Prédication disponible en format audio.
Lectures du jour: Gn 17, 3-9, Ps 104 , 4-5, 6-7, 8-9, Jn 8, 51-59)
Si une émission de télé devait choisir quelqu’un pour être le Père d’une multitude, j’imagine qu’il serait sans doute fort et en pleine santé, beau garçon, ayant fait un minimum d’études (quoique..). Et bien non: D’une part Dieu ne choisit pas ainsi: Il choisit Abram qui devient Abraham.
D’autre part, peut-être ai-je des préjugés sur les hommes de notre temps.
Aujourd’hui, à 40 ans, il n’est plus l’heure d’avoir des enfants. Sauf si on n’en n’a toujours pas et que le vertige de ne jamais en avoir est trop grand. Mais quels sont donc les désirs qui habitent au plus profond du cœur de l’homme ?
Et qui a raison ? Dieu bien sûr mais n’allez pas croire que l’homme est nécessairement si loin de Dieu que cela (et surtout l’inverse). Le désir de l’homme et le fonctionnement de son corps introduisent à la réalité spirituelle. Ils soupirent vers la réalité spirituelle.
Sainte Hildegarde de Bingen, la plus récente docteur de l’Eglise qui est bien connue pour ses apports en remèdes naturels n’a pas été mise en avant par l’Eglise à travers Benoit XVI pour ces seuls apports en terme de santé physique. Elle ordonne toujours la santé physique à la santé spirituelle. Tout procède par purification et par une bonne alimentation. Il faut faire sortir le vicié et fortifier. Cela nous rappelle le jeûne et la prière. La santé physique est dans la même ligne que la santé spirituelle.
Aussi, comme pour le domaine du physique, dans notre vie spirituelle, nous sommes prêts à prendre des médicaments: que puis-je consommer ou faire pour aller bien ? Mais nous sommes naturellement peu enclins à être purifiés par un régime ou une bonne saignée bien préparée, sur la bonne veine en fonction de la tendance principale de notre corps, et par un jeûne, par un arrêt de mauvaises habitudes de consommation ou de vie. (On choisit une des trois veines principales du bras pour les saignées au bras en fonction du besoin premier de purification et fortification, le foie, la tête…)
Telle est la pénitence que notre corps autant que notre âme demande. Alors notre désir profond retrouvera l’unité avec nos désirs plus superficiels qui seront réorientés vers la vie, vers le donateur de vie. Arrêter les fraises et manger de l’épeautre. Arrêter l’ordinateur et prier.
Abraham acceptera cette purification terrible dans sa relation à Dieu le Père, comme nous l’avons vu hier en acceptant d’envisager de sacrifier son unique fils. Son âme sera l’âme la plus en santé de l’histoire de l’humanité et le corps suivra même s’il est vieux: il saura exulter pour Dieu.
L’empreinte de la mort dans nos vies, nous fait fermer la porte à la Vie. « Tu n’as pas 50 ans, tu ne peux pas savoir ». Nous n’avons pas assez la foi dans la vie et refusons Dieu et la Bonne Nouvelle.
Pourtant si le jeune homme amoureux fait un sacrifice irréfléchi pour offrir une belle bague à sa bien-aimée, Dieu qui aime sans mesure choisira le plus bel Agneau pour rétablir le lien entre Dieu et l’homme. Le rétablissement de la progression entre les deux partis passera par l’acceptation des règles religieuses inscrites dans le cœur de l’Homme et dans l’histoire de l’Homme, (c’est là la bonne alimentation spirituelle), et par la pénitence acceptée qui purifie l’âme et libère le corps. L’âme a besoin de retrouver son primat sur le corps; En elle, se trouve le désir de Dieu, comme dans le cœur de Dieu se trouve le désir de l’Homme. Cet ordre a besoin d’être rétabli malgré l’empreinte croissante de la mort dans nos vies quand le temps passe. Dans l’histoire de notre civilisation, on peut voir que c’est aussi le cas.
Continuons à désirer la santé du corps. Mais ce désir non ordonné à Dieu, n’est que narcissisme fermé à la vie, narcissisme personnel ou civilisationnel. Heureusement, il n’y a pas que la liturgie qui nous invite au jeûne et à la purification mais également l’histoire de chacun et de l’humanité, car Dieu y est toujours amoureusement présent plus encore que terriblement négligé.
Prions:
Seigneur. Fais l’unité en moi, entre mes désirs superficiels et mon désir profond.
Donne-moi la foi dans la vie.
Donne-moi de regarder et contempler Abraham mais aussi Marie comme modèles de foi;
Que ton sang précieux me purifie dans tout ce que je vis, pour ta gloire et le salut du monde, pour ma famille et le monde dans lequel je vis.
Richard Clause, laïc.