes infidèles (2Tm 2,13), que ta Miséricorde Toute Puissante (Lc 1,49-50) finisse toujours par remporter en nous sa Victoire…

Diacre Jacques Fournier